AMENRA @ GAITE LYRIQUE – 13/01/2018

Ce soir c’est un moment particulier, attendu depuis longtemps. On y pense depuis quelques jours, on le redoute, on s’impatiente ou bien on a peur…. Cette dernière est si difficile à comprendre pour certains car un concert ne peut être qu’un bon moment mais quand on assiste à un live d’Amenra c’est au delà du simple concert qu’il faut placer ce moment. On a tout simplement peur de ce flot d’ émotions qui risquent de ressurgir par l’appel de cette musique si particulière et inégalée. Surtout que le cadre s’y prête pour vivre un moment si particulier. Une Gaité Lyrique sold out en quelques temps qui accueille ces artistes de la beauté musicale à la flamande. Une belle oeuvre architecturale pour une oeuvre musicale, la rencontre des Arts. Avec un Mass VI délicat et dur à la fois, les belges continuent de créer cette Oeuvre intense qu’est la leur.


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C’est NNRA qui se voit le privilège (même la chance) d’ouvrir la cérémonie. Les français ne sont pas à leur premier coup, ayant pu voir une de leurs premières apparitions aux doomed gatherings en 2016 dans un Glazart exigu, ce soir c’est un autre registre et ils ont l’espace adéquat pour pouvoir s’exprimer au mieux étant donné les nombreux musiciens qui composent la formation. C’est derrière un écran en devant de scène que le groupe se cachera, laissant leur univers visuel s’exprimer avec ces animations mystérieuses et hypnotisantes tel un métronome, se répétant… Pas de grand huit émotionnel ou de chute libre dans l’ombre mais plutôt un post rock aux machines à la fois froid, beau et énigmatique. Quelque chose d’intriguant se passe à travers l’expérience NNRA, une musique inquiétante et attirante qui se veut maîtrisée à travers un set sans fausse note. Pas de répit, ni de coupures. Le set de NNRA est à prendre en son entier d’une boucle. La musique emprunte des chemins plus saturés dans les guitares ou bien plus glacés mais ne perd jamais le spectateur si ce n’est dans une atmosphère brumeuse et au delà de Paris. Nous sommes dans un monde futuriste entre l’inquiétant Lynch et le brumeux Ridley Scott. NNRA réussit ce soir son pari car ouvrir pour un groupe comme Amenra ce n’était pas gagné d’avance. Mais le public s’est laissé subjuguer par cette lumière blanche et cet appel. Avec cette présence scénique forte et son univers, le groupe apporte un nouvel atout à cette scène française alternative des plus inventives.

Une attente qui semble une éternité, une bannière qu’on installe sur les coursives de cette salle de la Gaité, le tripod qui se dévoile et l’ambiance qui se change en un court instant. On peut en parler des heures d’Amenra et on l’a déjà fait par le passé. Le public de ce soir le sait, entre effet de mode et de curiosité pour certains ( les réflexions incultes de certains le confirment) et une fan base présente depuis le début et dont les rangs s’agrandissent depuis quelques années pour ainsi offrir un bel écrin à la hauteur de l’expression live de cette musique. La salle est remplie depuis des mois pour une bonne raison. Amenra est à part dans la scène musicale, une création et une vision d’une musique qui se veut vivante et complète dans sa lumière comme dans son ombre. Le tripode qui trône fièrement sur cet écran qui prend toute la scène donne des allures de cérémonie en honneur de je ne sais quel dieu païen. Mais que les profanes n’aient aucune crainte, ce soir on fait juste honneur à la vie dans sa joie et sa douleur. Ce soir on est vivant, on ressent.

Un son sourd et ces notes métalliques appellent le silence, l’intro de « Boden » résonne dans une salle devenue cathédrale, un Colin traditionnellement de dos, agenouillé, en position de repenti.

Fidèle à ces projections en noir et blanc, sobres et puissantes à la fois. La nature dans son mouvement continu, la vie, la création et la destruction. Les vidéos projetées sont comme liées à la musique et tout fait sens, ces éléments font partie d’un tout, d’une expression totale.

La violence et la douleur de « Plus Près De Toi » déstabilisent et rompent cette armure pour toucher au plus près de l’âme. Amenra c’est au dela de cette souffrance destructrice, la barrière entre l’ombre et la lumière disparait et les passages de ce Mass VI font l’effet d’un réel électrochoc sur scène. La sensibilité est à vif et l’émotion encore plus intense. Quand « Razoreater » souffle une réelle tempête et fait démonstration d’une réelle violence magnifiée par un son et une lumière exceptionnelle, et bien “Children Of The Eye » bouleverse. Alors que « A Solitary Reign” était attendu, seul sa vidéo sera projetée mais le public aura droit à une set list intense et sans compromis. « Nowena » fera trembler la salle avec Levy reprenant les parties de Scott Kelly. On est malmenés par ces décharges électriques balancées par chaque titre. Violence, joie et peine, l’ascenseur émotionnel est dans un vrai typhon.

Colin, comme à son habitude,  presque continuellement de dos, porte les stigmates de cette ombre dont il se nourrit, le visage marqué, la voix chargée en douleur ou d’un seul instant s’illumine d’une beauté et d’une douceur apaisante. En un quart de tour, la lumière balaie les ombres et au fond de cette noirceur on ne peut qu’entrevoir la magnificence. Chaque titre déclenche une vague inattendue, une sensation qu’on ne croyait ou ne voulait plus ressentir, un moment de joie ou une douleur enfouie au plus profond. « Aorte. Nous Sommes du Même Sang » c’est cette plongée dans l’ombre. La lourdeur de la musique d’Amenra ne l’empêche pas d’avoir cette lumière fragile qui se cache au fond de l’obscurité.  La violence n’est qu’un réponse à un état de l’être et cette musique l’exprime au mieux.

Quand les notes de « Diaken” résonnent on sait que la fin risque d’être déchirante et majestueuse tel un réveil des profondeurs des limbes. A vif, abandonné en suspend, le corps et l’âme exposés sans protections chutent dans ce final à l’image de ce « set ». Profond, intense, rare. Dur est le réveil, bouleversé par ce retour au « réel ».

Le lien qui nous unit à la musique est toujours insaisissable mais ce soir l’expérience aura été des plus intenses et bouleversantes dans ces émotions les plus extrêmes. La lumière ne serait rien sans l’obscurité et ce soir Amenra a fait des deux son royaume. Mes mots ne sont rien comparés à cet instant vécu ce soir et la réalité est bien loin. L’oeuvre d’Amenra est de  rendre la musique aussi intense que ces moments qui font que nous sommes vivants. Et avec ce soir, ils nous ont rendu encore plus vivants.

 
 
BODEN
PLUS PRES DE TOI
RAZOREATER
CHILDREN OF THE EYE
NOWENA
AORTE.NOUS SOMMES DU MEME SANG
TERZIELE
AM KREUZE
DIAKEN
 
Texte: Anthony

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