Rencontre avec Tommy Vext (Bad Wolves)

Lors du passage à Paris de ses potes de 5 Finger Death Punch, nous avons eu la chance de rencontrer Tommy Vext, venu spécialement pour nous parler de son nouveau groupe Bad Wolves

The Unchained : Pour ceux et celles qui ne connaîtraient pas encore Bad Wolves, pourriez décrire le groupe ?

Tommy Vext : C’est un groupe de métal moderne qui a pas mal d’aspects progressifs mais a aussi de vrais structures de chanson. Il y a beaucoup de mélodies dans les guitares ce qui me donne, en tant que chanteur mélodique, beaucoup d’espace pour les harmonisations. Et à un moment, on devient très abrasif, ce qui fait qu’on passe d’une chanson que ta copine pourrait kiffer à une chanson qu’un tueur à la hache pourrait aimer…

The Unchained : Et des fois ça peut être une seule et même personne ! (rires)

Tommy Vext : C’est vrai je suis sortie avec quelques nanas comme ça (rires). Peut-être que je suis en train de réaliser d’où vient l’inspiration de ces chansons. C’est beau et brutal. Quand John (Boeklin, batteur du groupe et principal compositeur) a commencé à écrire la musique, il a exprimé le fait qu’il avait envie de faire quelque chose de différent de ce qu’on avait vu sur la scène métal depuis 8/9 ans. Il voulait briser les règles. Moi j’ai joué dans des groupes de métalcore, de punk, de hardcore etc, et avec ce groupe j’ai eu l’impression que tous ces précédents groupes n’étaient qu’en fait de l’entraînement pour finalement arrivé à Bad Wolves. Le groupe m’a vraiment poussé à être un meilleur chanteur, simplement en étant d’incroyables musiciens. Ce disque pour moi est un peu un florilège de tous les groupes que j’adore comme Tool, Meshuggah, Muse, Slipknot, Rage Against The Machine, Pantera, Metallica, System Of A Down et encore pleins d’autres. Sur ce disque il y a des techniques vocales que je me suis mis à expérimenter qui sont plus du genre de Bustah Rhymes ou Notorious B.I.G.

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The Unchained : En gros, l’idée est de casser les frontières entre les genres et de simplement prendre ce que tu kiffes et de les mixer ensemble…

Tommy Vext : C’est ce que j’avais envie de faire en effet. Il y a peu de chanteurs qui sont capables de faire ça. Bon c’est vrai, il y a Dieu, Mike Patton. Je pense que secrètement tous les chanteurs du monde rêves de pouvoir fare ce que fait Mike Patton. Le groupe m’a donné l’opportunité de m’exprimer d’une manière dont je n’avais pas l’habitude et ça c’est super intéressant. Après c’est compliqué de décrire Bad Wolves d’un trait, parce que là on vient de parler du côté sonore. Au niveau des paroles, c’est un album dangereux. Chaque chanson a un sens. Aux USA en ce moment il y a un climat politico-social-économique qu’on a pas vu depuis longtemps et qui divise les gens et ajoute à la tension ambiante. C’est au centre de chaque conversation et du coup se retrouve aussi dans chacune des chansons de l’album. Même avec une chanson que ne semble QUE parler de relation amoureuse, en fait ça couvre comment les réseaux sociaux et les sites de rencontres au transfigurer comment les gens voient les relations de nos jours. Il y a une chanson qui traite des brutalités policières et cette vision binaire qu’on impose aux citoyens. Ils doivent choisir un camp sans comprendre toutes les situations. Je suis métisse, je ne sais pas si ça en est la raison mais j’ai toujours vu les choses des deux côtés. On pourrait raconter exactement la même histoire aux différents côtés et ils en tireraient des conclusions opposés, ce qui les amène à se voir comme différents alors que ce n’est pas du tout le cas. Et la musique a un rôle à jouer. Durant la guerre du Vietnam, ce sont les artistes qui ont rassemblé les gens pour qu’ils disent d’une seule voix que ça n’allait pas du tout. On manque d’artiste comme ça de nos jours. L’album s’est un peu fait tout seul, je ne me suis posé à mon bureau en me disant : « J’ai envie de parler de trucs politisé ! ». La musique m’a inspiré à parler de ces choses là, c’était une progression naturelle. Maintenant quand je regarde l’album, je me dis que c’est une putain de déclaration ! Que peu importe les idées que vous avez, on a beaucoup plus en commun que l’on veut nous faire croire, il faut qu’on arrête d’avoir peur l’un de l’autre. Aussi cet album soulève la question : « A qui profite financièrement le fait que les citoyens soient divisés comme ça ? ». Ces deux messages résument bien ce qu’on a voulu faire avec le premier album de Bad Wolves

The Unchained : Quand on regarde des groupes comme Prophets Of Rage ou Anti-Flag, il semble que la politique semble de plus en plus au cœur de la scène, est ce que vous le ressentez… ?

Tommy Vext : En dehors de ces groupes là ou de System Of A Down je ne l’ai pas vraiment ressenti. Les nouveaux artistes ont peur de parler politique parce qu’ils ont peur de ruiner leur carrière et/ou de s’aliéner une partie de leur publique. Mais même à l’intérieur de Bad Wolves nous avons des débats. Doc (Coyle, guitariste du groupe), qui est mon meilleur ami depuis environs 15 ans, et moi avons des idées politiques complètement opposé, mais on s’aime et se respecte alors tout va bien.

The Unhained : Il y a eu un premier single, Learn to live, et l’album prévu pour Mars. A t’il déjà un nom… ?

Tommy Vext : Oui il s’appelle “False Flag”

The Unchained : Vous parliez d’une chanson qui traite des réseaux sociaux, comment les utiliser vous… ?

Tommy Vext : Certains artistes détestent ça, moi ça ne me dérange pas, je suis présent sur les réseaux sociaux. Pour moi en tant artiste, les réseaux sociaux ont été bénéfique dans le sens où pendant toutes ces années où je n’étais pas signé, ils m’ont permis quand même de partager ma musique et faire grandir une communauté de fans. C’est un outil ultra utile pour tout ce qui est business. Je dirais aussi que l’un des aspects les plus gratifiant est la correspondance avec les fans. Je ne les considèrent même pas comme des fans mais comme des gens qui, comme moi, aiment la musique. Quand ils attachent un événement à une de mes chansons ou que l’une d’entres elles leur donnent de l’inspiration et qu’ils prennent le temps de m’écrire pour me raconter ce qu’ils ont traversé et comment cette chanson les aidait, c’est le cœur du truc mec !! Sans les réseaux sociaux, j’aurais toujours fait de la musique mais je ne l’aurais peut être jamais sorti. Ce sont leurs réponses et témoignages qui me font avancer. Quand ils me disent : « Tu m’as aidé », je sais que ce que je fais est juste et que je suis prêt à mourir pour ça…

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The Unchained : En préparant cette interview, je suis tombé sur Youtube sur une interview que vous avez donné pour la fondation YouRock. Pensez-vous nous en dire un peu plus ?

Tommy Vext : C’est une campagne anti-suicide. Ils ont réussi à avoir pas mal de gros noms comme les chanteurs de The Butcher babies, Randy de Lamb of god, Corey Taylor, Jonathan Davis de Korn et plusieurs autres. Ca parle de dépression, ce sont des témoignages. Mon témoignage parlant d’une époque de ma vie et j’étais très suicidaire. J’ai un frère jumeau et il a failli me tuer. Il était retombé dans la dope et il m’a frappé avec un pied de biche. Il m’a brisé la crâne et a continué à me taper dessus jusqu’à ce que je sois presque mort. Mais ce n’étais pas le plus dure. Pour moi le plus dure fût de porter plainte et de faire enfermer mon frère jumeau parce que je savais que s’il n’était pas enfermé, il continuerait ce cycle et ça ne pourrait que mal finir. Cela m’a mis dans un état suicidaire, parce que même si je savais que j’avais raison de faire cela pour lui, étant mon frère jumeau le sentiment de culpabilité était exacerbé. J’ai perdu mon boulot, mon appart’ et ma copine. Jusqu’à ce que ma tentative de suicide soit « gâché ». J’étais sur le quai d’un métro à New York, le train arrivait j’étais prêt à sauter mais à ce moment mon téléphone sonne. C’était un numéro que je ne connaissais pas alors j’ai répondu. C’était un p’tit jeune que j’avais rencontré à travers de mes travaux communautaires. Il m’a dit qu’il venait de faire une overdose et qu’il avait besoin de mon aide. Du coup au lieu de sauter sous le train, je suis monté dans le train et je suis allé le voir. Depuis il a décroché, on est comme des frères maintenant. Chaque fois que je passe par New York on se voit. Maintenant il est à fond dans le MMA, il a un groupe et une copine génial. J’ai attendu des années avant de lui dire que quand il m’a appelé pour me demander de l’aide, en fait lui aussi m’a aidé. Voilà le témoignage que j’ai donné à la YouRock foundation. Depuis j’ai eu pas mal de gens assez proche qui m’ont écrit en me disant : « Mec je ne savais pas que t’avais vécu ça !! ». C’était un truc très personnel mais pour moi le message surpasse le privé. L’important est : « Est ce que mon expérience peut aider quelqu’un ». Si c’est le cas, ils ont le droit de savoir parce que le dépression te ment. Elle te dit que ce sera toujours comme ça mais ce n’est pas vrai !

The Unchained : Quelle est la suite pour Bad Wolves ?

Tommy Vext : Le mix final de la dernière chanson est arrivé aujourd’hui, l’artwork est presque fini. Une fois que l’album sort en Mars 2018 on part en tournée. Quelques festivals au printemps puis tournée américaine jusqu’à la fin de l’été. On essaye de venir en Europe vers Octobre. Voilà ce qui se passe pour nous en ce moment..

Bad Wolves sortira son premier album “False Flag” en Mars 2018
Propos recueilli par Ru5ty
Photos: Erwan Meritte

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