Batushka & guests @ Petit Bain (15/01/2018)

Ce soir, c’est sur l’incontournable péniche du Petit Bain dans le 13ème arrondissement de Paris que ça se passe. Les polonais de Batushka jouent à guichet fermé, ce qui témoigne de l’aura dont bénéficie actuellement ce groupe  de black metal à tendance religieuse.

Les hostilités démarrent de manière bruyante avec Trepaneringsritualen, le projet dark ambient de l’artiste suédois Thomas Ekelund. Originaire de Göteborg, ce dernier, doté d’un physique imposant, est seul sur scène et hurle des incantations à la manière d’un shaman sur une musique rituelle. Il s’agit du seul musicien qui ne joue pas à proprement parler de métal (ni même de rock) au cours de cette soirée mais plutôt de la musique industrielle, et ce même si son look évoque fortement  l’univers du black métal scandinave. En effet, barbu et chevelu, vêtu d’un gilet en cuir de biker et portant un collier d’ossements autour du cou, ce dernier semble tout droit sorti d’une formation de métal noir du Grand Nord européen. Par moments, il a le visage recouvert d’une cagoule. Ce n’est pas la première fois que j’assiste à un concert de Trepaneringsritualen. Je sais donc parfaitement à quoi m’attendre ! Cependant, je dois avouer que j’avais gardé un meilleur souvenir de ses précédentes prestations. Je ne sais pas à quoi c’est dû mais cette fois, je ne parviens pas à adhérer à la musique très particulière de Thomas Ekelund. Est-ce  la qualité plutôt médiocre du son ? Ou le fait que le seul et unique membre de ce « groupe » est on-ne-peut-plus statique sur scène ? Mystère. Toujours est-il que sa prestation scénique a tendance à m’ennuyer fortement au bout de cinq minutes, ce qui m’oblige à me réfugier en direction du bar.

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Dans la foulée, on enchaîne sur le set des suisses de Schammasch qui font leur entrée dans une fumée opaque évoquant la brume dans laquelle baignent les forêts scandinaves au petit matin. Formé en 2009, ce groupe originaire de la ville de Bâle joue un black métal atmosphérique et avant-gardiste dans la lignée de Deathspell Omega, Glorior Belli ou Blut Aus Nord. Son dernier disque, « Triangle », date de 2016. Je ne connaissais pas plus que ça le son des helvètes mais je dois reconnaître que leur musique n’est pas spécialement ma tasse de thé. Devrais-je dire plutôt mon verre de bière ? Le son me paraît plutôt faiblard, le chant presque inaudible. Je ne parviens pas à entrer dans leur univers bien particulier. Il en résulte le fait que je m’ennuie ferme au bout de deux titres, préférant me retrancher au fond de la salle.

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Vient enfin le clou de la soirée, à savoir les polaks de Batushka. Comme je l’ai déjà dit, le concert est complet et la grande majorité des métalleux présents dans la salle sont venus pour les voir. Il s’agit d’un groupe assez récent puisque formé en 2015 et ne possédant par conséquent qu’un seul LP à son actif : « Litourgiya » (Witching Hour Productions). Le groupe est enveloppé d’une certaine aura mystérieuse, ce qui est dû essentiellement à l’anonymat dont jouissent ses membres qui préfèrent cacher leurs visages derrière leurs robes de moines orthodoxes. D’ailleurs, le groupe joue principalement sur le registre religieux à la manière des tchèques de Cult of Fire qui puisent eux leur inspiration dans l’hindouisme.

batushka 3La scène a été aménagée de telle sorte  que l’on ait l’impression d’assister en direct à une messe orthodoxe avec moult icônes, candélabres et plusieurs petits autels recouverts de chasubles. Au dessus de la scène trône un portrait de la vierge Marie en larmes. Incontestablement, le décorum chrétien  fait partie intégrante de leur univers. Leur comportement sur scène semble même répondre à une forme de liturgie bien précise et codifiée. Enfin, la salle baigne dans une épaisse odeur d’encens, ce qui renforce la dimension mystique du concert. Sur le côté de la scène, trois personnages encapuchonnés qui semblent sortir d’un monastère perché dans les hauteurs des Carpates attendent, immobiles et silencieux. Leur présence même est énigmatique puisqu’ils ne jouent d’aucun instrument. Leurs robes portent des motifs brodés et des inscriptions en cyrillique dans la plus pure tradition orthodoxe. Cela n’a d’ailleurs pas plu à une poignée d’intégristes chrétiens lors de leur première tournée en 2016 puisqu’ils ont même réussi à faire annuler plusieurs de leurs dates en Russie, estimant sans doute qu’ils tournaient en dérision les rites orthodoxes (1). Pendant toute la durée du set, le groupe enchaîne dans l’ordre les morceaux de leur album non sans un certain brio. Leur black metal est plutôt basique et traditionnel mais teinté de musique religieuse avec quelques chants grégoriens ici ou là.

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Aux alentours de 23 heures, les moines lugubres tirent leur révérence. Au final, heureusement que Batushka était là pour relever le niveau et me tirer de la torpeur dans laquelle m’avaient plongé les deux premiers groupes de la soirée !

Merci à Garmonbozia pour mon accréditation et l’organisation de cette date !

1 : http://www.metalstorm.net/events/news_comments.php?news_id=29035

Texte : Mathieu

Photos : Aurélia

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