[ Déchronique ] Avatar Country – Avatar

Il faut qu’on parle.
 

Tu connais Avatar ? Nan, pas le truc avec les géants tout bleus qui font des trucs chelous avec leur queue. Nan, pas non plus l’image profil JPEG de 15 pixels de côté qui te servait sur ICQ et les forums internet dans ta prime jeunesse, avant l’invention de Facebook. Pardon ? Ca te dit rien parce que tu es trop jeune ? Accroche toi Adibou, c’est pas fini…


Je te parle d’Avatar, le groupe. Celui avec un chanteur déguisé comme Alice Cooper, mais plus grand, plus jeune, plus suédois et plus vegan.

Alors on va poser tout de suite le tofu sur la table ; j’aime beaucoup Avatar. Pourtant, ce n’était pas gagné ; il a fallu les voir en concert un peu par hasard pour que la magie opère. J’ai vérifié, The Unchained n’a jamais trop abordé le sujet, on rattrapera ça un autre jour, c’est promis. Après tout, conquérir les foules alors qu’on porte des chaussettes rouges à pompons, ce n’est pas donné à tout le monde, et ça méritera un autre article.

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Pour l’instant, concentrons-nous sur Avatar Country, septième opus du groupe, qui sort ce 12 janvier.
Il était une fois un album. Un du genre livré avec un livre dont on tourne les pages quand sonne la petite clochette. Ou presque.

Comme on vivait dans un pays moderne, l’album, envoyé par les moyens disponibles, se composait de MP3 sans clochette, sans livre, mais tout de même avec un PDF expliquant l’Histoire. Prenant ma plus belle voix de Marlène Jobert, je vais tâcher de te raconter tout ça.

(Si tu n’as pas non plus compris ce paragraphe, tu es vraiment trop jeune. Ou je suis trop vieille. Déjà. Monde de merde.)

 

Il était une fois un groupe qui surnommait son guitariste-fondateur Kungen, soit “le Roi”. Ce groupe s’appelait Avatar et aimait les contes, tout en ne comptant ni marâtre, ni haricot magique, ni soulier perdu, ni princesse endormie, ni animaux qui parlent. C’est presque dommage, parce que j’aurais été curieuse de voir ça. Mais revenons plutôt à nos monarchistes.

Il était une fois, donc, un pays stérile et froid, jusqu’à ce que Kungen ne se pointe, “hache à six cordes” sur le dos. (C’est beau hein ? Beau comme du Bon Jovi, au moins.) Passons rapidement sur le PDF enchanté, mais il y est question d’un coup de hache qui appelle le son du tonnerre, redonne vie au pays, et de Kungen qui en devient le leader à grands coups de metal dans la gueule du froid et de la sécheresse. Notons que le Roi règne ensuite sur des Citoyens (et non des sujets, #PointVocabulaire) qui l’adorent et l’adulent puisqu’il joue du metal. Ca, tu me diras, c’est normal.

Avatar Country (le disque) raconte donc la légende d’Avatar Country (le royaume). Ca va, tu suis ? Tu trouves que c’est long ? Sache que le PDF fait 3 pages et que ce n’était qu’une mise en jambe, maintenant on va parler musique.
 
Alors qu’est-ce qu’on retient d’Avatar Country ? Déjà, la pochette est splendide. Regarde moi ça :
 
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Ensuite, au menu, on a 10 pistes pour un total de 43 minutes. Dont une intro, un discours et deux morceaux instrumentaux.

Si tu suis l’actu du groupe, tu auras probablement déjà vu ou entendu les deux premiers extraits sortis avant le reste. Les clips sont calqués sur le concept de l’album, ce qui peut s’avérer un peu casse-gueule quand personne ne le connaît encore. Tiens, “A Statue of the King”, sorti fin octobre 2017 :


Au premier visionnage, en octobre, j’ai trouvé ce clip affreux, chanson comprise.

Depuis, pour la vidéo, ça n’a pas beaucoup changé, bien qu’elle soit parsemée de détails sympas passés inaperçus au départ. Je n’en avais pas forcément compris l’aspect parodique. “A Statue of the King” passe finalement mieux sans ces plans bizarres de foule un peu cheap, alternée avec des gros plans où une dizaine de figurants sembler passer le casting pour faire public dans une émission de Nagui.

Heureusement, l’album entier est arrivé dans mon escarcelle quelques semaines plus tard, pour mon plus grand soulagement. Et ils se rattrapent bien.

En gros, Legend of the King, première vraie piste après l’intro, est un chef d’oeuvre. Tout le reste du disque pourrait être pourri que ce morceau justifierait quand même l’achat. En un peu plus de huit minutes de prog délicat et équilibré, tu passes par toutes les ambiances et les envolées vocales tout en restant concentré(e) sur le jeu de guitare. Cohérent pour la légende d’un roi guitariste.

Ca décoiffe. 5 étoiles. Would recommend.

Comme si tu pouvais t’en remettre immédiatement, Avatar poursuit avec “The King Welcomes You to Avatar Country”, et te balance dans les plaines du Tennessee à grands coups de bottleneck et de groove assez joyeux. Gros coup de coeur.

 
Alors je ne vais pas détailler chaque morceau, le plan d’Avatar Country n’est pas encore totalement détaillé et chacun pourra y prospecter son dû, un peu comme les chercheurs d’or du Klondike. (Oui, je sais, la métaphore semble étrange, mais je relis la Jeunesse de Picsou en ce moment. Me dis pas que tu connais pas ça, jeune asticot !)
En gros, y’a du bourrin, du moins bourrin, du prog, de la sonnaille (eh ouais, c’est le nom français de la cloche à vache, tu le savais pas ça, hein ?), des ponts sombres, et beaucoup, beaucoup de guitares qui s’expriment.
Tu ne me crois pas sur la sonnaille ? La preuve par l’exemple alors…

 

Étrangement, de nombreux éléments sur cet album rappellent d’autres artistes, d’autres styles, mais sans se détacher suffisamment pour imposer une comparaison nette. On en retire une sorte d’impression agréable d’explorer de nouvelles terres dont on connaît déjà la faune et la flore.

Dans l’ensemble, Avatar Country est un album assez étrange, puisqu’il propose à la fois des pièces maîtresses et des encarts dispensables. Le discours du Roi qui intervient à mi-chemin, et mentionne l’état de sa moustache et ses problèmes de digestion fait sourire au début. Mais passée la découverte, on s’en lasse assez rapidement, et ces trois minutes cassent un peu le rythme général. Un peu comme l’intro ou le premier instrumental, vite balayés par les pistes suivantes. Mais peu importe. Je te l’ai dit, “Legend of the King” aurait suffi à mon bonheur. Après, le fait est que les autres pistes ont oublié d’être pourries (avec quelques réserves) et qu’Avatar Country s’écoute très bien dans l’ensemble. Ma plus grande curiosité à ce stade, c’est de savoir lesquelles seront jouées sur scène, et comment elles rendront. Maintenant, il n’y a plus qu’à attendre les quatre autres clips prévus. Peut-être qu’on comprendra un peu mieux le conte et qu’on saura s’ils vécurent heureux et eurent beaucoup de petites guitares.

 
En attendant, Avatar tourne en Europe au printemps, et passe par le Trianon le 14 mars. D’ici là, je vais m’acheter une sonnaille. Et un bottleneck.
Oh et puis une couronne aussi, tant qu’à faire.
 
AVATAR, Avatar Country, Century Media Records, sortie le 12 janvier 2018

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