
Allez, c’est la fin de l’année. Derniers coups de marteau pour définitivement refermer le cercueil sur 2017 ou bien coup de pouce pour venir en aide à ceux qui voudraient ouvrir la culture ciné au delà de la domination de la souris
5. Zombillenium
Youpi ! Un film d’animation pour enfants intelligent et drôle ! Et français, m’ssieurs dames ! Après plusieurs décennies de traversée du désert – à part Persepolis, Le Chat du Rabbin et plus récemment l’exceptionnel Lastman, ça n’a pas été la fête tous les jours depuis le Roi et l’Oiseau et La Planète Sauvage – l’animation franco-européenne reprend un peu du poil de la bête. Et quelle bête ! On sait pas trop en fait. C’est un loup-garou ? Un vampire ? Mordu par les deux, un père de famille désabusé se retrouve propulsé dans un parc d’attraction peuplé de mort-vivants, vampires et autres créatures démoniaques. À la fois hommage vibrant à la culture minière et pochade hilarante des teen movies fantastiques, Zombillenium est LA bonne surprise.
En résumé : Parfait pour préserver le p’tit neveu du dernier Jul.
4. American Honey
1er ovni du top, American Honey. Tous les potards sont dans le rouge pour un portrait à la fois doux et amer d’une Amérique toujours plus white trash. Sorte de Peter Pan à la sauce millenial, ce road movie déglingué à la lisière du tissu urbain nous emmène sur les traces d’une bande de gamins pas si fous que ça. Plus anar-punk que néo-hippie, Andrea Arnold, après Fish Tank, signe une sorte de manifeste, une ode rap et rock à la nature et à la liberté, une course sans but où le plaisir des sens visuels se dispute à un jeu de massacre des règles et du cadre.
En résumé : Parfait pour taper la causette avec la cousine riot grrrl.
3. 120 bpm
À l’heure où l’activisme devient plus que jamais un mal nécessaire dans nos sociétés gangrénées par le mercantilisme et le protectionnisme, le film de Robin Campillo a fait l’effet d’une bombe au dernier Festival de Cannes. Aussi bien devoir de mémoire que mise en garde, ce troisième long-métrage, sous des faux-airs de docu-fiction sur les débuts d’Act Up fait la part belle au(x) vivant(s) dans un monde où la mort est de tous les instants. Ici pourtant, pas de place aux grands discours mais à l’action dans tous les sens du terme : jeu d’acteurs incroyable avec une mention spéciale à l’éblouissant Nahuel Pérez Biscayart, tir à boulets rouges sur les politiques d’hier et d’aujourd’hui et caméra virevoltante et radicale à la recherche du moindre souffle de vie.
En résumé : Parfait pour rassurer le tonton militant et lui dire que le combat continue.
Bonus : parfait pour claquer le beignet de l’autre tonton, celui qui aime Michel Leeb.
2. A Ghost Story
2e ovni du top et cadeau de Noël pour tous les cinéphiles avides de curiosité, le très beau film de David Lowery, aussi étrange que poétique, n’est ni plus ni moins qu’un creuset bouillonnant de questionnements métaphysiques sur l’Être. Suffisamment rare et original pour être mentionné, ce long-métrage qui, j’en conviens, pourrait en dissuader plus d’un par sa forme un poil rêche, est cependant une proposition à la contemplation et à la divagation aux confins de l’existence. C’est sûr qu’on se tape pas des barres pendant 1h32, c’est sûr aussi qu’on est très loin du film fantastique tel que nous en livrent par citernes les studios hollywoodiens, mais c’est sûr aussi qu’on voit se déployer une belle œuvre, format 4/3, vignettage et couleurs désaturées aidant, à la simplicité et à la sincérité désarmante.
En résumé : Parfait pour la big sister qui nous bassine depuis 20 ans avec Virginia Woolf.
1. La La Land
Le truc qui vous fait vous lever le matin, le truc qui vous empêche de dormir la nuit, le truc qui vous fait gamberger entre les deux, le truc qui fait que le monde est monde, aussi précaire et injuste soit-il : l’Envie, la Passion, l’Amour avec des grands E, des grands P et des grands A. Le truc qui met tout le monde d’accord, qu’on soit fan de doom estonien ou de Jul (oui, même les fans de Jul ont un cœur qui bat). Un an après, j’ai toujours en réserve une palanquée de superlatifs à l’attention du second film de Damien Chazelle qui met en scène Emma Stone et Ryan Gosling dans une comédie musicale étourdissante sur deux doux-dingues, gentils grains de sable perdus dans les rouages de l’industrie hollywoodienne. Sous des aspects de friandise édulcorée, Chazelle livre un portrait au vitriol d’une Amérique qui court après la réussite en oubliant ses rêves en chemin.
En résumé : Parfait pour toute la millfa.
On a le même N°1 =)