
Roman historico-mystico-frigorifique de l’auteur américain Dan Simmons sorti en 2007. Basé sur une histoire vraie, celle de l’expédition britannique d’exploration de l’Arctique en 1845 qui a échoué et dont les 2 bateaux (le HMS Erebus et le HMS Terror) n’ont pas été retrouvés (enfin…*). Dan Simmons s’est ultra documenté sur les faits réels et y a apposé sa patte pour reconstruire les zones d’ombre de la réalité. Voyage au cœur de l’Arctique en monde “survival”. Énorme.
Énorme, déjà par le volume du contenu : un peu plus de 1000 pages pour la version poche des éditions Pocket. Il y a toute une première partie sur la préparation de l’expédition, très intéressante. Dan Simmons s’est énormément documenté. On peut se rappeler Ilium et sa suite Olympos avec des références plus que pointues sur la période guerre de Troie, transposition futuriste avec nanotechnologie, de l’Iliade d’Homère. Des détails à couper le souffle. Idem au sujet de la Tempête de Shakespeare dans ces 2 mêmes romans. Cet auteur est un ouf furieux du détail “réaliste” pointilleux. Enfin bref, pour revenir à Terreur, nous sommes embarqués dans une vraie expédition avec les vrais protagonistes. Le détail sur les rations alimentaires, le personnel de bord, les différentes étapes, le froid, la folie… et nous sommes à l’intérieur du récit pour un long moment passionnant de lecture. Immersion dans la solitude et l’exploration. Jusqu’à ce que cela capote et qu’un mystère sombre rôde à l’extérieur…
Il existe beaucoup de récits de survie en conditions extrêmes. Là, on tâte la réalité et la dureté du froid, surtout quand les prévisions foirent et qu’il n’y a pas d’antécédents de réussite dans le genre d’expédition qu’on poursuit. La psychologie des survivants bascule et révèle là le courage, là l’intrigue complotiste, ici la couardise et la personnalité profonde. En récit réel qui m’avait beaucoup touché, ce fut celui du lieutenant A.W. Greely qui, après 3 ans (1880) dans la galère mortifère d’une expédition au pôle Nord, fut le seul survivant. Il a raconté son histoire dans Les naufragés du Pôle. Le scorbut, le manque de nourriture, les gens et les chiens qui décèdent, l’isolement vulnérable. Glacial.
Hormis les conditions difficiles, on ressent quoi ? Bah, l’envie de découverte, d’aventure, de dépassement de soi et des autres, de liberté, l’envie d’être pionnier quoi bordel de crotte ! A la base, ce n’est pas de la survie, mais de la passion, voire une obsession. Je pense à l’incroyable Roald Amundsen (photo ci-dessus), explorateur norvégien (1872-1928), premier à avoir atteint les 2 pôles et premier a avoir atteint le pôle sud en 1911. La découverte du monde blanc immaculé a toujours attiré. Réussite, échec ou fantasme. La première fiction d’aventure sur une expédition polaire semble être le roman de Jules Verne, Les Aventures du capitaine Hatteras, paru en 1866.
Maintenant, ces territoires sont connus et les passionnés ne sont plus les mêmes. Aventuriers modernes, scientifiques, vulgarisateurs. Côté pôle sud et récit moderne, Emmanuel Lepage a sorti une bonne bande-dessinée sous forme de récit-documentaire, La lune est blanche (2014). Il a accompagné, avec son frère photographe François Lepage, une mission scientifique de l’institut polaire français Paul-Emile Victor en Antarctique. En peut-être plus connu, nous avons Nicolas Vanier, passionné français du grand Nord. Réalisateur de Le dernier trappeur en 2004 ou plus récemment d’Iditarod, il est aussi l’auteur de nombreuses publications. Ce n’est pas de la survie non plus, mais plutôt de la passion et une volonté de faire connaître au grand public cet espace immense, silencieux et blanc, qui révèle beaucoup sur notre planète. Dans le film La glace et le ciel (2015) et les découvertes de Claude Lorius, le constat est que l’homme a déjà bouleversé cet espace qui semblait pourtant imprenable… Shit, les désastres faits à la nature sont vraiment partout…
Enfin bref, moi, j’adore les récits d’aventure en conditions extrêmes. Et j’adooore Dan Simmons, alors forcément, je partais plutôt conquise pour Terreur. Et je l’ai dévoré d’une traite. Dan Simmons est un auteur exigeant dans les mots et l’histoire. Il a réussi à transformer une histoire vraie en histoire, à raconter des éléments de vérité tout en y incluant son imagination. Un peu à la Connie Willis et la peste dans Le grand livre ou le Londres de 1940 dans Black-out… Amateur à la fois d’aventure polaire et de roman-fiction, Terreur est donc pour vous !
Texte : Anna Void
Titre : Terreur
Auteur : Dan Simmons
Edition française : Robert Laffont, 2008
* article sur la découverte en septembre 2016 du HMS Terror, après celle du HMS Erebus en 2014 : https://www.sciencesetavenir.fr/archeo-paleo/archeologie/expedition-franklin-on-a-retrouve-le-hms-terror_104923
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