
[Disclaimer : Ce texte a été rédigé avec l’amicale contribution de la fièvre. Toute plainte est à adresser à l’attention de mes anticorps. Merci de votre compréhension.]
Un jour, mon pote Fly m’a emmenée voir un groupe qui s’appelle Halestorm. Enfin, disons qu’il tentait de me vendre le groupe depuis deux ans, que je n’avais jamais pris le temps d’écouter, et que la découverte a ainsi été tardive mais efficace. Au point d’engueuler ledit pote pour ne pas m’avoir davantage poussée à écouter. Mais tu me diras qu’on n’est pas là pour parler d’Halestorm, et tu seras bien perspicace. Cependant, figure toi que ce jour là, au Bataclan, le groupe qui ouvrait s’appelait Nothing More. (T’as vu comment je retombe sur mes pattes ? Ouais je sais, c’est un effort de chaque instant)…
Eh ben Nothing More m’avait vachement plu. Fly, à côté (qui connaissait déjà, d’ailleurs ce garçon connaît tout), assurait que selon lui, ce groupe était le “next big thing” à l’image d’Halestorm justement. Comme depuis on les avait revus à la Maroquinerie en tête d’affiche, qu’ils étaient programmés au Download Paris 2017, on se disait que ça marchait bien pour eux, et on était contents.
On attendait cette date aux Étoiles avec impatience. Et puis les nominations aux Grammys sont tombées.
UN RECORD, rien de moins, les enfants. Un sacré coup de projecteur et trois nominations dans les catégories rock, performance incluse. Ça en impose, hein ? Nous, pour ce que ça vaut, on est satisfaits. D’autant que Nothing More se reconnaît surtout comme un groupe de scène. Et c’est pour ça qu’on en parle aujourd’hui ! (Triple salto carpé atterrissage sur le fil du récit. On a les acrobaties qu’on mérite)
Pour cause de mauvaise gestions des transports, au moment de l’arrivée aux Étoiles, Psycho Village a déjà ouvert les hostilités. Enfin, “hostilité” semble un bien grand mot puisque les Autrichiens versent davantage dans la ballade grungy gentillette, et qu’il faut bien avouer que c’est un peu chiant. En plus de leur musique bien plus proche d’Avril Lavigne que de leur tête d’affiche, les (très jeunes) hommes n’ont pas trop la possibilité de se mouvoir sur la scène minuscule où sont déjà installés les kits des groupes à suivre. Ils partagent aussi leur espace avec un écran à powerpoint qui sert notamment à projeter la vidéo d’une femme racontant une relation abusive par écrit. L’idée est là, mais la musique un brin sirupeuse qui l’accompagne ne suffit pas à convaincre.
Un changement de plateau opéré à force de passages polis des musiciens dans la foule plus tard, In Search of Sun démarre un peu mollement, victime de problèmes de son qui vont perdurer jusqu’au début du set suivant. Mollement au départ, donc, mais les cinq Anglais trouvent rapidement leurs marques et se rattrapent en déballant un rock alternatif tout à fait sympathique et efficace. Pas de quoi bouleverser les Nations Unies, mais suffisamment entraînant pour bouger la tête avec envie.
Alors ça n’a rien à voir avec la musique (c’est aussi pour ça qu’on aime les concerts hein), mais sache que j’ai passé tout leur set à observer attentivement la dégaine des gars sur scène. Il se passait presque autant de choses sur le visage du chanteur que dans la gestuelle et expressions faciales des gratteux et du bassiste, le batteur étant malheureusement quasi invisible. Je dis “malheureusement”, parce que s’il est aussi bonnard que ses compères, les soirées Time’s Up ne doivent pas être tristes après les répètes du groupe.
Comme on apprécie toujours davantage la musique quand elle donne à la fois l’envie de bouger et de boire une bière avec ses interprètes, le temps qu’In Search of Sun quitte la scène, les voilà estampillés “chouette surprise”, et les esprits sont prêts pour la suite.
Tu l’auras peut être compris depuis l’intro ; j’aime bien Nothing More. Plus précisément, j’aime BEAUCOUP les CONCERTS de Nothing More. La nuance est importante dans le sens où je n’écoute pas particulièrement leur musique studio ; trop d’interférences, de saveurs dubstep et de sons électro-crades pour mon côté princesse au petit pois. En revanche, les versions live restant un poil plus épurées, l’approche en est grandement améliorée, et on peut ainsi vivre le concert sans plus de distraction que nécessaire.
La “distraction” principale, il faut bien le dire, s’appelle Jonny Hawkins. C’est simple : Jonny n’est pas du genre à jouer l’économie, ça fonctionne, il le sait, le public aussi. Alors, il chante, il hurle, il est torse et pieds nus, possède un jeu de scène assez intense consistant à grimper sur tout ce qui ne bouge pas trop sur scène, bondir, et serrer son micro bien fort des deux mains. #MUSCUUUU
Bref ; il se débrouille bien, compense les problèmes de son en criant si fort qu’on pourrait l’entendre sans micro, et en plus il est tout à fait magnétique ce garçon. Au point qu’on finit parfois par en oublier les trois autres Texans qui se défendent pourtant admirablement.
Heureusement, ils savent aussi se mettre en avant, comme au moment du solo de basse à six mains (ou quatre mains et deux baguettes, c’est selon), une tradition pour le groupe qui fabrique des machines de scènes DIY pour faire virevolter ladite basse pendant qu’ils s’y mettent à plusieurs pour lui taper dessus.
La nouveauté de cette tournée, c’est la deuxième machine, baptisée “Scorpion Tail” dont ils se servent pour balancer des sons modifiés, qu’il s’agisse de la voix ou d’instruments.
Bon. Normalement, elle a ce petit côté catapulte qui la propulse en l’air, et elle en impose déjà parce que pour s’en servir, Jonny doit monter sur un kit de batterie. Là, par manque de place, ça restera sobre, même si, par manque de place justement, la bestiole occupe tout l’espace disponible. Ce qui est plutôt impressionnant en soi.
L’autre élément impressionnant du concert, c’est la participation du public. Certes, les Étoiles, ce n’est pas Bercy, et l’espace devant la scène est vite rempli. Cependant, sur plus de la moitié des morceaux joués ce soir, dont un bon pourcentage issu de “The Stories We Tell Ourselves”, la foule reprend les refrains comme si son avenir en dépendait. C’est particulièrement efficace sur des titres comme Go To War, ou les I’ll be OK et Just Say When, joués en acoustique, ce qui permet une résonance particulière des chœurs improvisés.
D’un autre côté, la participation du public a parfois quelque chose d’improbable. Quand un petit pogo se forme, on sent bien que les mosheurs n’en ont pas (ou plus) forcément l’habitude. Chacun y va tout de même de bon cœur, culminant dans un moment très étrange à la fin du concert, alors que Jonny s’époumone à hurler “BUUUURN THE WITCH !” et que la fosse entière sautille un peu comme quand le DJ d’un mariage balance les Sardines. Inattendu…
En conclusion, nous avons assisté à un concert très satisfaisant, qui classe définitivement Nothing More comme une valeur sûre sur scène, capable d’emmener tout un public pourtant hétéroclite. Si les nouveaux morceaux se sont adaptés à une certaine tendance mi-FM mi-dubstep, il faut avouer que la formule est efficace puisque la population des Étoiles comme des Grammys peut s’y retrouver.
Si tu les as loupés (tant pis pour toi !), tout n’est pas perdu ! Après leur annulation malheureuse de dernière minute l’an dernier, Nothing More sera au Download France à la mi-juin !
Photos Anne-Sophie Schlosser et merci aussi à Aline Meyer pour le coup de pouce !
Laisser un commentaire