
Happy, happy Helloween !
Bonsoir le Zénith de Paris, nous sommes le mercredi 15 novembre 2017, et quelque chose d’historique se passe ce soir. Helloween rend visite au public parisien (et français en général, même d’un peu partout ailleurs, si on en croit les discussions devant la salle). Notons bien que le groupe n’avait pas déboulé au Zénith depuis 1998, c’était lors d’un concert avec… Iron Maiden. Alors, pressés, amateurs de citrouilles ?
« Pumpkins United World Tour », peut-on lire sur les billets. Qu’en est-il ? Ceux qui connaissent Helloween savent que les gars qui composent le groupe n’ont pas toujours été les mêmes. Michael Kiske (alors embarqué dans l’aventure Avantasia) et Michael Weikath (en tournée avec Helloween) se sont croisés au Hellfest 2013. Surprise, la réconciliation des deux homonymes fut ainsi propice à la préparation du spectacle qui nous attend ce soir. On multiplie les guitaristes, on multiplie les chanteurs, et on y va.
Pas de première partie, pas d’échauffement pour nous. Tiens, tiens… Pourquoi ? Dans la salle sont présents des fans ayant assisté à plusieurs concerts de la tournée, certains débarquent même tout droit du show à Londres la veille. Ils répondent rapidement à l’interrogation précédente : pas besoin et surtout pas le temps de faire jouer quelqu’un en ouverture, car le concert sera particulièrement long. La salle s’est mise aux couleurs d’Helloween, et on admire d’emblée en entrant l’imposant rideau décoré par le logo du groupe. Ça en jette, et il faut saluer ici l’audace des organisateurs, car cette tournée de réunion permet au groupe de fouler des scènes plus grandes qu’à l’accoutumée (on nous dit dans l’oreillette que les concerts d’Helloween ont précédemment plutôt eu lieu au Trianon, à L’Olympia, au Bataclan ou encore à l’Elysée Montmartre).
On se fait vite embarquer par l’énergie qui explose dans la salle. Le public donne, et pas uniquement de la voix. Les vestes à patchs sautillent, des chevelures prennent vie, et le véritable bataillon qui officie sur scène semble s’en délecter. C’est la première fois dans l’histoire d’Helloween que trois guitares se promènent sur scène. Michael Weikath, Kai Hansen et Sascha Gerstner incarnent la notion de contraste, mais adroitement l’harmonie s’est installée. Par exemple, si vous connaissiez la version de « Forever And One » avec le piano, sincèrement, celle qu’on écoute ici vaut son pesant d’or. Sascha Gerstner a pris le pari de moderniser le titre, et on soutiendra que ça déchire. Son jeu est presque effronté, par ailleurs il n’hésite pas à solliciter des réactions du public en faisant mine de ne rien entendre. Chacun délivre son jeu avec caractère, et on dirait que tout le monde y prend plaisir (oui oui, même Michael qui donne l’impression de faire la tête, mais quand on découvre sa guitare ornée de dessins de petites citrouilles toutes mignonnes, ça va mieux). L’autre Michael, au chant, recueille l’admiration du plus grand nombre. Malgré les années, ses notes hautes n’ont aucun mal à s’envoler loin au-dessus de nos têtes, performance qu’il réalise les yeux fermés (littéralement). On lui pardonne sans rancune d’avoir zappé les paroles d’un couplet sur « Keeper Of The Seven Keys », il faut dire que ça faisait un bail. Les spectateurs sont étonnants, on reste épaté par leur connaissance des morceaux qui montre que l’on a affaire à un public passionné.
Les musiciens ne sont pas seuls sur scène. Une citrouille géante forme une sorte d’alcôve pour la batterie, et le reste du groupe va parfois s’y réfugier, ce qui donne naissance à des images cartoonesques. En parlant d’images animées, Andi et Michael annoncent au public qu’il souhaitent présenter à l’assemblée deux « amis ». Seth et Doc sont deux personnages que nous retrouvons de temps à autre entre les morceaux dans des situations rocambolesques projetées sur le grand écran en fond de scène. Mention spéciale aux créateurs de ces animations : en plus de faire patienter l’audience pendant que la technique se déploie, on a sacrément bien rigolé, les doublages méritent de remporter un prix (ce n’est pas ironique !).
Juste après le « I Can » d’Andi Deris (d’ailleurs, la remarquable alternance des interprètes au-delà des critères de choix en fonction de la période du groupe qui les concerne individuellement et l’alchimie entre eux ferait presque penser à une comédie musicale !), une autre utilisation du grand écran suscite l’émotion de tous. Helloween rend hommage à Ingo Schwichtenberg (décédé en 1995), ancien batteur du groupe. Le concept de ce clin d’œil est étonnant : pendant qu’un solo de batterie d’Ingo est diffusé avec une qualité sonore qui accroit l’impression de sa présence, Dani Löble s’adonne à une battle de baguettes contre l’image type VHS de son prédécesseur. Pumpkins United, qu’on vous disait.
La grande majorité du concert s’articule autour d’une multitude de moments épiques, même si des accalmies sont induites par la grande diversité des auteurs des titres de la setlist. « If I Could Fly » mené par Andi Deris entraîne une rupture à la suite de « I’m Alive » appartenant au répertoire de Michael Kiske. De même, lorsque Kai Hansen s’empare du micro, c’est une atmosphère encore différente qui s’installe. Mais après tout, toutes les phases sont complémentaires, et corroborent vraiment la sensation de cohésion d’un seul et même groupe uni qui offre à boire et à manger dans sa setlist.
Le concert se termine (après deux rappels !) par l’incontournable « I Want Out ». Une touche d’euphorie fait réagir le public à la vue de gigantesques ballons-citrouilles oranges et noirs qui nous sont envoyés de toutes parts. On s’amuse beaucoup, et s’en suit un concours entre les deux parties du public délimitées par Michael Kiske et Andi Deris dans la catégorie « qui gueulera “I want out !” le plus fort sollicité par tel ou tel chef d’équipe ». C’est la masse qui se trouve de notre côté qui a gagné, je dis ça, je dis rien. Vient l’heure pour le groupe de saluer, Dani Löble envoie ses éléments de batterie façon frisbee, pendant que quelques fans se font encore la passe avec les ballons.
Personne n’a trop envie de s’arrêter de crier. Enfin, il faut quand même souligner que jusque dans la ligne 2 du métro résonne encore l’hymne :
“Happy happy Helloween, Helloween, Helloween ! Happy happy helloween, oh, oh oh oh oh !”
Concert raconté et photos prises par Anne-Sophie
Setlist :
1. Halloween
2. Dr. Stein
3. I’m Alive
4. If I Could Fly
5. Are You Metal ?
6. Kids Of The Century
7. Waiting For The Thunder
8. Perfect Gentleman
9. Starlight/Ride The Sky/Judas
10. Heavy Metal (Is The Law)
11. Forever And One (Neverland)
12. A Tale That Wasn’t Right
13. I Can
14. Solo de batterie
15. Livin’ Ain’t No Crime
16. A Little Time
17. Why ?
18. Sole Survivor
19. Power
20. How Many Tears
Rappel :
21. Eagle Fly Free
22. Keeper Of The Seven Keys
Second rappel :
23. Solo de guitare
24. Future World
25. I Want Out
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