Pensées Nocturnes + Guests @ Glazart – 07/11/2017

A l’exception des baltes du groupe Au Dessus, c’est une soirée consacrée presque exclusivement au black metal franchouillard qui a lieu ce soir-là dans la salle parisienne Glazart. C’est justement l’occasion pour The Unchained d‘aller observer ce qui se passe de nouveau (et surtout d’intéressant) du côté de la scène «cocorico» actuelle.

Les hostilités démarrent en début de soirée avec les toulousains d’Heir. Après un premier EP l’an dernier, le groupe vient de sortir un nouveau LP intitulé « Au peuple de l’abîme » sur le label de metal extrême français qui monte : Les Acteurs de l’ombre. Musicalement, Heir me fait notamment penser à un autre groupe français dont le nom est enveloppé d’une aura mystérieuse (et pour cause, puisque l’identité des musiciens demeure inconnue à ce jour) : Deathspell Omega. Leur musique alterne habilement des passages planants, voire ambient, avec des accélérations typiques du black metal traditionnel. La principale originalité du groupe réside dans ses textes en français. Même si elle ne m’a pas laissé de marbre, leur prestation scénique n’a rien d’inoubliable pour autant.

Heir 1

Dans la foulée, on enchaîne sur la formation sans doute la moins intéressante (et au passage la moins originale) de la soirée : Anus Mundi.  Au-delà de la dimension grotesque de son nom, ce groupe n’a franchement aucun intérêt tant il pousse loin et de manière assumée les poncifs du black métal dépressif et mid-tempo. Les musiciens de ce projet improbable et pénible n’en sont pourtant pas à leur coup d’essai puisqu’une brève recherche sur Google permet de se rendre compte que le groupe sévit depuis 2006, soit depuis plus de dix ans. Torse nu et les bras scarifiés, le chanteur ressemble à une émule Made in France du suédois Niklas Kvaforth, le vocaliste de Shining. Dans la salle, l’ambiance est plutôt sportive puisqu’au milieu du set un molosse rasé, sans doute un ami du groupe, est venu pousser la chansonnette avant de distribuer des mandales au public dans la fosse. Bref, je ne peux m’empêcher de pousser un soupir de soulagement lorsque les parisiens d’Anus Mundi quittent la scène.

anus mundi 1

On passe alors dans un autre espace-temps avec un projet des plus intéressants, à savoir les lithuaniens d’Au Dessus. Il va sans dire que malgré sa courte existence, le groupe a déjà gagné une certaine notoriété bien méritée dans le milieu du post-black metal. En effet, après un premier EP en 2015, les lithuaniens viennent de sortir un premier LP, « End of chapter », sur le label désormais incontournable Les Acteurs de l’Ombre. De même, les festivaliers qui étaient au Fall of Summer cette année ont déjà eu l’occasion de les voir. Pour ma part, ce sera la première fois et je dois bien dire que je n’en serai pas déçu. Pendant près d’une heure, le groupe assène son post-black sophistiqué et teinté de sludge avec maestria, créant une atmosphère à la fois sinistre et épique. Les membres encapuchonnés de ce projet semblent tout droit sortis d’un film de la Hammer, à savoir la mythique société de production britannique qui a marqué l’histoire en mettant en avant des noms comme Christopher Lee ou Peter Cushing.

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Pour conclure la soirée, place aux parisiens de Pensées Nocturnes qui sont eux aussi signés sur le label Les Acteurs de l’Ombre. Il s’agit d’un projet parisien formé en 2008 que l’on aurait beaucoup de mal dans une catégorie bien définie. En effet, leur musique est incontestablement d’avant-garde et flirte avec des styles aussi divers que le black metal et le néo-classique. L’originalité de leur musique, qui constituerait une bande-son idéale pour un film d’horreur franco-français, est telle qu’on ne peut y rester indifférent. Pensées Nocturnes est le type de groupe adulé par une partie du public (dont je fais partie) et honni par les autres sans distinction. En effet, l’ajout d’instruments peu courants dans l’univers du métal, comme l’accordéon ou le trombone, rajoute une dimension « Vieille France » à leur black metal improbable. Quoi que l’on pense de leur musique, force est de constater que les musiciens parviennent à créer une ambiance des plus originales, entre bal musette et black métal dépressif. De même, le spectacle n’est pas seulement sur scène mais aussi au milieu du public, le joueur de trombone du groupe n’hésitant pas à faire une excursion dans la fosse. De même, les corpse-paints des musiciens les font ressembler à des clones de « Pennywise », le lugubre clown du roman « Ça » de Stephen King.

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Aux alentours de 23h/23h15, le temps fut venu pour moi ainsi que pour le restant de la salle de regagner la sortie. Il ne me reste donc plus qu’à remercier l’association Ondes Noires pour leur confiance et pour m’avoir généreusement permis d’entrer à l’œil !

Texte : Mathieu

Photos : Aurelia

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