
Ce n’est pas du petit joueur que le petit bain recevait ce soir surtout quand se sont les légendes du gros son noise qui sent bon la puanteur et la noirceur urbaine: Unsane. Les patrons qui viennent justement de nous agrémenter d’un joli cadeau de fin du monde avec son disque Sterilize enchainent dates sur dates à l’ancienne dans la sueur et le sang comme ils aiment nous le faire sentir sur disque. Et après une écoute en continu de Sterilize depuis plusieurs jours, on avait juste hâte de retrouver ces forçats du riff torturé.
Et c’est une salle qui fait honneur à la bande Chris Spencer en se remplissant tranquillement pour les New Yorkais. En attendant, c’est un groupe tout aussi éloigné géographiquement qui est à l’honneur du préambule. Pamplemousse vient directement de l’île de la Réunion et joue un rock qui prend au noise son jeu pressé (désolé pour le jeu de mots) et ses riffs distordus. Un son assez vitaminé et nerveux pour un power trio efficace qui bien agité se révèle assez vivifiant.
Le temps pour la salle de finir de se remplir et aux patrons de finir d’installer son matos , il est maintenant venu le moment de laisser la place à Unsane, le trio va montrer ce soir ce que c’est la musique aux tripes. Les comparses entament tranquille et c’est “Committed” qui va allumer la foule ( un peu amorphe ce soir). Chris Spencer est à vif, son chant couvert par la guitare reprendra rapidement de la voix pour balancer cette dépression et cette colère qui traversent la musique d’Unsane. On fait dans le crade, dans le réel. C’est affuté comme une lame de rasoir non stérilisée, la gratte fait mal et chaque riff balance une claque qui vous fouette le visage. Pas de superficialité, peu de jeux de lumières, nous sommes authentiques et sans fioritures chez Unsane et ceci depuis presque 30 ans. Avec un Signorelli en chemise blanche et la mâchoire serrée, son jeu de batterie lourd et brutalement précis associé à un jeu de basse inégalable de Dave Curran qui nous régale depuis tant d’années par cette profondeur bourdonnante et vrombissante. Ça te traverse la cage thoracique pour ressortir avec tes tripes. C’est bien ça, ce soir les tripes sont mises à nu, les casquettes de Dave et Chris dégoulinent de sueur, on s’arrache les cordes vocales et on y met tout ce qu’on a. Ce soir c’est le très bon Sterilize qui est mis à l’honneur mais quand on nous balance les tueries qui ont fait la légende d’Unsane, le poil s’hérisse et le frisson nous envahit comme une envie d’hémoglobine. C’est lourd, malsain, chaotique et précis à la fois. Le grain lourd et viscéral des années 90 se fait sentir. On ne fait pas dans le propre ni dans le redit.
Sterilize et le distordu « Factory » a une majorité de fans dans la salle, ce dernier album fait honneur à ce que fait de mieux le groupe. Etre soit-même. C’est le savoir faire de l’ancienne école qui remet les compteurs à zéro. Les boss restent les boss. Le sang sera versé ce soir et le combo « Killing Time » / « Only Pain » fait mal, plus noise, moins Hxc et plus torturé… La souffrance palpable. On repart en 1995 avec l’album Scattered, Smothered & Covered et les bombes « Empty Cartridge » et « Scrape, » les cordes sont maltraitées, les sons encore plus distendus et on s’en prend plein les oreilles. « Alleged » finira le boulot avec sa rythmique lourde et groovy et une envie de tout faire cramer.
Que dis je, et bien non, la fin n’est point encore là ! Après un show d’1h30 c’est avec un rappel attendu par les fan hardcore du groupe, la fameuse reprise de Flipper avec le schizophrénique « Ha Ha Ha » et une fin à l’image du set: généreux, authentique, barré et violent à souhait. Le monde part en couille et Unsane en est la bande son.
Merci à Petit Bain et Kongfuzi
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