WARDRUNA + GUEST @ LA CIGALE – 14/10/2017 –

Au cas où vous ne le sauriez pas pauvres mortels, le Ragnarök a déjà eu lieu et il est même passé par la Cigale, la célèbre salle parisienne, le 14 octobre dernier. Certes, cela n’a peut-être pas eu de conséquence directe sur votre existence mais ceux qui y étaient s’en souviennent. Si vous n’êtes pas familier avec la mythologie viking, vous vous demandez sans doute de quoi je parle. Sachez alors que le Ragnarök désigne la fin du monde dans les grandes sagas nordiques, autrement dit l’Apocalypse païenne. L’évènement dont je vous parle n’est ni plus ni moins que le concert de Wardruna, le plus célèbre groupe de « heathen folk » (folk païenne) norvégien. Depuis qu’il  a composé des musiques pour la série « Vikings », le groupe ne cesse de faire parler de lui. Sa renommée a même atteint des sommets au point qu’il a été programmé au Hellfest cette année. Le concert qui a lieu ce samedi soir à Pigalle affichait d’ailleurs complet depuis des mois.

Lorsque j’arrive aux abords de la Cigale, je constate avec effarement que la queue est longue de plusieurs dizaines de mètres. Grâce à Dieu (ou Odin devrais-je plutôt dire ?), je parviens à entrer dans la salle avant le début des concerts. Même si la musique de Wardruna se définit comme un mélange de folk nordique et d’ambient, le public est néanmoins composé en majeure partie de fans de metal. En effet, la mythologie nordique n’est-elle pas omniprésente dans le metal ? De plus, rappelons à toutes fins utiles que le groupe a été fondé notamment par Gaahl , l’ex-vocaliste du groupe de black metal norvégien Gorgoroth.

En première partie est programmé un ensemble musical du nom de Dayazell. Originaire de Toulouse, ce projet propose une variété de folk davantage inspirée des musiques traditionnelles méditerranéennes et moyen-orientales. Leur musique a une dimension médiévale mais se rapproche aussi volontiers de la « world music », ce qui tranche pas mal avec la folk apocalyptique et nordique de Wardruna.

 

Pour autant, le public semble comme envoûté au son du oud, un instrument à cordes du Moyen-Orient, et autres percussions et applaudit avec enthousiasme à la fin de chaque morceau. Il est plutôt inhabituel de voir un public composé à 90% de fans de metal  aussi réceptif face à un ensemble musical aussi éloigné de l’univers metal ! Signe sans doute que le public métalleux est plus ouvert qu’on ne le croit !

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Après 45 minutes de concert, place donc à la tête d’affiche de la soirée : Wardruna. Si vous aimez à la fois Dead Can Dance et le black metal, ce groupe est fait pour vous ! Dans la salle, il y a environ 1600 personnes venues acclamer les guerriers modernes de la « heathen folk ». Le groupe ouvre le concert au son du Lur, un instrument à vent scandinave en bronze mesurant 1,5 à 2 mètres de long, datant du 14ème siècle avant Jésus Christ et qui servait aux vikings pour rassembler les troupes ou à effrayer l’ennemi.

 

Dès leur entrée sur scène, le frontman du groupe Einar Selvik, qui fut par le passé batteur de Gorgoroth, et un autre membre du groupe se tiennent côte à côte et soufflent en chœur dans leur lur pendant que leurs ombres sont projetées en arrière-plan, ce qui donne une allure assez mystique à la scène. Wardruna compte également une chanteuse en la personne de Lindy Fay Hella. Le premier titre joué s’appelle « Tyr ». Il est tiré du dernier album, « Runaljod – Ragnarok », le troisième d’une trilogie basée sur l’alphabet runique (ou futhark). D’ailleurs, la plupart des chansons qui seront jouées sur la scène de la Cigale ce soir-là portent le nom de runes célèbres, notamment « Odal », « Isa » ou « Wunjo ».

 


Leur musique a quelque chose de profondément envoûtant qui transporte littéralement son auditeur au pays des fjords dans un âge immémorial. Outre la musique, le décor en arrière-plan de la scène contribue incontestablement à la magie du concert. En effet, on distingue derrière le groupe un fond lumineux d’une couleur pourpre dégradée évoquant une cascade aux reflets rougeâtres.

A la fin du concert, le groupe entonne un de ces hymnes, la chanson « Helvegen » ( ce qui signifie « Le chemin vers Hel »), après qu’Einar ait prononcé un petit discours présentant le thème central de ce morceau : La mort (ou le deuil). Il s’agit d’un véritable chant funèbre à la gloire des guerriers partis pour l’au-delà. En effet, « Hel » désigne non pas l’enfer comme en anglais (« Hell ») mais la déesse des morts dans la mythologie nordique.

wardruna 1
 

Pour clore le concert, Einar revient sur scène après les rappels pour interpréter un titre en solo avec sa lyre, « Snake pit poetry », tiré de la bande originale de la série « Vikings » et sorti cette année sur un EP portant le même titre sous le nom de Einar Selvik. Une fois le concert de Wardruna terminé, il était temps pour moi de quitter le monde des vikings pour revenir à la trivialité du monde moderne, ce qui ne fut pas sans douleur tant ce moment fut intense en émotion ainsi qu’incomparable.

Merci à Garmonbozia pour ces instants inoubliables !

Setlist :
Tyr
Wunjo
Bjarkan
Heimta Thurs
Runaljod
Raido
Isa
Jara
Algir – Stien Klarnar
Dagr
Rotlaust Tre Fell
Fehu
NaudiR
Odal
Helvegen (The way to Hel)
Snake pit poetry
Texte : Mathieu
Photos : Aurélia
 

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