Ultra Vomit @ Trianon, 13/10/17

Bien bien bien.
J’ai beau aimer vendre mon amour et me faire payer en nature, en places de concerts, ça devient compliqué.
Non, parce que vraiment là, Ultra Vomit, ça me pose un cas de conscience.

Sérieux, les gars, vous disparaissez DES ANNÉES, en donnant pas un signe de vie, pas un télégramme (pour les plus jeunes : c’est comme quand les messages Facebook n’avaient pas d’accusé de réception). Pas d’album pendant neuf ans, et soudain PAF ! Un beau disque fin avril, un concert à l’Alhambra en mai, un entretien chez Unchained, un passage d’anthologie au Hellfest, et l’annonce d’un OLYMPIA l’an prochain, ben voilà que les ptigars sont déjà de retour à Paris, dans l’élégante salle du Trianon.

 
A ce stade, on a le choix entre deux options :

Grande seigneure, je proposais à mes congénères d’y aller afin qu’ils puissent expérimenter eux-même la puissance du vomi nantais, m’évitant par la même occasion de devoir me creuser les méninges pour trouver quoi raconter (Aussi dite “la technique Grosse Feignasse”)

Puisque tu lis ces lignes, tu présumes d’ores et déjà que je n’ai pas choisi cette option, mais la seconde, soit :
“Grosse égoïste” ; je me suis jetée sur l’occasion de revoir Ultra Vomit tel le phoque sur le dernier bout de banquise. Tout en sachant que je risquais de légèrement galérer pour écrire. J’étais en place, j’avais un super photographe sous le coude, tout se présentait bien.
Oui parce que si tu te souviens, à l’Alhambra, un événement fortuit et surtout funeste m’avait obligée à illustrer intégralement mon report. Et comme je possède la sensibilité artistique d’un éléphant de mer en vacances, ce n’était pas une réussite. Bon. J’avais rigolé, mais quand même, c’est limite irrespectueux, et donc pas à reproduire.
 
… Tu vas rire.
 
Le photographe n’a pas pu venir. Personne ne pouvait le remplacer.
Je soupçonne la rédaction d’avoir fait exprès de m’envoyer au concert seule toute, pour me punir parce que je ne rends pas mes papiers à l’heure.
 
Ben c’est réussi.
 
Qu’à cela ne tienne. Je relève le défi. Seule avec des chansons scatophiles et de l’illustration improvisée, c’est aussi ça, l’esprit Charlie.
 
[Disclaimer : j’aimerais bien te dire que je suis désolée pour ce qui va suivre. Mais je t’aime bien, donc je n’ai aucune envie de te mentir]
 

Le show commence donc avec la gentille participation de Dédo (dont je loupe malheureusement une grande partie). L’idée de proposer un artiste de stand-up plutôt qu’un groupe paraît plutôt bonne, car davantage proche de la tête d’affiche. Autre avantage, Dédo promène son personnage de métalleux comique depuis une dizaine d’années, ce qui le rend assez reconnaissable, sans forcer jusqu’au VIP omniprésent snob (Quoi ? Nan, je vise personne, pourquoi, tu reconnais quelqu’un toi ? Ca doit être un malentendu). Bref, j’ai beau militer de toutes mes forces pour voir un jour une affiche Ultra Vomit/Giedré, on progresse !

Dédo n’oublie pas non plus qu’il assure une première partie de concert et divise sa prestation entre stand-up et musique.
Comme je n’assiste pas à la totalité du “set”, il m’est difficile de juger l’ensemble. Mais sache qu’à l’entracte, ça fredonnait “Tue tes parents, tu verras, c’est marrant” dans l’assistance, et que tout au long du concert d’Ultra Vomit, le public a réclamé “LA SEEEEEPT”.
Bref.
 
Le temps d’affronter la plus longue file d’attente de bar constatée un soir de concert au Trianon, et la même intro qu’à l’Alhambra se met en place. C’est d’ailleurs LA chose à reprocher à ce concert ; il ressemble beaucoup à celui du mois de mai. Autant évacuer cet aspect immédiatement, histoire d’être peinards après, mais c’est vrai qu’autant côté setlist que sur certaines vannes, la sensation de déjà-vu se fait ressentir.
Certes, c’est un problème de premier monde, comme disent les internets, et pas assez imposant pour se plaindre. Mais il existe néanmoins.
Passons plutôt au concert proprement dit. On va faire ça façon palette pas magique du pauvre.
Trianon
(J’ai tout donné, j’espère que c’est lisible. Ne râlez pas trop, c’était ça ou une chronique en alexandrins)

L’entame du concert reste donc similaire aux autres dates, avec intro sur le thème des Looney Tunes, puis de Fort Boyard (et on ne s’en lasse pas). Le public chaud bouillant bondit dès la première note, et ne s’arrêtera qu’à de rares occasions. On chante, on beugle, on se désarticule le cou, ainsi que les côtes du voisin en toute fraternité, alors que le groupe déroule tranquillement son set dans l’allégresse générale (et la sueur).

giphy[1]

Inutile de préciser qu’après “Les Bonnes Manières” qui nous emmènent jusqu’aux “Mountains of Maths” en passant, entre autres, par “Un Chien Géant”, “E-TRON” et “Mechanical Chiwawa”, la petite pause “hypnose collective” est bienvenue. Alors oui, Fetus réitère la séance du mois de mai, on mettra cette redite sur le fait que lui aussi n’est qu’un PAUV’CONNARD. On l’aime aussi pour ça après tout.

A l’audience qui réclame régulièrement “LA SEEEEPT”, Ultra Vomit répond en balançant Calojira. Pas “LA SEPT” sur l’album (j’ai vérifié), mais suffisamment puissante pour faire cesser les demandes. Pour un temps. Le public se montre suffisamment discipliné pour accueillir un premier invité sur scène pour Takoyaki.
Il s’appelle Patrick Baud.
QUI ?
Patrick “Axolot” Baud ? La voix suave qui narre l’intro de Takoyaki ?
Ne t’en fais pas, lui non plus n’était pas prêt à un tel accueil de rockstar. Reconstitution approximative :
giphy[1]

Eh bien Patrick peine à aller jusqu’au bout de son texte, preuve si nécessaire qu’un Trianon rempli à ras-bord de fans d’Ultra Vomit impressionne davantage qu’une conférence de vulgarisation scientifique.

Puisqu’on parle science, laissons Patrick se rendre à la “Boulangerie Pâtisserie” pour se remettre de ses émotions, et penchons nous sur l’évènement central de la soirée.

Parvenu à la moitié du concert, Fetus évoque l’éternel conflit qui mène la marche du monde, pour introduire “Pipi Vs Caca” et lancer les hostilités :
wall of chiasse

On applaudit bien fort la Team Pipi, vaillante dans la défaite. Le groupe vit bien mais ils ont manqué de réalisme, il va falloir travailler tout ça en séance vidéo et mettre le paquet sur l’attaque au match retour. #Jargon

N’empêche, un wall of chiasse, ça te relance un concert, en particulier dans le grand n’importe quoi. Entre Batman VS Predator (autre conflit millénaire) qui permet à l’un de mes amis de tirer fièrement sur son slop à chauve-souris-homme, la Souris Verte (plus entendue depuis un certain temps), la Ch’nille moins anarchique mais plus efficace qu’au Hellfest (faut-il y voir une signification politique ?), et une improvisation dite “de jazz diabétique”. De quoi en sortir épuisé mais heureux, plein de bleus douloureux.

Le moment idéal pour une Minute Manard. A peu près le moment où je remarque que derrière Mathieu Bausson, le dessin à l’arrache exécuté par ledit Manard lors du concert de l’Alhambra trône, scotché sur son ampli. Serait-ce un autre dessin ? La ressemblance est frappante. Si ce n’est lui c’est donc son frère ? Tant de questions.

En attendant qu’Elise Lucet ne s’empare de l’enquête, Flockos passe derrière les fûts, Manard prend le micro et entonne Keken pour le plus grand bonheur de l’auditoire.

(Nous ne le savons pas encore, mais les réserves de Keken du Trianon sont déjà basses.)

Le temps de présenter les membres du groupe pendant Anthracte (avec l’aimable participation voix & choré de Lynda & Zaza, les Furies chantantes de la version studio), et la dernière ligne droite s’amorce. Pavée de tubes. I Like To Vomit retentit, sans toutefois que des galettes n’apparaissent dans les coins. Coins… Coins ? COIN-COIN-COIN chantent les Canards menés par Andréas fraîchement débarqué sur scène. Certes, il n’y reste pas longtemps, sautant dès que possible sur les bras de la fosse qui ne le lâchera plus jusqu’à l’extinction des feux.

La pause d’avant rappel n’a jamais semblé aussi courte. Peut être à cause de l’ambiance générale, ou de la hâte de reprendre la musique avant que des morceaux des moulures du Trianon ne commencent à se décrocher sous le grondement des VROUM VROUM qui résonnent.

161[1]

Quand les quatre compères tout de combinaisons vêtus reviennent sur scène, la salle déchaîne ce qu’elle compte encore d’énergie. Faut dire qu’un “Kammthaar” dans la face, ça remet d’équerre. La fin approche, chacun le sait et se démène sur les deux derniers morceaux : “Quand J’étais Petit” et enfin “Evier Metal,” dédié au gars qui s’est baladé tout le concert avec un évier en carton et aluminium à bout de bras.

Les héros ne portent pas systématiquement une cape.

Tout comme les membres du groupe qui sautent à leur tour dans le public, laissant à des sosies trouvés dans l’assistance le soin d’occuper la photo de fin de concert. Les adieux se prolongent, le bar, dévalisé, est à court de bière, les ticheurtes sont trempés. Alors oui, Ultra Vomit se répète un peu d’un concert à l’autre, mais personne ne leur en voudra, tant qu’on passera des soirées pareilles.

Merci à eux, merci aux gens, merci aux arbres sacrifiés pour produire le papier des dessins de merde, merci aux prods VeryCord  & Rage Tour, merci aux Canards.

 
 

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