
Quand on parle d’ Unsane, on parle des patrons du noise rock. Depuis 1988 ils passent les années et comme certaines choses, l’obsolescence programmé n’est pas pour eux et continuent donc à torturer leurs cordes de guitare et tabasser nos oreilles avec des disques qui ont passés les années avec la même rage sans avoir perdus en qualité. Il y a du corps qui n’a pas dépérit, c’est comme le reste du matos de l’époque, on faisait dans le solide. C’est donc avec impatience qu’on attendait une nouvelle galette des patrons noisers new yorkais et ceci depuis 2012 avec Wreck. Chris Spencer fait un peu ce qu’il veut et c’est ce qui fait l’intérêt du truc car aujourd’hui il est de retour. Ça nous manquait ce son crade, ce boucan de la Big Apple, cet étouffement de la métropole. On en fait plus des comme ça avec cette ambiance sale et poisseuse des années 90. Bref, pourquoi je vous raconte tout ça ? Juste parce qu ‘on sent quand même une pointe de nostalgie et un début de déprime qui arrive et voici qu’ils nous sortent Sterilize.
Enfin!
Pendant que d’autres sortent des prétextes a deux balles pour se justifier de leurs choix, on vous le dit tout de suite, Unsane en a rien à branler du reste et continue a jouer et sortir des disques comme à leurs débuts. Tout simplement avec les tripes, les origines on y revient pas car on ne s’y est jamais éloignés. Unsane l’annonce très clairement avec sa pochette ensanglanté, on continue à tacher comme le faisait Cronenberg dans les années 90. C’est sale a se taper des trucs pas clair a coup sur mais c’est ce qu’on aime.
Efficace comme le contenu, une hargne et le dégout du monde à travers cette voix toujours aussi encrassée , une ambiance poisseuse et des mélodies passées au papier de verre donnent de moments entre aliénation et dépression pour un ensemble qui reste sur le même fil. On reste dans le même sillon tracé dès 91, pas de surprises donc, mais un sillon toujours aussi crade, c’est à dire parfait pour nos oreilles. Les jamais satisfaits diront que c’est facile mais quand on arrive à te labourer la gueule avec les mêmes tripes qu’au début et bien pourquoi changer ?
Même si Sterilize forme un bloc compact 100% Unsane sur ces 10 titres du même calibre, cela n’empêche pas Mister Spencer de nous donner 2,3 os à mordre en plus. « Factory » dès l’entame te retourne le cerveau car entre grincements et cacophonie de métropole sans âmes et aliénante, il nous balance une mélodie sur un refrain qui donne de l’entrain, on fonce vers le vide mais dans la joie ou presque…. On est comme pris aux tripes à travers Sterilize et cette ballade dans ce monde immonde sans vie et plus d’envie. La guitare grince et les mélodies bien rêches ont toujours ce piquant qui montre que les patrons ne bougent pas. La voix porte ce mal-être du 21 eme siècle et c’est comme si toute la crasse s’accumule au fil de titres pour finir sur les rotules avec un « Avail » dégoulinant et complètement viscérale.
On aime assez souvent être dérouté, étonné mais avec Unsane c’est tout le contraire, on apprécie retrouver cette patte, sentir cette moisissure new yorkaise,ce monde occidental qui dévoile son vrai visage derrière cette façade qu’on a voulu lui construire. Il est crade, infecté jusqu’à l’os. Avec Sterilize on retrouve tout simplement ce qu’on aime , pas de surprise générale mais plutôt ce gout particulier comme celui du meilleur burger de la ville qui sortirait de la gargote la moins avenante de la cité. Le patron est toujours là et il est difficile de le déloger, va te faire foutre société capitaliste !
On s’est pris 10 ans d’espérance de vie en moins avec tout ce qu’on a ingéré mais Unsane reste Unsane et emmerde encore plus les années qui passent. Il ne reste plus qu’a profiter et les retrouver en live le 17 octobre au Petit Bain à Paris avec la promesse d’une soirée bien crade et généreuse.
UNSANE, Sterilize, Southern Lord Records, sortie 29 septembre 2017
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