Rencontre avec Marie, programmatrice du Cernunnos Pagan Fest

Le Cernunnos Pagan Fest est devenu le rendez-vous incontournable des amoureux du pagan metal et de la culture médiévale. Mais qui est derrière tout ce travail accompli pour notre plus grand plaisir ? Et bien une équipe de passionnés et surtout Marie des Acteurs de l’Ombre qui nous en dit un peu plus sur le festival.


 

 Bonjour Marie, peux-tu te présenter en quelques mots?

Marie : Je suis la programmatrice du festival depuis 2010 je m’occupe de l’intégralité de la programmation que ce soit en terme de groupes ou d’animations, je me charge du recrutement.

Comment et pourquoi t’es-tu greffée à ce projet ?

Marie : Il a été créé en 2006 par le président des Acteurs de l’Ombre de l’époque, Gérald Milani et on avait comme volonté de faire une date dédiée au Pagan. On a commencé par un festival avec seulement des groupes de musique. Comme ça a bien marché nous sommes allés plus loin la deuxième année, en 2007, en intégrant au festival une fête médiévale. On a inclus des groupes traditionnels et de musiques médiévales afin de développer et lier  les racines médiévales et traditionnelles qui se retrouvent dans cette branche du metal. C’était notre Cernunnos pagan fest.

 A ce moment-là je n’étais pas du tout dans la programmation ou l’organisation j’ai juste mis un peu la main à la pâte ! C’est un projet que j’adorais et en 2010, lorsque Gérald a quitté Paris, je l’ai repris toujours avec les Acteurs de l’Ombre et cette fois en tant que programmatrice.

Quels sont les critères de choix des groupes ? Au-delà  du Pagan y a-t-il un cahier des charges ?

Marie : Il y a évidemment la qualité musicale et d’exécution, il faut aussi que le rapport cachet-budget et notoriété soit correct. Du moment que dans les textes ou dans la musique,  il y a un rapport avec le pagan d’une manière générale le groupe peut être soit black, folk, celtique oriental ou viking ça n’a pas d’importance. Au contraire le Cernunnos s’ouvre à toutes les racines traditionnelles, contes ou légendes préchrétiennes.

Quelle a été la plus grande évolution au cours des éditions ?

Marie : Toutes les éditions qui se sont faites dans les salles de Paris, la Loco puis la Machine du Moulin Rouge, l’Elysée Montmartre aussi une fois, ont toutes eu la même configuration : un restaurant de repas traditionnels et recettes médiévales pour le public, des animations et des jeux qui font participer le public avec des lots à gagner, un marché médiéval avec des artisans sélectionnés pour leur vrai artisanat et non des stocks créés en Chine et des groupes qui tiennent la ligne directrice du festival. Et maintenant que nous avons déménagé à la Ferme du Buisson de Noisiel et que nous avons la possibilité de faire des choses en extérieur nous allons augmenter le niveau des animations et le niveau culturel interactif pour le public.

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Cernunnos Pagan Fest 2014, crédit photo: E.L.P photo

Est-ce que ce sont les artisans eux-mêmes qui vous démarchent ?

 Marie : Au départ nous nous sommes déplacés dans les fêtes médiévales pour voir ce qu’ils faisaient et pour discuter avec eux et proposer de venir pendant le Cernunnos. Il y a des artisans qui sont venus dès les premières éditions et qui reviennent quasiment tous les ans. Le bouche à oreille fait que maintenant nous sommes démarchés par des gens qui veulent venir exposer, et notre critère de choix se porte sur la variété, l’artisanat en lui-même. On cherche à éviter la redondance, on veut que ce soit  ouvert et varié. En ce qui concerne les animations c’est la même chose au départ on est allé chercher les gens dans les associations,  on a essayé de les convaincre de venir animer et maintenant nous sommes démarchés par des gens qui  adorent le festival et veulent revenir pour animer. Ce sont des associations de reconstitution de combats, de vie quotidienne, de jeux, de danses, contes…

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On sent bien au fil des éditions l’impact de l’aspect culturel et surtout authentique…

Marie : On veut sortir du cadre classique du festival metal avec des groupes et quelques stands de merch à côté. La volonté de la reconstitution historique, le choix des troupes, et le fait qu’on veuille inclure le public dans une démarche interactive et pas seulement une exposition,  c’est vraiment la particularité qu’on souhaite donner au festival. C’est un festival pour le public sur la thématique du pagan, des racines culturelles. Et nous sommes attachés à l’interaction, à la participation des gens dans cette ambiance friendly très ouverte.

Le festival se déroule donc maintenant à la Ferme du Buisson de Noisiel, comment as-tu trouvé cet endroit et comment ça s’est passé ?

Marie : On a cherché dans un agenda qui répertorie les salles d’Ile de France, on a sélectionné les salles avec  des capacités d’accueil qui nous convenaient et qui offraient plusieurs scènes et une possibilité de modulation de l’espace qu’on ne pouvait plus avoir à la Machine du Moulin Rouge. J’avais le choix entre augmenter le prix du billet tous les ans pour pouvoir payer des têtes d’affiche et un plateau artistique de plus en plus attractif ou bien déménager dans plus grand avec le risque de ne pas voir tout le monde revenir. J’ai choisi cette option et on a essayé de contacter la Ferme du Buisson pendant 2 ans. Ça n’a pas vraiment marché au début puis vers juin 2016 nous avons eu une réponse et on a pu les voir et présenter le projet et voilà, on a déplacé le festival là-bas.

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Perkelt @ Cernunnos Pagan fest 2017 Crédit photo : Aurélie Margerin

Et de ton point de vue comment s’est passée l’édition de cette année ?

Marie : De mon point de vue c’est une des meilleures ! Ne serait-ce que l’accueil chaleureux de la salle, les ingés-son ont fait tous les efforts possibles pour que le son soit restitué et l’ambiance agréable pour tout le monde. Tout était préparé à l’avance, ils étaient réactifs et efficaces par mail sur les questions techniques. A chaque fois que nous avons eu des contraintes, ils ont été très rapides. Un travail de consorts donc très positif et motivant ! On avait tous la patate ! Et le déroulement de la journée s’est très bien passé, on a eu froid et il y a toujours des petits détails mais pour une première fois dans un nouveau lieu ça a vraiment été exceptionnel. On y retourne directement pour l’année prochaine ! J’ai été très touchée de voir des personnes du bureau venir et s’amuser, on s’est croisés et on a eu des compliments !

Et du côté des groupes qui étaient déjà venus lors des précédentes éditions et étaient là aussi cette année, qu’en ont-ils pensé ?

Marie : Ils ont adoré. La Ferme du Buisson offre une capacité d’accueil en backstage et en loge qui est supérieur à la Machine, donc le confort pour les groupes c’est vraiment bien amélioré. Tous les groupes en sont contents. Les scènes sont spacieuses, les salles sont bien sonorisées, on a un bon retour de leur part et j’espère que le bouche à oreille portera ses fruits pour plus tard !

En 2018 ce sera la 10ème édition du festival, y aura-t-il des surprises ?

Marie : Pour commencer c’est sur deux jours, on saute le pas ! Ensuite j’ai  à cœur de développer la partie accessible gratuitement au public local et j’ai envie de développer des animations et des activités de contes interactifs, de musique, de maquillage, de jeux pour les enfants.  Je veux permettre au festival d’avoir une implantation locale, familiale dans la journée qui lui donne une autre dimension et sortir du cadre festivalier avec accès seulement en payant sa place. Evidemment les concerts ne seront accessibles qu’aux festivaliers. Mais pour les locaux il y aura un accueil supplémentaire pour les enfants. Puis on veut exploiter et optimiser au mieux les lieux pour que ce soit encore mieux !

Il y aura un tremplin ?

Marie : On essaie d’organiser ça. Il y aura soit une seule place ou peut-être deux, une pour jouer le samedi et une pour le dimanche. L’intérêt du tremplin est aussi de voir ce que vaut un groupe sur scène on peut se rendre compte et faire découvrir de nouveaux groupes qui débutent.

Y’a-t-il des groupes que toi personnellement tu aimerais voir jouer au festival ?

Marie : Oui, j’ai des groupes fétiches que j’essaie régulièrement de contacter, j’ai eu un rêve d’accompli : Primordial , ça m’a pris cinq ans ! Ça s’est fait dans des super conditions. Ensuite j’ai des coups de cœur que je réinvite régulièrement comme Fejd , le genre de groupe que j’affectionne énormément.  Puis il y a des groupes comme Omnia , Faun , Metsatöll  que j’aimerais bien avoir mais pour l’instant ce n’est rien de concret.

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Fejd @ Cernunnos Pagan Fest 2017 Crédit photo : Aurélie Margerin

Tu me disais que l’édition 2017 était la meilleure selon toi…

Marie : La meilleure dans sa globalité car la journée a été facile, j’ai de l’expérience comme c’est ma 6ème programmation. Si je compare à 2010 et bien j’étais calme, fonctionnelle, il y a l’expérience du terrain, des années. C’était confortable aussi car j’ai des super chefs d’équipes bénévoles qui abattent un travail titanesque. J’ai un chef d’équipe médiévale qui s’occupe de tout le recrutement des artisans, de la communication, du placement le jour J et c’est une grosse part. J’ai un chef barman aussi, un chef technique qui s’occupe de la scène, de tout l’aspect technique comme le changement de plateau. Comme je suis très bien épaulée le jour J il y a forcément moins de stress.

As-tu un souvenir vraiment marquant ?

Marie : Le passage de Corvux Corax était impressionnant ils ont beaucoup d’instruments et donc beaucoup de matos ! Ils ont mis 1h30 pour s’installer ! Sinon tous les ans je me dis que je vais aller voir les groupes, que je vais aller discuter dans les loges et en fait je n’ai jamais le temps. Je pense qu’inconsciemment je n’arrive pas à me poser pour voir l’intégralité d’un concert. Ou bien alors je suis happée par quelque chose et je rate le groupe. Donc les groupes fétiches que j’invite et dont je suis fière d’avoir programmés je sais que je ne les verrais probablement pas pendant le festival. Si je veux les voir il faut que je sois moi-même festivalière !

Il y a eu aussi un aspect marquant négatif  c’était la qualité déplorable du son à l’Elysée Montmartre en 2010. Ça m’a marquée car ça a un peu détruit le festival, pas la réputation mais les groupes n’étaient pas contents ni le public. C’était décevant de n’avoir rien pu faire pour améliorer le son. Il y a un côté frustrant qui reste puis les années suivantes on se dit que ça ne se reproduira pas, je ne me ferai pas avoir ! On apprend à être vigilant et exigeant sur les prestations.

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Crédit photo : Deuskin photography

Voudrais-tu dire un petit mot en particulier pour finir ?

Marie : J’ai ce festival vraiment à cœur depuis que j’organise des concerts avec les Acteurs de l’Ombre, depuis 2008. C’est le festival qui m’a le plus emballée et sur lequel je m’investis le plus. J’ai arrêté tous les petits concerts qu’on avait l’habitude de faire au Klub, puis il y a ce festival qui s’appelait Black Metal is Rising  dédié au black metal, même celui-là je l’ai arrêté. Le Cernunnos c’est vraiment un coup de cœur énorme et j’y donne toute mon énergie. C’est un festival pour lequel je suis complètement bénévole, quasiment tout le monde l’est. C’est une gestion presque familiale avec une ambiance vraiment festive et on espère vraiment pouvoir garder cette touche. Certaines personnes travaillent avec moi depuis dix ans on a vécu de bons et de mauvais moments  on a donc une expérience commune qui fait qu’on est soudés et on espère que cela continuera comme ça. S’il y a bien une chose que je souhaite continuer c’est le Cernunnos Pagan fest !

Merci beaucoup d’avoir consacré du temps à The Unchained !

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Plus d’informations sur la prochaine édition du Cernunnos Pagan Fest sur le site officiel  et le facebook:
https://www.cernunnos-festival.fr/
https://www.facebook.com/cernunnos.festival/?fref=ts
 

 

 
 

Merci à Sarah de Dooweet Agency.

Propos recueillis par Cindy.

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