L'oeuvre de Dan Cretu vue par Emma

Quel beau monde nous sommes ! A l’ère 2.0 nous communiquons de plus en plus à travers des écrans, le mot selfie est entré dans les mœurs, il a même gagné sa place dans le dictionnaire.

Les réseaux sociaux prennent de plus en plus de place, du plus petit au grand âge, nous manions l’art de l’appareil photo sur téléphone portable d’une simplicité, en quelques secondes, avec notre magnifique selfie, nous voici sur la toile 2.0, aussi quasi infini soit elle, noyé parmi des milliards d’autres photos de visages ayant la même mou : regard rivé sur l’objectif de notre smartphone et bouche légèrement en canard. Ainsi nous communiquons nos états d’âmes avec des statuts, citations ou autre lubie à la seconde près où des événements de notre vie arrive, ça devient alors des interactions sociales 2.0 quasi instantanée voir même du direct si on décide alors de prendre des vidéos qui se balance instantanément sur la toile.

On offre alors une possibilité d’entrer dans la vie personnelle d’une personne aussi vite qu’un souffle.

Non ! Vous n’êtes pas dans un épisode de Black mirror. Vous n’êtes pas non plus dans une vision d’un avenir proche, mais bel et bien dans une réalité.
Instagram, le réseau social par excellence de la photo, permet à ses utilisateurs de suivre la vie des gens par des clichés… c’est ainsi que nous avons accès à leurs vies, leurs passions ou autres sujets plus ou moins farfelues.
800 millions. Non ce n’est pas le nombre d’habitant dans un pays, mais bien le nombre d’utilisateurs sur Instagram. 800 millions de personnes partageant entre eux leurs intimités (ce mot perd d’un coup son sens).
L’univers des réseaux sociaux fait débat, on pourra boire un café autour de ce sujet là si vous voulez mais… il n’accentuera pas cet article.
L’univers des réseaux sociaux fait malgré lui partie de notre culture actuelle.

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Je vous parle de cela car cette culture-là, celle du selfie publié à travers les réseaux sociaux et principalement Instagram, c’est aussi ce que l’artiste Dan Cretu a essayé de nous montrer.
Il permet alors de relever des questions de toute une génération, sommes-nous des Narcisse ?
Au final, le mythe grecque de Narcisse est vieux de plusieurs siècles, cela veut il dire que nous avons toujours été des Narcisse et que nous sommes juste l’aboutissement de ce mythe ? Cet œuvre est forte, elle dénonce une génération qui ne semble pas prendre conscience des questionnements dû à ce geste, qui est pourtant simple : se prendre en photo.
Que cherchons-nous à faire à travers ce geste ? de la reconnaissance auprès d’autrui ? sommes-nous une génération qui manque de confiance ? sommes-nous une génération trop connectée ?
La jeune demoiselle assise regardant narcisse, est-elle la représentation d’une certaine inquiétude face à ce geste ?
Ce Narcisse 2.0 qui ne se regarde plus à travers de l’eau mais à travers un écran, et le réseau social Instagram, démontre bien que notre monde a changé.
Notre intérêt n’est plus de voir simplement son propre reflet, mais de montrer son propre reflet à des millions d’utilisateurs et de se contempler à travers le regard de plusieurs personnes inconnus ou familières.

Dan Cretu arrive avec perfection à déclencher chez son spectateur des questions sur notre monde, sur notre connexion à cette ère 2.0 qui penche dangereusement dans un narcissisme à demi assumé.
Mais au fait, qui est Dan Cretu ? c’est un photographe et artiste roumain, il a 31 ans, et vit à Bucarest. Il est principalement connu pour ses sculptures en fruits et légumes qui avait pour but de recréer des objets du quotidien (Playing with Food), décalé, frais et rigolo, ses sculptures avaient beaucoup fait parler de son œil artistique aiguisé. L’ensemble de son œuvre est toujours sur un ton décalé mais il suffit de se pencher sur chacune d’entre elle pour ressentir les questions de toute une génération.
Ses œuvres reprennent beaucoup les codes du pop art, il utilise la technique du collage et de juxtaposition pour rendre une image simple en image décalée. Comme il a pu le faire avec cette œuvre de Narcisse. Sa spécialité reste le détournant des objets du quotidien, des icônes, des statues, pour en faire des images amusantes et surprenantes.

Il y a d’autres œuvres de lui qui relèvent de cette identité 2.0 que l’on a tous malgré nous. J’ai choisi de vous montrer cet œuvre car à mon sens, c’est la plus forte de sa série.
Utiliser cette image, celle de Narcisse que nous connaissons tous, pour la détourner et nous montrer à quel point le Narcisse d’aujourd’hui peut être à la fois le même mais aussi différent, prouve encore une fois que nous n’avons pas encore pris conscience de l’impact que peux avoir le web sur notre image, notre vie.

Texte : Emma
 

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