
S’il fallait associer le nom de Samael à une qualité humaine, quelle qu’elle soit, je citerais sans hésitation l’une d’elles : La persévérance. En effet, en trente ans d’existence, les suisses n’ont jamais dévié du chemin qui leur était assigné dès le départ, influençant de nombreuses formations au passage parmi lesquelles on peut citer notamment Dimmu Borgir ou Septic Flesh. Cependant, ne vous méprenez pas sur mes propos : Si l’on sent indéniablement une certaine continuité tout le long de leur carrière, les vétérans de Samael ont néanmoins su se remettre en question et se renouveler considérablement au cours du temps. En effet, depuis leur premier album (Worship him, sorti en 1991 sur le label français Osmose Productions), le style des suisses a beaucoup évolué. Si le groupe jouait à l’époque un black / death metal assez classique et rudimentaire, leur musique s’est fait progressivement beaucoup plus sophistiquée jusqu’à donner ce qu’elle est aujourd’hui : La quintessence même du black metal industriel.
En effet, dès 1994, le groupe avait franchi une étape majeure avec l’album Ceremony of opposites qui marquait un tournant vers quelque chose de plus symphonique et orchestral avec l’utilisation de synthétiseurs. Vingt trois ans plus tard, la métamorphose du groupe semble achevée. Cette dernière est visible jusque dans le logo du groupe, dont le graphisme est désormais très dépouillé. A la seule vue de la pochette de l’album (laquelle représente un œil au milieu d’un triangle sur fond rouge sang évoquant l’iconographie maçonnique), on se doute que le bien nommé Hegemony est sans conteste l’album de la maturité pour Samael. La dimension orchestrale de leur musique se trouve à son apogée, comme en témoigne des titres comme « Against all enemies », « Rite of renewal » ou le titre éponyme de l’album (« Hegemony »). A l’instar du précédent album (Lux Mundi) qui est sorti il y a déjà six ans, Hegemony est un album majestueux qui semble dicté par la volonté de se surpasser tout en restant dans la même lignée. Si l’on peut déplorer le manque de diversité entre les titres de l’album, on ne peut que s’incliner devant les riffs implacables et les arrangements des morceaux de ce disque. Samael n’a rien perdu de sa hargne d’antan mais celle-ci est désormais plus maîtrisée et a donc gagné en intensité et en force, comme sur le titre « Samael » qui incarne à lui seul l’évolution récente du groupe. Enfin, au chapitre des curiosités, on peut citer une reprise plutôt inédite figurant à la fin du disque : Il s’agit d’un titre des Beatles, « Helter Skelter », déjà repris par Mötley Crue auparavant en raison du son déjà très metal de la chanson originale. La reprise par Samael transforme complètement ce titre un peu à part dans la discographie des pionniers de la pop anglaise et lui confère une nouvelle dimension. Pour conclure, je ne peux que vous conseiller de vous procurer cet album qui mérite de figurer au panthéon du métal indus et du black métal.
Hegemony sortira sur Napalm Records le 13 octobre 2017
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