
L’or vert nous livre sa légende
Le musée Te papa Tongarewa est un musée national de Nouvelle-Zélande situé à Wellington. Son nom signifie « le lieu des trésors de cette terre ». D’un herbier de 250 000 spécimens, aux archives de la poste néo-zélandaise en passant par un calamar géant de 4,2m de long , sa collection est pour le moins variée. Le Te Papa, en collaboration avec l’une des principales tribus du sud de la Nouvelle-Zélande, l’iwi Ngāi Tahu, nous proposent de découvrir au musée du quai Branly-Jacques Chirac du 23 mai au 1er octobre, l’exposition intitulée « la pierre sacrée des Māori ». Un titre bien mystérieux auquel je n’ai pas su résister, et si vous hésitez encore, laissez-moi vous en dire un peu plus.
L’exposition repose sur l’équilibre entre explications scientifiques et récits légendaires. Vous y découvrirez l’origine de la pierre appelée pounamu, sa composition, ses différentes variétés d’un point de vue géologique, mais aussi selon la catégorisation définie par les māori. Cette approche pédagogique est tout à fait captivante, notamment grâce à l’invitation, plutôt exceptionnelle, à toucher les pierres. Le visiteur est incité à sentir la douceur, la fraîcheur et les différences de textures de chaque sorte de pounamu. Une occasion à ne pas manquer ! Ces explications faisant appel à de nombreux termes māori, en sont très largement teintées de poésie. Les termes māori sont en effet très imagés, c’est un langage fait de métaphores. De quoi adoucir un parcours très précis et faire notamment du toucher des pierres, une expérience forte, quelque peu mystique. L’importance des énergies et la préciosité de ces jades aux yeux des māori étant assez bien transmises au visiteur, son expérience au contact des blocs en est forcément transformée.
“Pounamu” est un terme qui désigne donc différents types de pierres, toutes présentes dans les rivières du Te Wai Pounamu, signifiant « les eaux de la pierre verte », dans la région du même nom au sud-ouest de l’archipel. Ce territoire est préservé, le lien entre les māori et ce que leur offre la nature est sacré et les sources des matérieux de ces trésors sont souvent protégées.
Dans une variété de nuances de verts éblouissante, sont exposés un ensemble d’objets traditionnels divisés en trois catégories : les outils, les ornements et les armes. Deux vitrines sont particulièrement impressionantes. Elles sont dédiées aux deux objets les plus appréciés des māori et les plus connus à travers le monde : le hei tiki et le mere. Le premier est un pendentif anthropomorphe, longtemps réservé à la noblesse māori, il est aussi un talisman qui protège et favorise la fertilité. Le second est une courte massue, aujourd’hui emblème lors de cérémonies, elle était autrefois l’arme du chef, symbolisait sa puissance, et permettait de sceller des accords de paix lorsqu’elle était offerte. Mais sa fonction première était guerrière, c’était une massue redoutable qui permettait à son pocesseur de fracasser le crâne de son ennemi ! Ces deux objets sont présentés en très grand nombre dans deux vitrines étourdissantes, dans lesquelles l’histoire de chaque hei tiki et de chaque mere présenté, est précisée. En effet chaque oeuvre a une histoire qui nourrit sa force vitale et ajoute à sa valeur. L’importance de la transmission de l’objet est très clairement illustrée. Toutes ces sculptures permettent d’appréhender un aspect primordial de la culture māori, la transmission de génération en génération, qu’il s’agisse d’objets, de légendes, ou d’enseignements. La pierre est toujours associée à une histoire, qui dans son récit, cache un savoir, philosophique mais aussi plus concret, parfois technique ou même scientifique. La transmission orale étaient le seul moyen d’éduquer. Ainsi les récits de légendes se multiplièrent et permettent aujourd’hui d’accompagner le parcours de cette exposition d’une ambiance poétique et fantastique. Si vous êtes friands de créatures marines divines, de dieux pleurant leur dulcinée, et de métamorphoses surnaturelles, n’hésitez plus.

On pourrait presque s’attendre à plus de récits, plus de légendes, mais cette courte exposition a probalement plus pour vocation d’attiser la curiosité envers cette culture, plus que d’en faire une présentation exhaustive. Le parcours reste concentré sur la pierre et sur l’objet devenu trésor et emblème de l’identité nationale néo-zélandaise, aujourd’hui aux yeux des néo-zélandais non-māori également.
Une exposition poétique, qui émerveille par ses couleurs, ses mythes et ses textures, à découvrir jusqu’au 1er octobre 2017 au musée du Quai Branly-Jacques Chirac à Paris.
Pour plus de rensignements, rendez-vous sur le site du musée : http://www.quaibranly.fr/fr/expositions-evenements/au-musee/expositions/details-de-levenement/e/la-pierre-sacree-des-maori-37511/
Texte: Sophie
Photos: ©musée du quai branly
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