FLOGGING MOLLY @ LE BATACLAN – 04/07/2017

Alors. On va immédiatement poser les tripes sur la table. Sur les 4 ou 5 concerts de Flogging Molly vus depuis 2004, celui-ci était le meilleur. Cette affirmation, bien que totalement subjective reste valable quelques jours plus tard, ce qui tend à la confirmer.
(Parce que bon, faut bien avouer qu’à chaque sortie de concert, j’ai tendance à hurler que c’était le meilleur de ma vie)
Mais procédons en toute logique et sérieux (relatifs).

L’horaire indiqué sur le ticket étant trompeur, les fous furieux de Celkilt commencent leur set devant une salle à peine remplie au tiers. Totale découverte pour mon compte, et pas des moindres. Non seulement côté style, ils forment la première partie idéale pour Flogging Molly, mais ils déchaînent une ambiance de toutes les diables. La joyeuse bande virevolte et bondit, avec la même énergie que s’ils jouaient au stade du Moustoir, et surtout avec une efficacité certaine sur l’assistance. Et vas-y qu’on s’attrape par les auriculaires et qu’on danse en ligne avec une synchro des rangs contestable. Et vas-y qu’on s’accroupit tous et qu’on se jette en l’air au top départ et qu’on se remet à danser. Et vas-y que le groupe d’à côté lance une chenille qui termine sa course forte de 70% de la fosse. Et vas-y que couverts de sueur, on s’attrape par les épaules, potes ou voisins inconnus et qu’on se serre et qu’on se balance lentement dans un joli moment d’émotion (#PetiteLarme)… Et bien sûr qu’on chante plus fort que la cornemuse !

 
 

Au fur et à mesure que la salle se remplit, la fosse ne connaît pas de temps mort. Impossible de résister à un rock celtique aussi convaincant. Nul besoin de temps de chauffe pour les spectateurs fraîchement arrivés et déjà galvanisés par les encouragements du groupe. Autour de nous, que des sourires et une impérieuse envie de sauter partout malgré l’essoufflement, soit la preuve que Celkilt n’aura laissé personne indifférent dans la salle. À revoir absolument à la prochaine occasion.

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Quand la joyeuse bande de Flogging Molly (20 ans au compteur sans changement de line-up) entre sur scène, la salle s’est remplie, et voilà le Bataclan embarqué pour près de deux heures d’un splendide sandwich constitué d’une bonne base d’émotion entre deux grosses tranches de bordel et de joie. Attends, tu vas comprendre.
Déjà, le set rudement équilibré pioche un peu dans tous les albums. Ils sortent tous les tubes, ceux qui font danser les pieds et le cœur même quand le reste du corps fatigue. Entonnent “Laura” titre ancien mais jamais joué à Paris auparavant. Parfois, un morceau s’annonce plus doux, plus lent, mais la force de Flogging Molly réside précisément dans ces moments. Tu peux écouter l’album bien peinard dans ton canapé, et décider d’une ballade qu’elle est calme, voire molle. Mais la même chanson en live prendra une dimension différente.

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Est-ce que ça tient à la voix de Dave King, au son plus claquant des guitares et des choeurs, à la batterie plus présente ? Impossible à déterminer, sinon que le résultat est là. La mélodie arrive comme une lame de fond et te bouleverse jusqu’au fond des organes. La charge émotionnelle submerge la salle, y compris lors des nouvelles chansons, forcément moins connues du public. Pas question de profiter pour faire une pause, aller aux toilettes ou autre !
L’exemple le plus frappant de cette forme de magie advient en rappel, pour “Crushed”. Issu du nouvel album (sorti un petit mois auparavant), le morceau hautement politique conquiert petit à petit tout le public, qui chante comme si son bonheur en dépendait.
J’ai coutume de décider de la validation d’un concert sur trois critères ; est-ce que je danse ? Est-ce que je verse une larme ? Est-ce que j’ai les poils au garde-à-vous ? Eh bien rien que sur ce morceau, on coche toutes les cases à la fois.

 
 

La tranche suivante du sandwich, c’est son côté bordélique et ce, dans le meilleur sens du terme. On trouve tous les âges et tous les styles dans le public, du vieux briscard à la nana qui sort du boulot, des métaleux en kilt aux punkettes ou aux hipsters, et tout ce monde-là se rentre amicalement dans le lard dans un moshpit bien plus animé que prévu. Les tentatives de slam sont aussi nombreuses qu’anarchiques, les premiers concernés voguant dans des directions confuses. Et bien entendu, le bordel au bar malgré la gentillesse du staff qui peine à répondre à l’affluence et aux mines ravagées à la vue de la taille des gobelets. Gobelets qui volent d’ailleurs dans tous les sens pendant le show sans trop de ravages.

 
 

Enfin, ingrédient le plus savoureux de la soirée : c’était un concert immensément joyeux. Certes, la musique, sa rythmique, son esprit général s’y prêtent déjà, d’où les sourires éclatants sur le visage des gens sautillant dans la fosse. Là, le groupe lui aussi semble vivre une soirée inoubliable. L’essentiel de leur réserve de Guinness est offerte au public tout au long du show, Dave King termine trempé et chemise ouverte, Bridget Regan raconte des anecdotes inaudibles qui font rire ses collègues, George Schwindt vanne la France sur la qualité de sa bière… En clôture, le groupe entier restera longuement sur la scène pendant la bande montypythonesque “Always look on the bright side of life”, jouant les marioles, balançant toutes sortes de choses dans la salle (y compris la chemise de Dave King). Poussant même le plaisir jusqu’à redonner un miniconcert acoustique et improvisé à l’Apérock tout voisin (d’après témoins hein, J’AI LOUPÉ ÇA !). De quoi remplir les batteries pour un moment et rendre tout un chacun imperméable à la mauvaise humeur !

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Et puis… Et puis on n’oublie pas qu’on était là au Bataclan, où il sera toujours difficile d’entrer sans que le cœur ne se serre. Mais cette soirée assure, dans la communion ressentie, la nécessité de l’existence de cette salle comme lieu de concerts. Enfin, surtout, on constate qu’un concert si empli de bonheur, de lâcher prise et de joyeux bordel, est encore la meilleure chose qui puisse y arriver.

Merci à Replica promotion et Live Nation
Texte: Sarah
Photos: Erwan
 

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