
Lorsque l’on est conquis par un groupe, il y a toujours un moment d’appréhension, ce moment où l’on retient son souffle avant d’entamer l’écoute du tout nouvel album, du ou des nouveaux titres qui commencent à circuler. Si les précédents albums de Sólstafir offraient une satisfaction enivrante on pourrait se dire mais qu’ont-ils à ajouter ?
Jusque là ils ont toujours réussi ce pari exceptionnel de lier une musique à un environnement. Sólstafir c’est l’Islande, ce sont les plages de sable noir mais aussi les paysages contrastés entre lacs, glaciers et volcans. Oui mais maintenant comment vont-ils trouver leur inspiration pour ce sixième album et le départ d’un des membres d’origine ? Sans Guðmundur Óli Pálmason ( batteur) il est raisonnable de penser que le son caractéristique risque de changer quelque peu… Et bien ce serait oublier à qui on a affaire ! Les ressources islandaises semblent inépuisables puisque Sólstafir réussit encore à nous surprendre, ils savent changer la donne tout en restant fidèles à leur son unique et transcendant.
« Silfur-Refur », premier titre, nous fait retrouver la singularité poétique du groupe. S’il y a bien une chose qui ne change pas, c’est ce sentiment d’être transporté. Suite logique de Ótta l’ambiance post-rock va prendre en revanche un tournant avec « Ísafold » et ses riffs plus rythmés style rock des années 70. Ce nouvel aspect loin d’être déplaisant revient dans quelques titres comme le superbe « Hvít Sæng » ou encore « Ambátt » contrastant habilement avec les introductions languissantes au piano ou avec des chœurs et des guitares plus pesantes.
Ce jeu d’énergies opposées ajoute une dimension rendant la musique toujours plus surprenante au milieu de morceaux plus traditionnels comme « Nárós » qui, progressivement, passe d’une balade mélancolique à un son légèrement plus cadencé mais non moins envoûtant.
L’album se termine sur « Bláfjall » introduit par une angoissante mélodie à l’orgue sur laquelle vient s’ajouter le singulier et très reconnaissable chant plaintif. Le morceau monte tranquillement en intensité et condense un peu toutes les expérimentations de l’album sur des riffs très metal contrastant définitivement avec la prestance atmosphérique qu’on avait l’habitude d’entendre.
Sólstafir introduit avec subtilité de nouveaux éléments pour un rendu toujours plus déconcertant. Le résultat en est saisissant, on s’éloigne doucement de Ótta sans pour autant en perdre complètement l’essence. Malgré ce que diront les détracteurs, les islandais savent rebondir, sans cesser de produire une musique chargée en émotions.
Sólstafir – Berdreyminn – sorti le 26 mai 2017 chez Season Of Mist.
Texte : Cindy
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