
S’il y a bien un groupe dont nous attendions un album comme des enfants à l’approche de Noël, c’est bien The One Hundred. Il faut dire que ne sortir qu’un EP en 9 ans est bien souvent mauvais signe…. Mais pas quand on s’appelle The One Hundred. Cela leur a demandé des efforts, mais le 2 juin dernier, notre souhait a été exaucé puisque la formation nous offre un opus de 12 titres intitulé Chaos + Bliss, sous le label Spinefarm Records.
Après un EP d’enfer (Subculture), plusieurs tournées en tant que band support de Papa Roach, Don Broco, un Slam Dunk, un Download Festival, et une date sold out en tête d’affiche à Londres, il faut dire que nous commencions à nous impatienter de savoir ce que proposeraient ces petits prodiges (car oui, autant d’objectifs atteint avec seulement cinq chansons tient de l’exploit) sur leur premier album. Parce qu’un album, ce n’est pas rien, on n’est plus dans l’essai, mais bel et bien dans ce qu’on propose pour se présenter, qui nous reflète et révèle nos aspirations. Alors oui, nous les attendions.
La formation avait déjà dévoilé leur titre “Monster”, puis un single “Dark Matter”, ainsi que “Retreat” en live, et toutes avaient déjà fait leur petit effet auprès du public, malgré l’écart que ces titres avaient avec l’EP.
Et du changement, il y en a. La première chose que nous relevons est la qualité du mix qui semble bien plus travaillé et qualitative encore. Plus subtil, plus lourd, mais surtout plus carré. Rien ne dépasse, rien ne manque. En quelques années seulement, ils sont passés dans la cour des grands, sans même avoir le temps de patauger dans celle des petits.
Et il faut dire qu’ils en ont fait, du chemin. Instrumentalement, les garçons nous offrent des morceaux plus matures. Peut-être moins violents au premier abord, mais bien plus incisifs, lourds, et efficaces. La rapidité en moins, nous quittons peu à peu la démonstration bluffante pour arriver dans une prestation d’artistes qui jouent toutes leurs cartes, et montrent l’étendue de leurs talents. La guitare détonne, les riffs nous attrapent et nous envoient valser de tous les côtés, tandis que la basse nous agrippe, la batterie nous rappelle notre pulsation, tandis que les samples servent avec brio le reste des morceaux, ainsi que l’univers dans lequel ils nous plongent : non pas totalement dans le réel, mais les pieds dedans, et le regard au-dessus du réel.
Les garçons jonglent avec habileté entre les différents genres, en les faisant leur à chaque fois. Ils flirtent avec les mélodies, et les estampillent de leur nom avec une facilité déconcertante. Nous pourrions presque dire qu’ils sont 100, et un à la fois, tant ils arrivent à unir cette diversité, en la faisant leur. L’univers de la musique est leur cour, et ils en sont les rois. Ils viennent en inquisiteurs, et sont prêts à faire découvrir toutes leurs facettes, sans complexe. Ainsi, on y trouve du nu-metal, du hardcore, de l’électro, du hip-hop, des titres plus dance comme “Boomtown”. On y trouve toutes leurs influences, mais cuisinées à leur sauce : ils montrent une proximité avec Enter Shikari, Hacktivist, Crossfaith, parfois Linkin Park, et peut-être oserons nous dire Letlive. sur certains aspects ?
Ainsi, on y trouve du chant clair, et ce n’est pas un mal. De fait, la sublime et positive “Who We Are Now”, gros coup de cœur du disque est une véritable bouffée d’air frais dans ce flot énergique. De même que la voix féminine de “Bloomtown” se marie parfaitement avec celle du chanteur et apporte une nouvelle dimension au morceau.
Le rap aiguisé et passionné de Jacob est épatant, brutal et technique. Il semble lui sortir directement des veines. Chaque mot est une nouvelle claque, et les morceaux ne semblent pas nous laisser souffler tant nous sommes violentés par ces paroles intelligemment hostiles, comme un cri d’une génération, une vendetta. Elles sont des cris du cœur, et de la raison. La formation qui avait confié par le passé ne pas vouloir s’engager politiquement dans leurs textes (malgré les doutes que nous avions) semble pourtant très engagée sur ce plan-ci à travers ces paroles très axées sur la société et ses travers. Même les backvocals de cheerleaders dans la chanson titre sonnent comme une critique.
De A à Z, on en prend plein les oreilles, et de A à Z, on est portés à réfléchir, à questionner nos acquis : existentiels, ou musicaux.
Au final, Chaos + Bliss est hyper moderne, sans pour autant se perdre dans le mainstream, loin de là. Il est moderne en étant décalé, et c’est un délice de les découvrir sous ce jour-ci. Cet opus est un incontournable (et addictif !) de 2017, de par sa qualité, mais également parce qu’il définit parfaitement le climat dans lequel nous sommes aujourd’hui : il est un constat musical et intellectuel de notre société et époque.
En osant un tel premier album, aussi couillu, il ne fait aucun doute que ce n’est que le début du chemin qui se dessine ici pour le quartet britannique.
Nous les surveillons de près, et vous deviez en faire autant.
Nous les surveillons de près, et vous deviez en faire autant.
Texte : Aurélie
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