
[Disclaimer ! Pour des raisons d’accréditation tardive, le texte suivant sera entièrement illustré à l’arrache avec les moyens du bord. Merci de votre compréhension.]
[PS : De toutes façons, on imagine que si vous le lisez, soit vous y étiez, soit vous y serez prochainement. On compte sur vous.]
[PS du PS : L’écriture de cette chronique suivant directement le concert, réjouissez-vous de vivre dans un monde où l’odorama n’existe pas sur les internets. Veinards.]
Ces quelques faits établis, on peut y aller.
An de grâce 2017. Le groupe Ultra Vomit décide enfin de s’extirper de sa torpeur, et de pondre un album, “Panzer Surprise”, le premier depuis 9 ans. Hé ouais. “Objectif : Thunes”, c’était 2008, année qui a connu la demande en mariage de Raymond Domenech et la sortie cinéma d’Astérix aux Jeux Olympiques. Ça ne rajeunit personne ces histoires.
Forts de cette nouvelle offre culturelle, les Nantais n’ont pas perdu une minute avant de prendre la route pour écumer les salles de concerts pour la plus grande joie des petits, des grands, et des ados attardés. La première date parisienne remplit l’Alhambra et démarre sur les chapeaux de roues avec Furies en première partie.
Alors. Qu’en dire ?
Furies, groupe parisien, se repère car totalement paritaire. Constitué de deux filles, deux garçons. Deux avec des clous et des trucs qui brillent partout, deux sans. Moitié blond, moitié brun. Deux en cuir, deux en spandex. Deux qui ADORENT Judas Priest et deux qui VOUENT UN CULTE à Judas Priest. Tous n’hésitent pas à reprendre la bande à Halford dans la joie, et la boucle de ceinture à munitions est bouclée.
Honnêtement, ouvrir pour Ultra Vomit doit être un cauchemar de pression. Les premières parties étant généralement calées en fonction du style de la tête d’affiche, la seule option cohérente eut été Giedré, déjà occupée à la Fistinière le même weekend (ceci n’est MÊME PAS une vanne).
Mais si Furies ne se démonte pas, quelque part, la mayonnaise ne prend pas vraiment. Leur style hard rock ultra vintage n’entraîne qu’une fraction du public, les autres se chauffant au bar, écoutant distraitement ou essayant de caler “Breaking the Law” par dessus les chansons proposées (ça marche souvent).
Bref, la prestation de Furies a beau être énergique et ses membres sympathiques, le contexte cruel ne pardonne pas une certaine impression de déjà vu.
Passée la première partie, on peut considérer tout concert d’Ultra Vomit comme une expérience globale qu’il est compliqué de décrire sans en révéler trop, voire “spoiler”, comme disent les jeunes. Alors sachez que Jon Snow finira bien par crever un jour et que, planqués derrière des lunettes noires et des sweatshirts estampillés “ROADIE”, ce sont bien les gars du groupe qui installent leur matos.
Le public ne se laisse pas berner, c’est dire s’il est perspicace, et lance immédiatement son propre concert d’acclamations qui ne faiblira qu’à de rares occasions. Et encore.
La pré-intro, scène dans l’obscurité et musique d’ambiance en MIDI dégueulasse, marque la phase d’attente la plus looooongue pour les fans en manque depuis des années. La clameur s’élève à la fin du petit thème façon jeu vidéo 8-Bit… Qui repart de plus belle, plongeant l’assistance qui tente d’en fredonner l’air dans l’hilarité. Le ton est donné : l’Alhambra nage en plein syndrome de Stockholm, prisonnière extatique du groupe nantais qui entre sur le thème de Fort Boyard en prenant des poses épiques.
Il faut rendre grâce au public ce soir : pas loin d’une trentaine de titres se succèdent, environ tous repris (beuglés ?) en chœur, nouveautés comprises. Ca joue le jeu, ça pogote, ça hurle, ça fait la Ch’nille dans une sorte de Bouillie humaine (la température dans la salle prête à l’overdose de sueur), et surtout, ça rigole parfois jusqu’à en pleurer.
Toute cette agitation pouvant s’avérer fatigante, Ultra Vomit nous aménage de petites plages de repos. Ainsi, une séance d’hypnose collective agrémentée d’effets spéciaux voit un jeune homme d’abord renommé “Hugo” puis “Pauv’Connard”, les encarts de Manard qui dessine ou s’avance pour entonner Keken, les filles de Furies qui viennent pousser la chansonnette, et des explications de texte pour qui n’a pas fait LV2 japonais : “Vous n’allez rien comprendre, ça va être génial”.
On a beau savoir qu’Ultra Vomit excelle dans la parodie, leur aptitude à rendre un tel spectre d’univers musicaux différents surprend toujours en concert. Fetus prouve qu’il est à son aise partout, du heavy/évier metal aux hurlements porcins et jusqu’à… l’accent québécois.
Et il n’est pas seul. On se régale à voir le groupe à l’unisson imiter Babymetal ou Rammstein sur les titres Takoyaki ou Kammthaar (réclamé bruyamment par le public, ENCORE LUI) qui dépassent largement leurs modèles. Oui, parfois, il faut poser ses tripes sur la table ; un “vrai” titre des Allemands ne peut pas rivaliser avec un “VROOM VROOOM” si bien amené.
Autre mention spéciale à “Calojira”, morceau-Joconde qui te suit des yeux, rentre dans la tête, te suit chez toi et te borde dans ton lit.
Bien qu’il semble que l’essentiel de l’auditoire connaisse déjà l’intégralité des nouveaux titres, les autres étant trop occupés à se bidonner, Ultra Vomit n’oublie pas ses tubes plus anciens. Vendeur de merch à ses heures perdues, masque sur le visage et mini cartable sur le dos, un certain Andreas presque anonyme s’en vient sur scène chanter qu’il collectionne des canards (vivants). Sur scène mais pas que ; il accomplit la prouesse d’assurer un bon tiers de sa performance perché sur les bras tendus de la fosse sans se vautrer ni se manger le balcon.
Des références cartoonesques aux vannes sur la date de péremption du bassiste, de la crête de Flockos à la Minute Manard, des canards au Kammthaar, Ultra Vomit assure un show déjanté et efficace, comblant attentes et public bouillonnant. L’ensemble ne fonctionnerait pas avec une performance musicale bancale, ou s’ils ne jouaient pas la parodie à fond, avec enthousiasme et bienveillance. Il s’agit d’un groupe parodique, certes, mais l’énergie, le génie déployés et l’impact sur l’audience n’ont rien d’une blague Carambar aussitôt oubliée. La salle se vide lentement, la rue se remplit de joyeux chevelus chantant à l’unisson ou discutant des moments les plus loufoques de la soirée.
Les courbatures immanquables du lendemain rappelleront à chacun de prendre ses dispositions afin de remettre ça au Hellfest, à l’automne au Trianon ou ailleurs !
Texte: Sarah
Photos crust: Sarah
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