GUARDIANS OF THE GALAXY VOL. 2 – JAMES GUNN

Guardians Of The Galaxy Vol. 2..Star-Lord/Peter Quill (Chris Pratt)..Ph: Film Frame..©Marvel Studios 2017

James Gunn est un sacré petit veinard. Tombé dans la marmite du cinéma, il commence à bricoler des films amateurs 8 mm avec son frangin dès l’âge de 12 ans. Après avoir traîné ses basques à la fac de Columbia, il atterrit chez Troma, la boîte de production de nanars trash du cinglé Lloyd Kaufman, chez qui il va participer à l’écriture du mémorable (ou pas, c’est selon) Tromeo and Juliet.

 À partir des années 2000, on commence à voir son nom apparaître un peu partout, de hum…, Scooby-Doo à l’Armée des Morts de Zach Snyder jusqu’à sa première réalisation, la comédie gore Horribilis. Mais c’est surtout en 2010, avec son second film en tant que réalisateur, la comédie indie Super, avec Rainn Wilson et Ellen Page, que le grand public va commencer à retenir son nom. Et c’est presque tout naturellement qu’en 2012, les producteurs l’appellent aux manettes du Volume 1 de la nouvelle franchise Marvel : Les Gardiens de la Galaxie.

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De l’humour franchement décalé, de l’émotion, mais aussi de l’action pure et de la profondeur dans l’étude de caractère : avec des états de service aussi foutraques, James Gunn étaient aux yeux des Studios Marvel le pilote parfait pour ce grand huit épique dans les traces de Star-Lord et de sa clique de bras cassés intergalactiques.  Fort d’un succès critique quasi unanime et d’un accueil enthousiaste du public, James Gunn relance la machine 2 ans plus tard et balance la même recette : un parfait cocktail de blagues et d’action saupoudrées sur un scénario joliment ficelé, fourré de rebondissements et pimenté d’easter eggs pour les geeks. C’est sûr, il y’aura toujours des fâcheux pour dire que c’est un blockbuster parfaitement huilé pour combler tous les spectateurs de 7 à 77 ans, et surtout les caisses de Walt Disney, mais ils auraient tort de bouder leur plaisir. Car s’il est un maître mot à appliquer à la saga comico-cosmique des Gardiens, c’est bien le plaisir ! Le fun, le vrai, le genre de film qui fait vraiment plaisir à voir, où on en prend plein les mirettes et où nos zygomatiques sont dans le rouge. Le popcorn movie sans complexe.

Pour ceux qui auraient décidé de sortir de leurs retraites en yourte biodégradable il y’a seulement quelques jours (je vous conseille vivement d’y retourner vu l’état actuel du monde, mais c’est hors-sujet), voici un petit résumé de l’épisode précédent.

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Peter Jason Quill (Chris Pratt) est un jeune terrien kidnappé en 1988 par des Ravageurs de l’espace, un gang de mercenaires extraterrestres. 26 ans plus tard, il est devenu Star-Lord, un aventurier hors la loi. Après avoir dérobé un mystérieux globe, il est pourchassé à travers l’univers entier par des chasseurs de primes, la police, et  le super méchant Ronan qui veut (forcément) détruire la galaxie. Pour se tirer de ce mauvais pas, il décide de joindre sa gouaille aux “talents” d’improbables alliés : Rocket, un raton-laveur génétiquement modifié, Groot, un humanoïde végétal qui ne prononce que 3 mots, Gamora, une tueuse professionnelle et Drax, un barbare aussi crétin qu’invincible. Pendant tout le film, ça pête de partout, et à la fin, les gentils gagnent, le méchant se prend une grosse branlée. Quill découvre qu’il peut tenir dans ses mains une Pierre d’Éternité, ce qui, vous l’avouerez, fait la différence aux yeux des filles. Et Groot devient Baby Groot. Et tout le monde aime les Jackson 5. Et voilà les Gardiens de la Galaxie réunis.

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Bon, rien de très intellectuel dans tout ça, rien de très nouveau non plus. Un orphelin des étoiles devenu bad boy, une bande de guignols sympathiques que-tout-oppose-mais-qui-finissent-par-bien-s’entendre, des effets spéciaux en veux-tu en voilà, un enjeu universel, la quête du Père. Pourtant, malgré un arc narratif aussi convenu que pour le premier – Les Gardiens, forts de leur succès, sont désormais missionnés à travers l’univers. Après une mission qui vire à l’eau de boudin à cause d’une blague pourrie de Rocket, les loustics se retrouvent sur la planète Berhert et découvrent Ego, un être stellaire qui s’avère être le père de Quill. D’abord bienveillant, de troublants indices finissent par mettre la puce à l’oreille de nos sympathiques amis sur le vrai projet du paternel étoilé. Vont-ils s’en sortir ? Heureusement, d’anciens ennemis vont devenir de nouveaux amis et rétablir le bien et sauver la galaxie. Pif paf, on re-pête la gueule des méchants. Fin –  le deuxième volume de la franchise est un savant mélange d’aventures et d’humour dans l’esprit de Jack Burton dans les griffes du Mandarin, le petit bijou (sous-estimé) de John Carpenter (tiens, il y’avait déjà Kurt Russell au générique…). Le cinéma de James Gunn, c’est un peu comme une calzone Humeur du Chef. Il y’a la trame principale, la pâte pliée en somme, les scènes qui se déroulent les unes après les autres, là ce sont plutôt la sauce tomate et les ingrédients de base, mais la vraie surprise (la bresaola, la crème de truffes ou la buratta si vous voulez) est au détour d’un plan, d’une phrase dans laquelle James Gunn, aidé en cela par une écriture d’orfèvre, va dégoupiller une somptueuse pépite qui fait mouche à chaque fois. Gunn manie ainsi toutes les formes d’humour, de la pantomime de pur burlesque aux traits d’esprit, de la blague potache en mode running gag aux envolées d’absurde. Et le plus subjuguant dans ce qui pourrait d’abord passer pour une simple enfilade de sketchs est, en fait, une manière détournée mais sacrément maline de caractériser ses personnages et d’étoffer de mille détails un récit au demeurant conventionnel. Grace à ce principe de construction en mille-feuilles, on ne s’ennuie pas un instant. L’intrigue, pourtant sommaire, peut se dérouler paisiblement sur toute la durée du long-métrage sans la moindre baisse de régime.

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Porté par un casting d’envergure (Chris Pratt, Zoé Saldana, Kurt Russell) et par les voix des personnages de synthèse (Bradley Cooper et Vin Diesel) et sublimé par une bande-son de pépites eighties (ELO pour un générique d’anthologie, Fleetwood Mac, Sam Cooke, etc.), ce pur produit de divertissement laisse le même souvenir qu’un barbecue avec des potes. Oui, j’aime bien les comparaisons. Et en plus, c’est facile, ça parle à tout le monde quand je dis “barbecue avec des potes” : soleil, chipolatas, poivrons grillés, musique, petit rosé bien frais. Avec GOTG Vol. 2, y’a même la piscine avec l’alligator gonflable ! Des plaisirs simples en somme. Rien de bien compliqué. Pourtant, sans toutes ces petites choses indispensables pour faire le grand Tout, Les Gardiens de la Galaxie Vol. 2 serait une nouvelle tranche sans âme ni saveur de l’univers Marvel, une galerie de sempiternelles mâchoires serrées, de muscles saillants, de costumes moulants, de clins d’œil et d’effets pyrotechniques. Un retour parfaitement réussi donc, pour James Gunn, qui arrive à instiller un peu de folie douce dans le film de science fiction. Le parfait remède pour les déçus des Avengers qui, eux, commencent un peu à sentir la naphtaline. Vivement le Volume 3 !

Réalisé et écrit par James Gunn
Sortie le 26 avril 2017.
Chris Pratt : Peter Jason Quill / Star-Lord
Zoe Saldana : Gamora
David Bautista : Drax le Destructeur
Vin Diesel : Groot (voix)
Bradley Cooper : Rocket (voix)
Michael Rooker : Yondu Udonta
Elizabeth Debicki : Ayesha
Karen Gillan : Nébula
Kurt Russell : Ego
Pom Klementieff : Mantis

Texte : Jimmy Kowalski

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