GLADSTONE FEST IX @ LE GLAZART – 16/04/2017

 En être à la neuvième édition d’un festival de gros son alternatif  à Paris et monté en “DIY”, ce n’est pas donné à tout le monde et certain(e)s y arrivent. Soit ils sont cinglés, soit ils sont passionnés et souvent c’est un peu des deux. En ce qui concerne Glad’ c’est surement un peu des deux mais c’est surtout une grande passionnée. Quand elle annonce une neuvième édition du Gladstone Fest et une affiche  qui offre ce qui se fait de mieux en graisses auditives et douceurs musicales locales ( ou presque) et bien là tu te dis “Putain, c’est beau, on a quand même des putains de groupes par chez nous”. Avec Deliverance,  Cowards, Fange, la curiosité belge Wolvennest et surtout les patrons Hangman’s Chair, tu pouvais ainsi prévenir direct la famille que Pâques c’est foiré, car ce soir c’est GladStone Fest avec la famille de la musique.

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Et quand tu vois que cette famille a répondu à l’appel, venant en nombre a Glazart ce dimanche soir pascale et bien ça fait doublement palis car ça fait bien longtemps que je n’ai pas vu la salle aussi remplie, et en plus ce soir c’est pour une affiche française. Directement nous rentrons dans le sujet car c’est sur les coups de 18H30 que les petits “nouveaux” de DELIVERANCE entament les festivités. Nouveaux est un bien grand mot car le groupe se compose uniquement de musiciens confirmés (AQME, Memories Of Dead Man…). Avec un E.P. qui en disait long sur le choix stylistique du groupe, c’est avec impatience qu’on attend le premier album prévu pour fin mai car niveau live on ne peut qu’approuvé.  Pas de joueur de banjo ou de redneck perturbant,  juste un moment de poésie sombre.. Un groupe assez carré qui délivre un set massif sombre et poétique. Un album qui sera plus sludge que black par rapport à l’EP. De titres obscures et lourds mais qui te manquent pas de musicalité, une touche de mélodie se cache derrière les ténèbres et on sent la patte de composition des compères d’AQME. Quand à la voix de Pierre Duneau est aussi déchirante qu’angoissante. La beauté est aussi présente dans le plus sombre des dessins.

Le temps de faire un tour à la table de merchandising et soutenir cette belle scène française, c’est au tour de Cowards de prendre place et c’est une salle encore plus touffue qu’il accueille les parisiens. On va prendre une tournure beaucoup plus énervée et à vif avec la musique de Cowards. Un groupe qu’on obtient depuis un petit moment et un dernier E.P dans la lignée de leurs pires méfaits (chronique The Unchained Mag #3). De la violence pure pendant 45 minutes, dans un autre style du pur noise punk hardcore intense. De la haine comme on aime et comme on sait faire chez nous. Une prestation toujours viscérale du côté de Cowards. Un Julien Henri toujours à son ordinaire, la gorge et les veines ouvertes à la lame sur scène pour tout foutre en l’air. Il sera rejoint par le hurleur de Fange le temps d’un titre et pour finir un set dans le chaos complet, à l’image du groupe.

Fange c’est dans le même état d’esprit ou presque, des bretons qui nous bercent à de la pure violence noise. c’est chaotique, on marche sur des tessons de verre imprégnés de maladies les plus purulentes qu’elles soient, c’est l’effet que peut donner Fange sur scène. C’est du pur brutal dans un affrontement frontal à la recherche du sang et derrière ce déchainement de pure violence façon dégueulasse et bien Benjamin Moreau et Jean Baptiste Lévêque arrivent à nuancer l’atmosphère après avoir atteint le sommet de la haine. Le public est maltraité et les coups font mal à base de dents en moins et de plaies bien crades. Le sludge bien vicieux de Fange à ses adeptes et les plaies ouvertes auront du mal à se refermer.  La prestation sera à la hauteur de la réputation du groupe et on comprend pourquoi le Roadburn les a demandé pour cette année.

La découverte de ce soir c’est Wolvennest. Glad nous a dénichés un petit groupe belge qui représenteront les voisins dans cette affiche bien française et c’est avec plaisir qu’on découvre le groupe ce soir. Il n’y a pas a dire, elle a du talent pour dénicher les perles musicales si variées soient elles !  On change complètement de registre par contre, finis l’ultraviolence, une scène qui s’envoient décorées de bougies, chandeliers et autres décors dans le ton pour préparer un sabbat dominical.  Les parfums d’encens se diffusent dans la salle et c’est comme si un envoutement s’emparait de notre corps. La mélodie est douce, nous emporte, pendant que la voix de  Shazzula   nous ensorcelle. Un Doom  psyché, raffiné et ensorcelant sans qu’on puisse faire quoi que se soit. Juste se laisser guider. Irréel.

Juste parfait et la tête de l’affiche n’est pas encore passée, ce qui est appréciable aussi c’est qu’on a le temps d’apprécier à chaque fois les groupes avec un set de 45 minutes. L’ambiance envoie de bonnes vibrations avec tout ce monde réunit pour cette fête à la musique lourde avant de finir avec ces fers de lance du nouveau gros son urbain.

C’est sur un air de Renaud que les enfants de Paris décident de faire leur entrée. Ces vrais poètes du pavé et amoureux de cette beauté froide, “non Paris n’est pas si moche” et Hangman’s Chair connait sa ville et elle lui rend bien. On ne les présente plus, le groupe a clairement pris une stature qu’il méritait. Et après un This Is Note Supposed To Be Positive encensé par tous ( avec raison), c’est un E.P. Split avec Greenmachine qui fera office d’actu. On en a pas vraiment le besoin étant donné que Paris accueille toujours comme il se doit ses poètes du bitume et de “l’urbanité”. La métropole reconnait ses artistes et c’est avec un Glazart rempli que Hangman’s Chair délivre les premières notes de “Give & Take”. Le son est étonnement bon pour le Glazart et fait vibrer tout le corps et le frisson emplit chaque être présent ce soir, Paris est là et Hangman’s Chair nous enivre toujours autant avec ses mélodies. Avec  ce nouveau titre et on ne déroge pas à la règle, le riff suintant et la mélodie habile nous transportent direct.  On retrouve le douloureux “Cut Up Kids”  et’on se laisse doucement aller avec “Open Veins” et “The Saddest Call” de Hope Dope Rope. 

La musique d’Hangman’s a cette beauté froide et mélancolique qui ferait déprimer le premier venu mais qui te touche avec cette sensibilité mélodique et la beauté qui se cache derrière cette froideur. Et la passion avec laquelle le groupe délivre son live, le ressenti est encore plus fort. Entre mélancolie et rage intérieure, l’émotion est palpable.

Le deuxième extrait du split avec “Can’t Talk” nous monter que le groupe continue d’avancer et propose un titre de toute beauté aux accents cold wave dans un spleen qui empare toute la salle. Les corps se balancent sur les rythmes lents et poétiques du titre et le Glazart dévoile un autre visage ce n’est pas que sueur et fureur.

Le set de ce soir est une bouffée de profonde mélancolie avec un groupe investit dans son jeu et dans son live jusqu’au bout. Chaque riff est habité,  chaque note transporte  et la voix  de Cédric   magnifie ce doom urbain de Hangman’s Chair. Ce son si personnel qui ne fait plus qu’un avec le lieu, la ville.  Même les vieux titres sont revisités avec le très sale “No Rest I’ve Found” de 2007 encore très sludge  avant de revenir à cette mélancolie urbaine et magnifiée par “No One Says Goodbye like Me”.

Pour une dernière on en pouvait que finir sur le titre qui incarne peut être le plus le groupe, “Dripping Low” entre grosses vagues sonores aux riffs lourds et douceur poétique et mélodique, un final parfait qui conclue une soirée encore plus parfaite.  Ce soir Paris a fait le plus beau des honneurs à ses poètes du bitume et de la grisaille, en  ne faisant qu’un le temps d’une soirée.

Hangman’ Chair amène cette beauté froide qui manquait  à la musique lourde.

Beauté, violence, haine, poésie obscure, la scène grasse et alternative française  a été magnifiée ce soir. Cette neuvième édition du Glad Stone est une réussite.  Un grand merci à Glad qui pour cette affiche et cette parfaite organisation qui embellissent ce dimanche soir. On ne peut pas s’arrêter la dessus et on attend déjà la 10 ème édition du Gladstone fest. Heureusement que la passion est là, car c’est grâce à elle que des soirées comme celle ci sont possibles.

texte: Anthony

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