
Jack & Meg White, Jay-z & Beyonce, Thurston Moore & Kim Gordon, beaucoup de couples ont associé leur histoire d’amour à leur histoire artistique. C’est le cas de Adam Lee Miller & Nicola Kuperus qui forme le groupe Adult. (Attention au point). Ce groupe originaire de Détroit sévit depuis 1998 dans un style assez difficile à définir car ils sont influencés par tellement de groupes différents que ça en devient inclassable. Que ce soit la musique à machine de Kraftwerk, la new-wave mélancholique de New Order, la pop dérangée de The Cure ou alors le punk voir même l’électro made in Detroit, tout ce beau monde fusionne pour donner un groupe unique…
Mais la musique n’est pas le seul média important dans l’univers de Adult.. Les 2 membres étant diplômés d’Art (Adam Lee Miller en peinture et Nicola Kuperus en photographie), les visuels du groupe sont tout aussi importants. Donc que ce soit dans les visuels des pochettes ou l’esthétisme des clips, ils prennent à cœur chaque détail entourant leur musique…
Leur voyage musical commence en novembre 98 à la sorti de “Dispassionate Furniture ” leur premier EP. Dès lors ils tenaient les éléments majeurs du son Adult. . Mais ils n’en sont pas restés là, sortant 6 albums ainsi que 15 ep/singles. En 2014, ils ont pu grâce à une donation de la fondation John S. & James L. Knight, réaliser un rêve qu’ils caressaient depuis longtemps. Ils ont pu instaurer une résidence artistique où ils ont pu inviter plusieurs artistes à vivre avec eux et à collaborer pendant plusieurs semaines. Le résultat de cette expérience est l’album « Detroit House Guests » qui sort ce mois ci…
Cet album, de part la façon dont il a été conçu, est assez unique. Le concept est en somme tout simple, un morceau Adult. sur lequel est invité l’un des artistes qui ont résidé avec eux. Cela donne l’effet d’un album libertin, où quelqu’un de l’extérieur s’immisce dans le monde de Adult.. Ce n’est pas ce que l’on pourrait qualifier d’easy listening, du tout en fait. Il faut apprivoiser leur univers, se laisser embarquer dans leur voyage pour profiter pleinement de l’album, ça me fait un peu penser à des Dresden Dolls électro/Post-punk. De plus, pour ceux et celles qui suivent le groupe depuis longtemps, avec « Detroit House Guests » on sent un travail encore plus approfondi du son, c’est de l’architecture sonore. Cela donne un aspect très visuel à la musique de Adult. . On verrait leurs morceaux illustrer parfaitement des films agréablement dérangeant.
L’album s’ouvre sur le morceau “P rts M ss ng” qui met tout de suite le ton. On y retrouve les fondamentales de Adult., ce son électro répétitif, pesant et pas vraiment un air de fête. Tout le long du morceau des « attaques » sonores viennent ponctuer la mélopée du couple…
Le morceau « Breath On » décrit bien l’ambiance de cet album en jouant sur l’alternance No Sens / Nonsens avec un collage sonore désorientant…
“Detroit House Guests” malgré son appellation est beaucoup plus qu’un album. Généralement un groupe travaille ses chansons dans l’ombre jusqu’à ce qu’ils soient prêts à les dévoiler au public. Dans le cas présent toutes les étapes, des pré-maquettes aux mastering sont des œuvres qui donnent envie d’être découvertes. On aurait presque (je dis bien presque) aimé avoir une télé-réalité suivant le groupe dans le processus….
Sur cet album, chaque morceau s’inscrit dans cette dualité : être un morceau purement Adult. et en même temps, être unique en soit grâce notamment à la collaboration de l’artiste invité. Un air de mixtape comme le font les DJ mais sous forme électro/Post-punk. Le fait que le duo soit constitué de 2 artistes plasticiens se ressent jusque dans la conception de l’album : plutôt qu’un traditionnel empilement de morceaux, Detroit House Guests est un accrochage, une exposition à part entière. Chaque morceau est une œuvre d’art et l’album serait le cadre de l’expo…
ADULT., Detroit House Guests, Pias / Mute records, sortie mars 2017
Par Ru5ty
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