Douglas Gordon – Portrait d’artiste

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C’était une fin d’après-midi d’hiver; ma première rencontre avec Douglas Gordon fût au travers de son œuvre « Between Darkness and Light » datant de 1997. C’était un endroit sombre, dans un magnifique lieu, la Collection Lambert à Avignon.

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Je me suis sentie si petite face à cet écran géant; l’installation était une projection superposée sur grand écran placé au milieu de cette pièce froide. Et pour cause, sur une face était projetée en continue le film angélique « The song of Bernadette » de Henri King, un film en noir et blanc racontant l’histoire de Bernadette Soubirous, jeune demoiselle dans les années 50 qui eut 18 visions de la vierge Marie à Lourdes.

Et sur l’autre face… « L’exorciste » de William Friedkin, inutile de vous présenter ce film qui causa bon nombre de nausées au travers de toutes les générations. Le son était fort et les images défilaient mettant en confrontation le Bien et le Mal tel qu’Hollywood et la société actuelle nous montre sans cesse. Les frissons étaient présents mais aussi une fascination pour cette œuvre, je ne sais pas combien de temps je suis restée dans cette pièce à tourner autour de l’œuvre et me demandant où finalement nous nous situons ? Le Bien ou le Mal ?

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Douglas Gordon est plus qu’un artiste, il pousse celui qui regarde son œuvre à se poser des questions, à se demander où est notre place dans ce monde, dans cette société, qui sommes-nous, finalement ? Douglas Gordon est un artiste iconoclaste, il aime jouer avec les images et provoquer des sentiments contradictoires chez le spectateur, il a exposé dans des endroits prestigieux comme le MoMa à San Francisco, ce n’est pas rien !

« The Blind Star », œuvre datant de 2002, fût ma deuxième rencontre avec Douglas Gordon, je me suis retrouvée dans une pièce lumineuse cette fois-ci, il faisait chaud, mais un profond malaise régnait, j’étais entourée de portraits de star des années 40 et 50, mais quelque chose clochait… Sur tous les portraits, leurs yeux étaient brûlés, je me sentais dévisagée mais pourtant aucun œil n’était présent… quel sentiment étrange !  Une sorte de frustration, mais alors c’est donc vrai ? le regard serait-il le reflet de l’âme ? Mais pourquoi je me sens observée ? Je n’ai en réalité jamais trouvé la bonne réponse, mais j’ai adoré cette œuvre, c’est dark mais tellement beau !

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Douglas Gordon a traité différents sujets, comme le tatouage (Hysterical) avec plusieurs séries photographiques mettant en scène l’encre noire, mais aussi la question sur la maltraitance des animaux (Brigitte Bardot n’a qu’à bien se tenir) en mettant en vidéo un éléphant pratiquant des exercices de cirque (Play dead, Real time). Fan de Lewis Caroll, il pose souvent la question du temps, comme dans son œuvre, sans doute la plus connu « 24 Hour Psycho », le célèbre film d’Hitchcock « Psychose », Douglas Gordon a mis au ralenti le film de façon à ce que sa durée soit de 24 heures, je souhaite bon courage à celui voudra voir le film en entier.

Douglas Gordon est un artiste iconoclaste, il joue avec les images et la sienne pour toucher la sensibilité du spectateur, il est d’ici et d’ailleurs de partout et nulle part à la fin, il entretient son univers mystérieux, nous pouvons avoir accès à plus d’informations sur sa vie, il nous laisse libre court alors à notre imagination, une fois encore…

Il traite des sujets aussi hétéroclites les uns des autres mais pourtant suscitant à chaque fois des questions, parfois existentielles, parfois futiles, mais qu’importe, tant que le spectateur se sent touché, c’est le plus important, n’est-ce pas ?

Texte : Emma

 

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