
Ce dimanche-là, cela faisait déjà plus de deux ans et demi que je n’étais retourné à l’intérieur du célèbre Bataclan. Je dois d’ailleurs dire à ce sujet que l’idée de remettre les pieds dans cette salle mythique du 11ème arrondissement après les attentats de sinistre mémoire qui ont endeuillé la capitale le 13 novembre 2015 suscitait chez moi un petit pincement au cœur, voire une légère appréhension.
En arrivant aux abords du quartier d’Oberkampf, quelle ne fut pas ma surprise en constatant qu’une queue monumentale s’était formée tout le long de la rue perpendiculaire au boulevard Voltaire et ce jusqu’à l’entrée du Bataclan. Signe que le « true metal » des années 80/90 séduit encore des hordes de métalleux de tous âges, ce qui est plutôt rassurant ! Après avoir pris mon mal en patience dans la queue et une fois passée l’étape des contrôles de sécurité à l’entrée, je constate que les belges d’Aborted ont déjà commencé à asséner leur brutal death metal de bûcherons pour la plus grande joie d’un public de chevelus qui commence déjà à s’échauffer. Rapide et efficace, la musique d’Aborted manque néanmoins cruellement d’originalité. Ce n’est pas le genre de groupe à révolutionner les codes du genre et je dois avouer que ce n’est sûrement par pour eux que je me suis déplacé ce soir-là ! Cependant, leur prestation n’est pas désagréable à écouter et non dénuée d’un certain brio.
Peu après, c’est au tour des suédois de Soilwork d’investir la scène. Ayant découvert le groupe avec la sortie de leur premier disque (« Steelbath suicide », sorti en 1998), cela fait néanmoins une bonne dizaine d’années que j’ai arrêté de suivre l’actualité de ce groupe. Il s’agit donc pour moi plus d’une redécouverte que d’une découverte à proprement parler. Même s’il n’est pas complètement ma tasse de thé (ou disons plutôt ma chope de bière), je dois avouer que leur death metal mélodique teinté de metalcore se révèle assez efficace sur scène, le rasé de chanteur du groupe mélangeant habilement voix rauque avec des parties de chant clair. Le tout est assez rythmé et plutôt dynamique, ce qui est amplement suffisant pour une première partie. Une fois finie la prestation des scandinaves, le temps fut enfin venu de passer aux choses sérieuses avec les thrashers de Sepultura, venus promotionner leur nouvel album sorti cette année chez Nuclear Blast, « Machine messiah ».
Ayant eu l’occasion de les voir à plusieurs reprises dans des festivals, j’ai néanmoins été fortement impressionné par l’efficacité de leur prestation. Il faut dire que le chanteur Derrick Green (qui a rejoint le groupe en 1997) est particulièrement énergique et mobile sur scène. Le moins qu’on puisse dire également est que la musique de Sepultura est du genre de celles qui réveillent son auditoire !
Ne sachant pas trop à quoi m’attendre pour ce qui est de la setlist, j’ai été agréablement surpris de constater que les brésiliens ont fait la part belle à leurs « classiques », à savoir les titres de leurs albums mythiques des années 90 comme « Arise », « Beneath the remains », « Chaos AD » ou encore « Against ». On a donc eu droit à des titres bien connus des fans de la première heure du groupe (mais aussi des autres) comme « Inner self », « Choke », « Refuse/Resist », le concert s’achevant en beauté avec deux titres d’ethno-metal tirés de leur fameux album « Roots » (1996) connu pour ses rythmes tribaux, à savoir « Ratamahatta » et « Roots bloody roots ».
Vers 21 heures, ce fut enfin au tour des vedettes de la soirée, à savoir les thrashers teutons de Kreator, d’envahir la scène du Bataclan avec l’efficacité d’un bataillon de la Bundeswehr, autrement dit l’armée allemande. Il en est résulté un show apocalyptique d’une bonne heure et demie sans concession qui a brillé notamment grâce à la présence de leur très charismatique chanteur Mille Petrozza ! Je dois vous avouer que la première fois qu’il m’a été donné de voir les dieux du thrash d’outre-Rhin en concert remonte à l’année 1992, à une époque où j’étais encore au lycée. Ce qui ne me rajeunit pas, me direz-vous !
Comme pour Sepultura, j’ai eu l’impression de voyager dans le temps le temps d’un concert en revenant à l‘âge d’or du thrash metal. En plus d’être efficace (comme toujours), le concert de Kreator a eu pour principal avantage de proposer une setlist quasi-atomique truffée de titres tirés de leurs albums cultes des années 80 et 90, notamment « Outcast » (1997), « Coma of souls » (1990) ou encore « Extreme agression » (1989). Outre des classiques comme « Phobia », « People of the lie », « Extreme agression » ainsi qu’un titre encore plus ancien comme « Total death » puisque tiré de leur premier album « Endless pain » (1985).
Les allemands ont également joué ce soir-là des titres plus récents mais néanmoins grandioses comme « Violent revolution » ou « Enemy of god » ainsi que des titres de leur tout nouvel album « Gods of violence » (2017), à savoir « Satan is real » et « Hail to the hordes ». En fin de soirée, les teutons ont définitivement mis le feu à la scène du Bataclan en achevant leur show avec des titres extraits de leur album de 1986 (le légendaire « Pleasure to kill »), à savoir le trio infernal formé par « Flag of hate », « Under the guillotine » et « Pleasure to kill » !
Au final, je ressortais de la salle quasiment époustouflé voire même légèrement émerveillé : Comme c’est parfois le cas, ce concert avait ranimé en moi, l’espace d’une soirée, une certaine nostalgie de mon adolescence et de mes premiers émois métalliques !
Un grand merci à Garmonbozia !
Texte: Mathieu
Photos: Unkle.Z-Photography
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