Rencontre avec Betraying The Martyrs

A quelques semaines de la sortie de leur nouvel album The Resilient, nous avons pu nous entretenir avec Victor et Boris de Betraying The Martyrs, afin de nous en dire plus sur leur dernier né.

Salut comment allez-vous?

Victor et Boris : Très bien et toi ?

Très bien aussi, votre nouvel album The Resilient sort le 27 janvier. Comment vous sentez-vous ? Des appréhensions ?

Victor : Comme des enfants à noël avec leur cadeau en face d’eux qu’on ne peut pas encore ouvrir.

Boris : Nous sommes assez confiants sur le travail qu’on a donné dans notre écriture de chansons, donc un très bon cd. Mais on est quand même un petit peu anxieux parce que le jugement final d’un travail, d’un produit d’artiste c’est quand même le public. Donc c’est eux, avec leur feedback qui vont nous dire s’ils ont aimé ou pas.

Victor : On a un peu mis nos tripes dans cet album, au niveau du message et des paroles, donc on a hâte que les gens l’écoutent. Mais faut dire qu’il y a toujours une petite appréhension.

Boris : On espère que la majorité des gens vont aimer cet album et qu’on va pouvoir toucher de nouveaux fans aussi, de nouvelles personnes, ce serait bien.

En amont, vous avez déjà sorti trois titres. Comment ont-ils été reçus ?

Très bien. On a sorti The Great Desillusion cet été, en juillet, et ensuite, We Won’t Back Down  inspiré des attentats du 13 novembre. C’est une chanson hommage qu’on tenait à sortir le jour de l’anniversaire. C’est vrai qu’elle est un peu passée à la trappe, elle ne faisait pas vraiment parti d’un plan promo qu’on avait prévu pour l’album. C’était juste une chanson qu’on avait prévue pour l’anniversaire. C’était important pour nous, on est un peu allés contre l’avis de tout le monde. Ensuite Lost For Words, qui a vraiment été LE single qui a lancé la promo de l’album. On a sorti The Great Desillusion un peu pour relancer la machine, surtout pour annoncer Boris comme nouveau batteur, car les questions devenaient incessantes concernant Marc. Tout le monde voulait savoir ce qu’il se passait, du coup on s’est dit qu’on ne pouvait plus laisser tout ça dans le flou.

Vous parlez des événements du 13 novembre, avec We Won’t Back Down, et de Paris en général. Est-ce que c’est une volonté générale d’appuyer votre identité française ?

Boris : Oui, quand même

Victor : Bien sûr. Même si on a un chanteur anglais, il vit quand même avec nous en France maintenant. On se représente comme un groupe français, ça nous tient à cœur d’être proches de notre pays, de notre culture, et de notre public surtout. Malgré qu’on ait un gros succès à l’international plus qu’à la maison, ça nous tient à cœur de faire quand même des concerts pour le public français, parce que c’est lui qui était là au départ et sans lui, on n’est rien du tout.

B : Et c’est vrai que cet album là, ce nouveau cycle de tournées, on va essayer de venir en France le plus possible. En général, nos fans nous voient tourner à droite à gauche mais pas en France et sont assez frustrés. Mais là, on veut leur dire que, les gars, on sera là. Ne vous inquiétez pas ! Sur l’album d’avant, je sais qu’on n’a pas réussi ce pari-là, on n’a pas gâté la France en termes de concerts, mais on a bien l’intention de changer les choses. On joue à Strasbourg la semaine prochaine, pendant la tournée de Chelsea Grin. En février, on a trois dates : Paris, Montpellier et Lyon. Et à la base, ce genre de tournée par Avocado avec des groupes ricains, ça passe une fois par Paris, c’est la seule date en France. Là on a vraiment insisté, on a dit qu’on était français, qu’on allait sortir notre album et qu’on voudrait vraiment beaucoup plus de dates en France, Après, on bataille un petit peu, mais ça va, on y arrive.

Et vous ressentez vraiment une différence entre le public Français, et le public étranger?

B : Il y a quand même une petite différence, c’est vrai. Après, comment décrire ça, je ne sais pas trop, mais… Tu vas jouer en Allemagne, ce n’est pas comme jouer en Angleterre ou en France. Ce ne sont pas des changements drastiques, mais quand même, je ne sais pas. Chaque public va réagir différemment aux différents sons.

V : Chaque public a ses préférences, etc. Après, le public français c’est toujours une connexion particulière, parce qu’on est français, c’est chez nous, on parle la même langue… On a la même culture. Nos fans français, vu qu’on fait très peu de concerts en France, ils sont toujours très reconnaissants quand on joue en France. Certains viennent même nous parler anglais, parce qu’ils croient qu’on est ricains. Et nous amènent du vin, du pâté fait chez l’oncle à côté.

Parlons french touch, c’est Lucas d’ Angelo qui a travaillé sur votre mix. N’est-ce pas trop difficile à gérer quand ce genre de tâche est géré en interne, par un membre du groupe?

V : Effectivement Lucas a travaillé sur le mix de notre album. En ce qui concerne l’enregistrement, on est parti un mois en Angleterre pour travailler avec Justin Hill. Il a géré toutes les prises et les performances studios. On connaissait son travail et c’est ce qui nous a mis en confiance pour travailler avec lui, persuadés que son expérience et une oreille extérieure allaient apporter de la maturité à ce nouvel album. Quand on a fini les prises et que Justin avait fait un très bon boulot, on a eu aucun problème à faire confiance à Lucas par la suite pour qu’il se penche sur le mix. On était déjà très contents des prises faites avec Justin et conscients de la qualité de son travail, ce qui facilite les choses.

B : On avait déjà des prises brutes qui sonnaient très bien. On a fait en sorte d’être attentifs à chaque son, de basse, de caisse claire etc… On a été très rigoureux à ce niveau-là, ce qui te permet derrière d’avoir un gros son. C’est la base… Avec de très bonnes prises le mix est plus « facile » à faire, avec un gros son en conséquence. On a donc bossé avec Justin Hill pour l’enregistrement, Lucas pour le mix, et pour le mastering on a travaillé avec l’australien Ermin Hamidovic qui a bossé avec des groupes, comme Periphery, Devin Townsend, Animal As Leaders… Et il a fait un travail monstrueux.

Si vous deviez présenter l’album en deux mots…

B : The Resillient (rires). Epuré, efficace.

V : Je dirais… Groovy et espacé.

B : Oh non trouve autre chose mec (rires).

V : J’allais te dire hook and groovy. Acrrocheur… C’est comme ça que je le vois. Et toi en 2 mots?

Epuré ça me parait bien !

V : C’est vraiment là-dessus qu’on a voulu mettre l’accent par rapport aux albums précédents. On voulait synthétiser un peu plus nos différentes influences et faire quelque chose d’un peu plus digeste.

B : Donner sa place à chaque instrument, que ça soit moins le bordel. Que chaque élément apporte quelque chose à la musique ou la chanson. On a beaucoup de commentaires aujourd’hui du type « on entend encore plus les orchestrations, il y en a plus ». Alors que non… Il y en a moins mais on a fait plus de place dans notre son.

Concernant l’artwork. Il est assez intriguant… Est-ce que vous pouvez nous en parler?

V : Pour te parler de l’artwork il faut que je te parle du message de l’album. On a eu beaucoup de versions…                                                                                                                                 Le verre brisé c’est un élément qui a toujours été présent chez BTM. Ça fait partie de notre logo originel depuis toujours. Sur Phantom, si on écoute bien, il y a une chanson qui s’appelle Fly Away. Et à un moment sur un drop on balance un gros bruit de verre. Donc l’idée de verre brisé nous a toujours suivis. Il y a un côté « broken » tu vois et la tache de sang pour le côté «on a pris des coups, on a saigné ». On a du faire des sacrifices dans la vie, on a rencontré des situations pas évidentes et malgré tout on s’est toujours relevés, plus forts, en tirant une leçon de ces mauvaises expériences.
Et c’est un peu l’idée de The Resillient, le mec qui ne s’avoue jamais vaincu, qui se dit quoi qu’il m’arrive je m’en relèverai toujours, avec une mentalité toujours positive.
Après chaque chanson va raconter une histoire différente, mais qui aura toujours comme ligne directrice cette façon de penser.
S’il y a bien un message à faire passer c’est celui-là… La vie a beau ne pas être facile, on se relève toujours plus fort de chaque épreuve, et il ne faut pas baisser les bras.

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 Vous répondez en partie à ma prochaine question. On peut donc dire que pour vous la musique s’apparente à quelque chose de cathartique?

V : Ouais bien sûr… C’est toujours un exutoire la musique. On est toujours là pour rejeter nos démons, surtout quand on fait une musique aussi extrême que la nôtre. Si on fait de la musique violente, c’est qu’on a en nous une forme de violence à faire sortir.

Est-ce qu’il y a une chanson, que ce soit l’une des vôtres ou d’autres artistes, dont vous pouvez dire « cette chanson m’a sauvé »?

B : Envy, groupe japonais d’emo/screamo que je surkiffe depuis des années.

V : Moi c’est une de mes chansons, mais pas  BTM, de The Beverly Secret, mon ancien groupe. C’était la première chanson que j’avais vraiment écrite de A à Z, qui s’appelait Phoenix throne. Elle racontait un peu la même histoire… On venait de perdre la moitié de nos membres, on avait 17 ans. Je me disais « mais qu’est-ce que tu fais là ? T’es un lourd pas possible tu fais de la musique extrême ». Au final je me suis posé à la maison, j’ai écrit cette chanson et c’est ce qui m’a motivé à bosser sur un EP puis repartir en tournée et rencontrer BTM.. La vie ce sont des hauts et des bas et ne jamais oublier de remonter.

Pour vous, quelle est la chanson la plus aboutie de cet album?

B : En fait on s’est tellement pris la tête sur cet album, qu’on peut dire que les douze chansons sont abouties.

V : On a fait beaucoup d’allers-retours sur les chansons. Dans le sens où on a beaucoup changé les structures. On a commencé à poser des voix… Puis nous sommes revenus sur la chanson car on se disait qu’il y avait des trucs en trop et re-travail sur les voix.. Pour arriver a quelque chose d’abouti sur toutes les chansons.

B : Apres on a des préférées dans le groupe… Ma préférée c’est Take me back , la deuxième de l’album.

V : Ma préférée c’est Ghost, c’est celle qui me tient le plus à cœur.

Sur la route, vous faites souvent appel à des techniciens français, comme Tim Bickford. Est-ce que c’est important pour vous de faire appel à ces hommes de l’ombre en France, et qui ont une place importante dans votre travail?

V : C’est toujours plus cool…  Si on est 8 dans un van et que quelqu’un ne parle pas du tout la langue, ça peut être parfois compliqué. Donc on a notre crew, nos techniciens qui sont français, même si ça nous arrive de travailler avec un tour manager anglais. Mais ça nous tient à cœur d’avoir nos potes avec nous tout simplement. Notamment en tournée, ce n’est pas que nous, c’est une famille. Je pense à notre ingénieur du son, Camille Béchet, il fait partie du groupe.

Vous parlez de jugements, et du fait d’être dans la cour des grands finalement. C’est le cas via votre label, qu’est-ce que ça vous fait d’être entourés de gros groupes, notamment américains?

B : Bien… Ce sont des potes! (Rires)

V : La première fois qu’on a pris l’avion ensemble pour aller aux Etats-Unis, c’était pour tourner avec Born of Osiris. Ils nous accueillent à l’aéroport, ils nous hébergent chez eux, on pouvait utiliser leur salle de répète avant la tournée. Le label vient,  s’occupe de nous, comme des parents avec leurs enfants. C’est sûr que cette mise dans le bain… C’était il y a quelques années maintenant, sans être blasés on sait quand même où on en est, et qu’on a beaucoup travaillé pour en arriver là.                                                                                      Même si on n’est pas comme des fous en voyant certains mecs, il ne se passe pas un jour sans que je me rappelle la chance que j’ai. Et c’est un truc qui t’aide à relativiser. Tu ne vas pas te mettre à devenir fou parce qu’il pleut le matin, alors que t’as une vie géniale. Tu relativises sur tout, et ça te rend plus heureux bien sûr.

B : Le truc marrant là-dessus, c’est que justement on arrive à croiser en tournée ou en festival, des groupes que nous on adorait quand on était jeunes, et que maintenant on peut côtoyer et qui deviennent des potes. C’est vrai que là tu te dis, c’est ouf au final.

Avec certains groupes justement, des anecdotes amusantes à raconter? En tournée ou ailleurs?

B : Non non aucune anecdote mon gars… Hyper sérieux! On dort à huit heures… (Rires !)

V : Aux Etats-unis, on a fait pas mal de tournées à l’arrache, ou parfois on mettait un panneau au merch du genre « on a besoin d’un endroit pour dormir » tu vois. On s’est retrouvés au milieu du Texas dans un trou à rats, des mecs qui habitaient dans un mobile-home à deux mètres des rails de chemin de fer avec le train qui passe toutes les deux heures. Ou dans une maison en bois avec un gros chien en plein milieu de la pièce, dans une cave. Donc il nous est arrivé des trucs comme ça, comme des mecs nous hébergeant chez eux avec palace au bord de la mer. La partie voyage représente une belle partie du boulot.

B : Le fait d’aller en Australie par exemple, et de nourrir des kangourous… T’es là et tu te dis… C’est un peu mortel! (Rires)

Boris tu es le dernier arrivé dans le groupe. Comment vous êtes-vous rencontrés? Et quel a été le déclencheur pour tourner avec BTM?

B : En gros, les gars faisaient le Never Say Die tour en Europe en 2013. J’habitais à Londres, j’y habite toujours d’ailleurs, et donc je suis allé les voir. Et puis on s’est rencontrés après le concert. Je savais qu’ils avaient des problèmes avec leur batteur russe, et je leur ai dit : « les gars si un jour vous avez besoin d’un batteur appelez-moi.                                                   – T’es qui? Tu as tourné avec qui? ». Je leur ai dit j’ai fait ça et ça… Ok on a besoin d’un batteur dans un mois, on part en Europe de l’Est, tu viens avec nous !

.V : Première tournée, il vient en France. On enchaîne 3 jours de répète d’affilée et le dernier jour après la répète, on charge le van le soir et on roule jusqu’en Hongrie toute la nuit.

B : Je me suis dit, mais c’est quoi ces mecs… (Rires). C’était cool, j’ai fait cette tournée-là. J’ai fait une tournée avec Born of Osiris en Europe en 2014, je suis allé en Australie avec les gars, j’ai fait pas mal de dates… Et du coup quand ça n’allait plus du tout avec leur batteur russe et qu’ils se sont demandés qui prendre, c’était naturel que je continue l’aventure avec eux.

Maintenant que BTM a pris du volume, et que vous voyez des nouveaux groupes français, est ce qu’il y en a dans lesquels vous voyez du potentiel et que vous aimeriez porter vers le haut?

V : Merge? (Rires) Non vraiment Merge c’est vachement bien, moi je kiffe.

B : En groupes français… Bien il y a Novelits qui fait son petit bout de chemin quand même et qui s’en sort bien… Ça sonne bien, c’est bien foutu.

V : Il y a mes potes d’Ultra Vomit… On vient de la même ville. On a quasi grandi ensemble, on avait la même crew à l’époque. J’essaye de trouver mais j’habite à Londres depuis huit ans et c’est vrai que je ne suis plus trop les nouveaux groupes de la scène française…

Quels sont vos projets pour la suite?

B : Conquérir le monde ! (Rires)

V : Le projet sur cet album c’est de pouvoir jouer sur tous les continents et de faire une vraie tournée mondiale cette année. On travaille sur pas mal de territoires un peu nouveaux pour nous, comme par exemple en Asie. On aimerait bien faire l’Amérique du sud. Le Mexique ça va être possible, le reste on verra. Dans l’idéal oui, Amerique du sud, Canada, toute l’Europe, La Russie, l’Asie…

B : C’est aussi pour ça qu’on fait de la musique. Pour pouvoir la partager avec le plus de monde possible.

Y a-t-il un pays ou vous êtes surpris de trouver une fanbase?

V : La Russie. La première fois qu’on a débarqué là-bas on a halluciné. Si loin de chez nous et pourtant…

Du coup, prochaine étape, c’est la chanson en russe ?

V : (Rires !) Ah non, quand même pas !

B : Ce n’est pas prévu !

Bon, tant pis ! Merci beaucoup pour cette entrevue!

 

 Texte : Aurélie

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