The Butcher's Rodeo + Guests @ Bus Palladium -11/01/2017

Souvent dans la vie Parisienne, arrive un moment où il faut se rendre au Bus pour voyager un peu. Parfois même, on y rencontre des visages familiers, surtout si c’est un Bus dans lequel on se rend régulièrement. Pourtant, ce soir, ce n’est pas à l’arrêt Rise que nous nous sommes arrêtés, nous l’avons pris pour aller chez le boucher. Il faut dire qu’il y a un dîner de famille qui se prépare…

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Nous disions donc, que le Bus est un endroit qui nous aide à voyager. Et qui mieux que The Long Escape, comme première partie, pouvait illustrer cela ?
Ce soir, le quatuor est devenu trio pour l’occasion, Nico, le bassiste, ayant dû faire une pause afin de se préparer à être, non plus seulement père du groupe, mais père de famille à titre personnel. Et ce soir, au Bus Palladium, c’est d’une famille au sens plus large dont vont s’occuper les garçons. Armés de leurs talents de musiciens, de samples, de lights du feu de dieu, et de leur humour, The Long Escape vont s’atteler à chauffer la petite salle au public encore timide, et peu nombreux. Pourtant, cela ne semble pas leur faire peur : il n’est pas question de s’arrêter en si bon chemin. Et heureusement ! La complicité des garçons et la joie d’un batteur évadé dans ses mélodies, yeux fermés et sourire affiché, contribuent largement à instaurer une ambiance chaleureuse et agréable. Marius, à la guitare, est enragé, fougueux, tandis que Kimo, au chant et à la guitare, semble plus réservé, mais pas moins passionné. Leur set débutant sur “Digital Misery” et “Seas of Wasted Men” s’achemine progressivement vers quelque chose de plus costaud, qui nous réveille, avec “Awakened Ones”, pour se terminer sur “World Going Down”, “Homo Weirdiculus”, et “Low Class Citizen”, afin de nous conduire vers la suite de la soirée, avant même que nous nous rendions compte qu’elle avait commencé.

Une longue évasion, détonante, et passionnée, qui nous mettra en conditions, juste ce qu’il fallait.

S’il y avait une station à ne pas rater, et dont nous aurions pu en faire notre Terminus, c’est bien The Prestige. Bien qu’originaires de la capitale, leur venue était pour nous quelque chose d’incontournable car, paradoxalement, ils ont très peu l’occasion de jouer dans le coin. Et il faut dire que nous n’avons pas été déçus. Les garçons nous ont offert un show sublime d’authenticité. Des morceaux crus, violents, qui nous prennent aux tripes d’une façon assez surprenante. Une claque simple, pure, qui semble nous troubler dans un sommeil dans lequel nous ne nous rendions pas compte d’être plongés. Ils semblent nous arracher d’un coma imaginaire, nous coller une décharge qui nous murmure à l’oreille “vis, maintenant”.

The Prestige en live, c’est un peu comme vivre la naissance d’une nouvelle énergie en soi, que l’on découvre au détriment de soi, que l’on ne soupçonnait pas et qui nous ferait presque mal en un sens, nous faire froid et ils peuvent facilement nous faire perdre pieds, comme le ferait une douche froide. C’est un flot de sentiments, d’émotions en pleine face. Et ça, ils le font à 3000%. Que l’on aime ou pas, c’est quelque chose que l’on ressent. De la passion, de l’énergie, de la folie, de poésie qui déborde et nous submerge. Nul doute d’ailleurs que plus d’une personne présente ce soir se sera surpris à être ému, alors qu’ils n’étaient venus que par curiosité, ou sans en attendre grand chose. Et finalement, l’attitude d’Alex sur scène est assez caractéristique de cela : il déborde, littéralement. Le chanteur est ultra communicatif, bourré de mimiques, ne cesse de se baisser pour crier dans le micro placé au dessus de lui.

_DSC5781.jpgIl donne. Il donne tout ce qu’il a. Il vit le truc à fond. C’est un show glacial d’émotions, mais bouillonnant d’énergie et de sentiments. C’est un bonheur de voir le succès d’un tel set alors que les garçons, finalement, ne sont pas de ces groupes qui se montrent trop. Au contraire, ils sont plutôt du genre discret, et cela rend le moment encore plus précieux. Et leur plaisir de jouer avec les Butcher’s (qu’ils nous communiqueront à plusieurs reprises) ne rendra que ce partage plus touchant.
Au final, la formation n’aurait certainement pas mieux pu choisir leur nom.

Nous voilà arrivés à destination. Chez les bouchers de The Butcher’s Rodeo. Il y a-t-il encore une véritable surprise avec ce groupe ? Ce n’est certainement pas, ni la première fois, ni la dernière fois, que nous croyons la route de nos barbus. Et à en croire la salle ce soir, nous ne sommes pas les seuls. C’est un peu comme le plat traditionnel familial, que l’on sert chaque fois, mais qui garde toujours cette saveur si particulière qui fait qu’on ne s’en lasse pas. Au menu, du pétillant. Bien plus que The Prestige. Les garçons, beaucoup plus rock’n’roll, ont décidé de donner un coup de fouet, afin de faire prendre la mayo pour de bon. Plus question d’intérioriser, mais plutôt d’extérioriser. On remue, on secoue, mais surtout, on ne laisse pas reposer. Pas question que ça retombe. C’est lourd, et on sent très vite que la soirée va être difficile à digérer, qu’elle va nous rester sur l’estomac un petit bout de temps. Nous serons servis d’un cocktail à base de Backstabbers principalement, arrosé d’une goutte de Conundrum, pour épicer un peu le mélange.

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Et comme dessert habituel, leur célèbre pièce montée : les membres se retrouvent au milieu de la fosse, entourés d’un circle pit de fans en ébullitions, et portant leurs drapeaux. Ça dégouline, on n’en peut plus, mais on en veut encore. Toujours plus. L’ambiance n’est pas aussi folle que ce dont ils sont capables, mais pour autant, le concert se porte bien, et c’est un bon moment de joie intense visiblement partagée “avec la famille”.

En tout cas, une chose est sûre, ce n’est pas ce soir que les Butcher’s se seront viandés.

Au final, sortir de chez soi ne fait pas de mal parfois. Prendre le Bus peut nous emmener loin, à nous évader, ou encore nous amener à découvrir des endroits inattendus, froids mais beaux et intrigants, ou bien tout simplement se retrouver au beau milieu de sa famille. Et surtout, cela peut vous apporter beaucoup de joie, de partage, et de chaleur.

Texte : Aurélie

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