
12 mars 2016, je me promène dans les allées du Salon International d’Art Contemporain à Marseille, Parc Chanot. Soudain je m’arrête un stand de livre, mon regard est tout de suite attiré vers une jolie couverture bleu, une petite fille me regarde, je la reconnais avec son tablier blanc et sa robe bleue.
Alice m’est familière, elle m’accompagne avec ses aventures depuis ma plus tendre enfance, des Alice j’en ai vu plusieurs, mais elle, elle est timide, derrière elle se trouve une grande serrure, elle semble vouloir me dire quelque chose, peut être est elle en train de m’inviter à tourner les pages et à redécouvrir son histoire ? Après tout, le pays des Merveilles est un pays dont on ne se lasse jamais.
C’était le stand de François Amoretti et il était présent, quelle chance !
Les mots m’ont manqués lorsqu’il m’a proposé de dessiner Mr Cheschire, l’un de mes personnages préférés d’Alice au pays des Merveilles. Depuis je garde mon livre, ses illustrations, précieusement, dans ma petite bibliothèque.
François Amoretti est un illustrateur de talent, et ce n’est pas peu de le dire !
L’illustration, il a ça dans le sang, depuis tout petit, il dessine déjà le Mont Fuji sur les murs de sa maternelle (pendant que nous, en maternelle, on essayait de dessiner un bonhomme qui ressemble plus ou moins à un humain).
Bercé parmi les estampes d’Hokusai, les gravures de John Tenniel, son éveil culturel et artistique est déjà présent. Mais pas que, il est déjà, dès la jeunesse, attiré par des histoires de princesse, il dessine des jeunes filles avant d’entrer à l’Ecole supérieure d’art graphiques Penninghen à Paris, ainsi les femmes le suivront toute sa vie, et qu’est ce qui a de plus onirique que d’aimer les femmes ?
L’amour du dessin le fait voyager, il rejoint alors le Japon, découvre le mouvement Gothic Lolita et devint l’un de ses piliers.
Son travail artistique évolue, il rentre alors en France, rejoint le Gottferdom Studio, en parallèle, le mouvement Lolita fait son arrivé en France, François Amoretti se voit confier l’organisation de défilés de mode lolita, de concerts de groupes japonais… Le pilier français du mouvement nous montre encore une fois son œil artistique tout en finesse et avec passion !
Soleil Productions lui signe plusieurs projets peu de temps après, il est également illustrateur régulier pour les différentes rubriques du Lanfeust Mag, et s’en suit plusieurs livres édités chez Soleil, un sketchbook chez Comix Buro.
En 2014, il créé un label « For Horsemen » avec plusieurs créateurs hétéroclites : bande dessinée, livre illustré, illustrations, photo, graphisme. Un label qui met un point d’honneur à la liberté de création.
François Amoretti n’est pas influencé que par la culture japonaise, il aime aussi le Rock’n’Roll ! Et nous l’a prouvé avec les deux tomes « Burlesque Girl », sortit en 2012 et 2013, aux éditions Ankama.
« Burlesque Girl » c’est l’histoire de Violette, elle est en couple avec Peter, le chanteur des Grrrl, un groupe indé et reconnu, dans lequel elle joue de la contrebasse. Mais, ces derniers temps, les finances sont sèches… D’ailleurs, pour renflouer leur compte en banque, Violette accepte d’effectuer un show burlesque où sont invités les membres de Grrrl… c’est alors que sa vie va évoluer, elle va connaître l’effeuillage…
…Dans le tome 2, nous continuons à suivre les aventures de Violette, véritable muse, elle fait toujours partie du groupe rockabilly Grrrl. Les opportunités, les rencontres la font évoluer, changer, prendre confiance en elle. Nous suivons son quotidien, son cheminement, son évolution.
Je ne vous en dis pas plus… et vous laisse découvrir ces deux tomes, qui parlent principalement du tournant dans une une vie d’une jeune fille qui sort du jeune âge, comme une vie peut prendre un chemin…
Avec « Les Destructeurs », François Amoretti met en avant un nouveau concept qui s’étend de plus en plus dans le monde artistique : faire financer par le public sa prochaine BD, l’autofinancement permet une liberté pour l’illustrateur, et la liberté dans le monde de l’art et de la création permet de rencontrer de magnifiques ouvrages, et c’est ce que « Les Destructeurs » est !
Mais de quoi parle « Les Destructeurs » au fait ?
C’est l’histoire de Shauna Bubblebottom, la vie n’a pas été tendre avec elle et sa rancœur est nourrie activement, les maux de notre société se personnifient, dans des entités divines pourvues de pouvoirs dangereux et dévastateurs. C’est la naissance d’un nouveau panthéon guidé par la Saleté, les Imbéciles, la Maladie et l’Etroitesse d’esprit, des créatures affreuses prêtes à se faire casser la figure par notre héroïne. Elle répond à leur violence par la violence et leur combat provoquera la fin du monde.
Une BD passionnante écrite tout en noir et blanc, de quoi s’installer dans un univers unique en son genre !
François Amoretti a un univers à part, ses dessins sont tout en finesse, touchants et reconnaissables dès le premier coup d’œil.
C’est le genre d’artiste qui touche par son raffinement, son travail nous donne envie de parler de lui à nos amis, notre famille, nos voisins, de leurs prêter (ou de leur offrir aussi, soyons généreux) ses différents travaux. Ses illustrations sont détaillées, soignées avec un style unique et toujours agréable à découvrir. Son monde est atypique, on aime son approche et son univers.
Au fait, pour ceux qui sont amateurs d’hémoglobine et de frissons, je vous invite à découvrir DoggyBags (éditions Ankama), voyage inoubliable au cœur de contrées hostiles en tous genres… Bonne lecture !
Texte: Emma
Expositions :
Février 2017 à Intuit Lab – Aix en Provence – Vernissage le 09 février
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