Rencontre avec Arno Futur

C’est au cours de la release party de son premier album  que nous avons rencontrés Arno Futur, l’ex-chanteur des Sales Majestés. Cette soirée qui consacre une nouvelle aventure pour le chanteur nous a permis d’en savoir un peu plus sur le projet qu’il a mis 5 ans à faire éclore. C’est une grande histoire sur le partage et la musique qui nous a été offert pendant cet interview.

Merci de prendre du temps pour répondre à mes questions.
Arno : C’est un grand plaisir.
 Arno Futur. Ce nom est assez fataliste mais reste assez encré dans l’esprit punk ?

 Fataliste, je ne sais pas, c’est Arno Futur. Ca correspondait avec mon prénom Arno et Futur allait bien avec l’esprit punk que j’aime bien. Donc voilà ArNo Futur, aucun futur, des fois je me dis qu’en même temps ça peut aussi être un autre futur.

Un autre futur que tu veux construire avec ce nouveau projet ? 
Voilà. J’étais Arno Futur dans les Sales Majestés, mais c’était plutôt Arno Futur des Sales Majestés. Maintenant c’est Arno Futur qui n’est plus dans les Sales Majestés, donc c’est Arno futur, son nouvel album solo et voilà.
 Alors effectivement, tu viens de le dire. Tu es l’ancien chanteur des Sales Majestés. Tu as fait une trentaine d’années avec eux ? 
Ouais, ce qui est pas mal. Pour un groupe punk c’est pas mal, les Sex Pistols ont duré deux ans. J’ai battu leur record. J’espère être un jour dans le Guiness Book, on sait jamais, trente ans dans un groupe de punk c’est pas mal. Et encore en vie surtout. (Rires) Ca a l’air con.
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Il y a de quoi rentrer dans le prochain !
Dans les trentes prochaines années, oui.
Du coup, quelles sont tes influences pour ce nouveau projet, qui est assez en décalage avec le passé.

 Mes influences resteront les Sales Majestés parce que j’y ai passé trente ans. Puis il y a aussi les influences que j’ai eu. C’est les Sheriff, les Cadavres, des groupes avec qui j’ai tourné comme les Ludwig (Ludwig von 88). Voilà ça c’est mes influences. Maintenant après, l’influence à venir j’écoute aussi autre chose. Ca m’arrive d’écouter la musique classique. Je pense que Mozart est un gros keupon. Il est mort à 33 ans, on l’a foutu dans une fosse commune. Lui aussi c’était pas mal dans le genre. Mais c’était quelqu’un de passionné quoi.

Tu as un côté aussi beaucoup plus électro sur ce nouveau projet. Qu’est-ce qui t’a poussé à ça ? Qu’est-ce qui t’a orienté ?

 J’avais envie de ne pas reproduire ce que je faisais avec les Sales Majestés, donc en faire autre chose. Après il y a quelques petits morceaux électro, c’est pas l’ensemble de l’album mais voilà. Bon RER c’est un morceau qui est assez électro et qui résume bien l’esprit quand tu prends le métro. Il y a un côté un peu “tata tacata” (mime du bruit du métro sur les rails) c’est comme ça quoi. Après notre monde est un peu électro puisqu’il perd un peu d’humanité. Mais j’écris des textes pour que justement cette humanité elle reste. Donc voilà, j’ai pris quelques éléments.

 Ça te permet aussi d’avoir un projet un peu décalé du coup ?
Je voulais un truc différent. Je n’allais pas refaire ce que j’avais déjà fait depuis des années, donc j’ai voulu faire autre chose.
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Ce côté décalé on le trouve aussi avec ton clip à venir, “Ici Bas”, qui a un univers assez marqué…

Pour revenir sur “Ici Bas”, c’est une longue histoire. En fait, moi, Beaudelaire, j’avais ce texte, le “Spleen”, et à l’époque je le jouais au piano. J’ai toujours essayé de mettre ce textre sur une musique, j’y suis jamais arrivé. Avec les Sales Maj’ on a essayé, on y est jamais arrivé. Puis un jour Jean-Pierre (guitare et voix) a proposé son morceau et je lui ai dit “C’est bizarre, le morceau est assez “dark”, assez sombre quelque part ; même s’il a un esprit Rock’n Roll.” Et j’ai chanté le “Spleen” dessus et je me suis dit “Putain, ça colle parfaitement.” C’est un texte que je veux mettre depuis vingt ans sur un morceau rock. Et ce qui m’intéressait, c’était qu’en fait Beaudelaire reste pour moi un rocker et un punk dans l’esprit du texte quand tu le lis. Et je pense que c’est aussi bien que nous on transmette le message que, bah, Beaudelaire peut aussi intéresser les jeunes à écouter. Par ce biais là, peut-être donné envie d’aller découvrir Beaudelaire. Le “Spleen” qui est quand même un des grands textes de la littérature française, de la poésie française. Donc voilà, j’étais très content quand Jean-Pierre m’a proposé le titre de m’être ce texte dessus.

 D’accord. Et pour le clip, tu vas plus chercher à développer ce côté décalé, cet univers animation.
Et bien oui, puisque c’est ce qui m’intéresse, il y a un esthétisme à prendre. En plus sur ce morceau je chante avec une voix grave, ce qui n’est pas dans mon habitude. Donc c’était un challenge. Mais si je chante avec une voix grave c’est parce que ça correspond bien à l’esprit du texte : “Le ciel bas et lourd pèse comme un couvercle, sur l’esprit gémissant  en proie aux longs ennuis, et que l’horizon embrasse tout le cercle, il nous verse un jour noir plus triste que les nuits.” On peut pas faire plus rock, plus keupon que ça. C’est ça qui m’a intéressé.

Sinon ailleurs dans ton album,  tu as un morceau que tu chantes en duo avec une jeune fille. Pourquoi ce morceau ? Déjà il est plus calme par rapport aux autres. Il est plus posé.
Dans tous les albums que j’ai fait, dont Juge Fulton (premier projet solo d’Arno Futur), j’avais créé une petite balade au piano et j’aime toujours mettre un peu de piano parce que je pense que c’est pas parce que t’as pas des grosses guitares que l’esprit n’est pas là. Et cette jeune fille dont tu parles est ma fille. Et un soir j’ai commencé à travailler sur un morceau avec mon piano et puis ma fille est venue se greffer comme ça au hasard et elle a chanté le refrain “Toutes les nuits, tous les chats sont gris, les serials killers sont encore de sortis”. Et je trouvais que ça donnait au texte justement une profondeur. C’est-à-dire que cet enfant qui constate un état de fait avec sa petite voix d’enfant. Et je lui ai dit “On va l’enregistrer”. Et on a été enregistré le titre. Et puis, partager ça avec sa fille c’est quand même fantastique.
Donc c’est une histoire de famille, le projet Arno Futur.
 Oui voilà, le projet Arno Futur par rapport aux Sales Majestés c’est un projet de partage. C’est pour ça que j’ai fait venir France (France de Griessens) aujourd’hui sur “Mon Amour”. Quand j’ai travaillé avec les Hurlements de Léo, c’était aussi un partage. Et dans ma recherche musicale actuellement, ce que je veux c’est faire de la musique partagée avec pleins de musiciens, découvrir pleins d’univers différents. Les Hurlements m’ont beaucoup apporté là-dessus parce qu’ils m’ont dit la musique ça pouvait être très large, très ouvert. Ce qui est important quand on a travaillé sur l’album de “Mano Solo” et bien j’ai chanté “La Révolution”, on m’a demandé de chanter d’autres titres dont je n’ai pas l’habitude, des balades, et ça a été fait. Et donc on parlait du morceau “Ici Bas” où moi ça faisait vingt ans que j’essayais de mettre le texte Beaudelaire sur un morceau, j’y suis pas arrivé tout seul et avec les Sales Majestés et quand Jean-Pierre m’a proposé le morceau, j’ai fait le texte et tout d’un coup ça coulait de feu, donc ça a été.
Jean-Pierre (J-P Jingle)  : Ca coulait de sources.
Arno : Et Beaudelaire est un putain de keupon.
Jean-Pierre : Ah oui !
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 Du coup on retrouve beaucoup cette notion de partage avec tous ces invités que tu as réuni ce soir, France que tu as fait venir sur scène et toi qui a participé à énormément de concerts avec les Hurlements.
Parce que la musique c’est du partage. Tu partages avec les musiciens, tu partages avec le public. Sans partages il n’y a pas de musique.
Tu comptes continuer sur cette lancée ? Tu comptes partir en tournée ?
On prévoit quelques dates, après on ne sait pas de quoi est fait l’avenir. Tu sais moi je vis au présent. J’aime bien vivre au présent parce qu’au présent ça veut dire le cadeau. Chaque jour est un présent. Donc je ne sais pas, je verrai.
Que penses-tu de la reformation de Trust ?
Arno : Bonne question. Je ne sais pas, tu en penses quelque chose ?
Jean-Pierre : La reformation de Trust ? Ben…
Arno : Moi quand je réécoute “Antisocial”, ça reste toujours un morceau pour moi qui est inaltérable, qui est énorme. C’est à dire que c’est un morceau qui est toujours malheureusement trente ans après c’est le morceau qui nous reste. On est toujours dans ce système là, donc voilà. Mais ceci dit j’ai un grand respect pour ce groupe là, parce que les deux premiers albums je les ai trouvé fantastique : “L’Elite”, “Monsieur Comédie”, “Antisocial”, “Tu bosses toute ta vie pour payer ta pierre tombale”. Bah on en est encore là, malheureusement, mais bon c’est la vie. Mais j’ai toujours du respect pour les gens qui continuent à faire ça. Donc voilà.
Et bien merci beaucoup, j’ai hâte de voir la suite.
Arno : C’est moi qui vous remercie.
Propos recueillis par Cyrille
 

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