
Pour la sortie de leur nouvel album A Farewell To Dawn nous avons voulu discuter avec Jérémy (batteur, programmations) de 7 Weeks au Hard Rock Café début octobre. Le cœur du nouvel album, l’écriture à deux et ces petits détails qui influent sur la composition d’un album, les changements de line-up et ce qui fait la discographie si particulière de 7 Weeks.
Le nouvel album sort le 21 octobre, c’est un album composé à deux, alors la question qu’on doit vous poser depuis ce matin c’est : Comment en êtes-vous arrivés à ce choix ?
Jérémy Cantin-Gaucher : C’était un peu logique, parce qu’avec Julien, le chanteur lead et bassiste, on est les deux fondateurs historiques du groupe, on est aussi les deux compositeurs principaux, même si on a aussi bossé en groupe sur d’autres albums. Et là en fait ce qu’il s’est passé, c’est qu’en 2015, une fois qu’on a eut finit la tournée, on a commencé à bosser là-dessus et Manu, au clavier, qui était là depuis 2011, nous a dit qu’après il arrête de tourner pour se concentrer à sa vie de famille et revenir sur son groupe à lui qui s’appelle Olen’k qui est un groupe de trip-hop. Et derrière on a eu une période sans tournée, donc on s’est vraiment fermé pour se recentrer et travailler, juste tous les deux, sur l’album. On a, quand même, eu un guest de qualité, qui est François Maigret, Shanka, guitariste des No One [No one is innocent, ndlr] et des Dukes, qui est venu faire des claviers sur trois titres et pas mal de programmation aussi dessus. Voilà.
Mais depuis les premiers albums, vous avez toujours composé à deux ?
Non, on est les principaux “ameneurs” d’idées, compositeurs et on va dire, leaders dans le « truc », entre guillemets, après ça s’est composé en groupe. All Channels Off, on avait déjà beaucoup bossé à deux en fait, Julien avait déjà enregistré une grosse partie des guitares en studio, d’ailleurs on avait enregistré ça avec Shanka. Carnivora, on l’avait fait plus en groupe, même si beaucoup d’idées de base étaient amenées par le duo et là il s’avérait que l’occasion a fait le larron, donc on s’est retrouvé à maquetter, et vraiment là, à le faire à deux. On était tous les deux dans le truc et c’est comme ça que ça s’est passé.
A travers la composition à deux on se recentre plus sur l’essence même de la musique du groupe ou pas ?
L’avantage c’est que tu gagnes du temps du fait qu’on sait où on veut aller, connaissant l’histoire et étant là depuis le départ, donc tu gagnes du temps d’un point de vue et tu fais vite le tri sur ce qu’il y a à faire. L’inconvénient, qui en est un et pas un, du coup tu es deux à échanger, donc forcément quand tu es trois ou quatre, il y a vachement d’échange et tu peux chopper vachement de choses. Et l’autre inconvénient que tu as, c’est que tu te retrouves à maquetter vachement. Donc tu vas faire tourner une guitare, batterie, tu testes ça, tu maquettes, après tu enregistre les bases, ou inversement. Et ça a un avantage, même si ça demande vachement de taf, c’est que ça permet de prendre du recule et de savoir où tu veux aller. On a testé et on a vachement bossé comme ça en fait, mais par contre on a pas fait tourner le groupe avant d’aller en studio, et là maintenant on le fait à quatre, c’est assez intéressant. Ça a marché cette fois-ci, ce n’est pas dit qu’on refasse la même solution le prochain coup. On ne l’avait pas fait sur Carnivora, on n’avait pas fonctionné de la même manière, on avait bossé à quatre aussi et là ce coup ci on a fait comme ça, on est assez content du résultat.
Du coup c’était complètement un test ?
Ouais là c’était un test. A ce moment là je te dis, c’est l’histoire du groupe, qui a fait qu’on est arrivé dans cette situation-là. C’était beaucoup de boulot, mais c’est appréciable aussi, de se retrouver là-dedans, d’être vraiment concentré là-dessus, dans cette période, juste à deux, recentré. En plus on voulait aller plus à l’essentiel, sans pour autant se privé de l’expérience et de ce qui avait été fait avant. Ca nous a permis de ne pas mettre de frontières et puis on a été sans concessions, on allait où on voulait, comme on voulait. Ca a été assez lucratif dans ce sens-là.
Tu disais qu’au niveau de l’histoire du groupe, il y a eu une évolution, l’arrivée du clavier avec Dead of Night, donc à l’écoute de celui-ci on sent quand même un gros travail au niveau des ambiances musicales et un côté très filmique
Là tu tapes juste en fait, ça reste des chansons, on fait des chansons, ça peut être joué en guitare folk aussi, il y a des titres qui parlent de ça d’ailleurs, ça peut être joué sur une version acoustique. Je pense que, ce qu’on avait essayé de faire sur Carnivora qui est sorti en 2013, c’était de mixer le ciné-concert avec un peu de All Channels Off, le premier album donc un album brut stoner, rock stoner et cet espèce d’hybride musique de film très ambiant. On avait déjà essayé de faire ça et là je pense qu’on y est vraiment arrivé sur cet album là, mais avec un côté plus synthétique, pour revenir au clavier, mais les claviers sont plus dans des textures synthétiques moderne, limite électro sur A Farewell To Dawn, le nouvel album, contrairement à Carnivora où on utilisait plus du amont, des roses ou des claviers plus vintage mais on était plus dans ces textures là. Il reste des claviers, des roses, des amonts, etc… sur le nouvel album, mais là on est plus sur quelque chose de synthétique et en plus, je pense que la prod de Francis Castes accentue encore plus ça et on est assez content du résultat. Donc c’est vraiment là-dessus qu’on a évolué. Mais tu as raison le côté film est resté là.
Donc la production Francis Castes…
Il est clair ! Avec Francis on a eu une super collaboration, c’est la première fois qu’on bossait avec lui, on s’est bien senti au téléphone quand on se reniflait le cul, on a tapé juste, c’est bien ! En plus humainement on s’est super bien entendu et puis il fait un super taf, il a fait autant un taff de prod que de réalisation, notamment en conseillant et en proposant des choses auxquelles on aurait pas forcément pensé, notamment sur le chant où il a dit : « Tiens essaie ça » et ça on ne l’aurait pas fait tout seul. Et ça marche bien, on est content du résultat.
On parlait de l’importance des claviers et donc ça revient à ma question, votre clip de “January” est sorti aujourd’hui
Ouais qui est sorti à 16h. Alors qu’en as-tu pensé ? Tu vas être le premier retour à chaud.
Vraiment cool et assez étonnant. Est-ce un choix légitime de mettre ce titre en avant ? Qui a un côté assez indus je trouve .
On a fait exprès ouais, on ne voulait pas sortir quelque chose, sur lequel on pouvait nous attendre. Donc on s’est dit que celui-là, était celui qui était le plus loin de ce qu’on a fait jusqu’à présent tout en ayant une cohésion avec ce qu’on fait, donc on va sortir celui là ouais. Il y a une vraie volonté de mettre celui-là en avant.
C’est exactement ce qu’on note, il est cohérent avec le reste de l’album mais quand tu sorts de Carnivora et que tu as celui-ci en premier… Donc le but c’était de le prendre ça à contre pied ?
C’était ça pour le clip, après on avait déjà sorti deux titres sur youtube, pour les pré-co, donc on n’est pas arrivé, non plus, avec un truc où on chamboule tout. Puisque le premier titre qu’on a mis en ligne, fin Août, c’était “Kamikazes” et là tu es dans un truc, on va dire, plus convenu. Et on l’a vu d’ailleurs sur les réactions, mes mecs disaient : « Putain cool ! Bon morceau, le son ça l’fait, c’est du bon 7 Weeks ! » Après on a sorti “The Ghost Beside Me”, qui est là, plus, dans le côté cinématographique, plus lent, qui est plus dans les ambiances dont tu parlais, qui axe vraiment ça, là tu commences déjà à taper. C’est du 7 Weeks mais c’est encore autre chose. Tu as toutes ces ambiances et là on arrive avec “January”, qui est un truc ultra machine, prod, ça flirt avec le Nine Inch Nails.
Exactement et qui, au passage, est parfait !
Bon bah cool, merci ! Je t’avoue que, quand on prend des risques comme ça, des fois on sert les fesses, on attend les retours et on est content de le faire !
En même temps le but de la musique alternative, c’est de prendre un peu de risques…
T’as tout compris, c’est ça, ça c’est un leitmotiv au niveau des compositions. C’est essayer de remettre en question les choses que tu as faites et quand on a des titres comme ça, comme “January “qui se font. En plus, il y a une histoire drôle sur le morceau, au niveau de la composition, parce qu’à la base il vient d’un bœuf, guitare, batterie, dans une grange., c’est a dire à l’opposé du titre. Il aurait pu finir blues, il a commencé dans une ambiance blues et il finit dans un truc ultra synthétique moderne. T’as envie de voir des voitures et des milliers de trucs en métro, enfin t’es loin quoi. C’est ça qui est intéressant.
Donc au final, cet album, ce qui en ressort c’est ce tournant, une certaine maturité musicale ?
Peut-être ouais, c’est toujours des grands mots, c’est marrant d’utiliser ça. Mais en tous cas on est content, on le trouve assez abouti. On dit qu’on aurait pu faire les choses différemment et c’est toujours le même truc, quand on a fini quelque chose : « ah peut-être ça on aurait dû faire comme ça. On aurait pu pousser ça ou ça plus loin.», mais je sais qu’on est vachement content de l’album. Donc ça c’est déjà bien en fait, là en ayant pris un peu de recul sans l’avoir écouté plus que ça, depuis qu’on l’a enregistré, parce que nous on l’a quand-même depuis un moment, je l’ai réécouté récemment et j’étais là : “il y a une lien, une cohérence dans l’album”, et en plus on a trouvé récemment une cohérence dans tout l’artwork, dans le livret, dans les photos du livret, et là dans le clip on trouve qu’il y a vraiment une cohérence entre la musique, les visuels et pour moi c’est la première fois qu’on arrive aussi bien à le faire. Donc il est peut-être plus mature.
Du coup, vous êtes libérés totalement de l’étiquette stoner qu’on vous collait si facilement?
C’est ça, on en a beaucoup parlé aujourd’hui, ils font des étiquettes et d’ailleurs on a un super pote à nous qui est Reuno de Lofofora et qui nous a toujours dit : « Les mecs, les étiquettes c’est pour les yaourts », cette phrase je la trouve parfaite. On n’a pas trop d’étiquette, c’est un avantage et un inconvénient aussi des fois, moi je dis souvent massive rock, ça veut dire ce que ça veut dire. Le massive rock on pourrait le faire en folk, ça reste des chansons, c’est la forme qui change. Mais je pense que maintenant on a un style un peu plus fort, on a digéré les claviers, tout ça, il y a une entité encore plus forte, elle était déjà assez présente, c’est un bon résumé, on a trouvé l’essence du truc. Je trouve ça plus direct, plus franc, plus assumé en fait, ce style-là. Je peux me planter mais c’est dur de mal juger.
C’est toujours dur. Et au final, le titre de l’album est il lié à quelque chose ?
Alors A Farewell to Dawn, il y a un titre qui s’appelle comme ça dans l’album et qui en plus est en version instrumentale de 2min10, pour le coup très cinématographique. Pourquoi on l’a pris ? D’ailleurs c’est Julien qui l’a nommé comme ça, déjà il sonnait bien, je trouvais que c’était le titre en titre d’album qui, parmi les 9 qu’on avait, sonnait le mieux et qui en plus résume le mieux l’ambiance générale de l’album. A Farewell to Dawn, tu dis au revoir à quelque chose, mais en même temps avec l’aube, c’est un recommencement, il y a un côté cyclique, il y a des morceaux cycliques là-dedans. “King In The Mud,” le premier morceau de l’album, c’est un truc super heavy, très cyclique, qui revient, qui insiste, t’es un peu sur les trans, les trucs dans le genre. Donc ça peut être affilié à tout ça, toute cette imagerie. Puis l’album est mélancolique aussi, on a toujours eu ça, que ce soit dans les choix d’arrangements mélodiques, dans les voix, les textes qui sont très métaphoriques, où tout le monde peut tirer n’importe quelle conclusion, et après il est mélancolique aussi, parce que c’est comme ça, la zik a souvent été écrite comme ça, alors après pourquoi ? Parce que ça s’exprime comme ça quoi.
Toi qui es là depuis le début, comment définirais-tu le caractère de 7 Weeks aujourd’hui ?
Pugnacité, sagesse, on va dire aujourd’hui, puisque tu me parles d’aujourd’hui. On est un peu plus réfléchi qu’avant, ce qui est normal on a 10 ans de plus. Ouais je te dirais pugnacité, sagesse, ça va bien ensemble en plus et puis c’est limite opposé en même temps. J’aime bien ce genre de trucs. Tu me dis de faire, je vais faire l’inverse, on a un côté un peu comme ça nous. (Rires)
Comment vous faites pour tenir toujours autant cette flamme ?
Je t’avoue que moi j’ai toujours fait que ça, ça fait partie de la vie ce truc-là. Là c’est la première fois qu’on se pose et qu’on passe 6/7 mois à penser à l’album en fait, sans tourner. Avant on tournait tout le temps, même si ce n’était pas des tournées monstrueuses, on s’est fait quand-même de la date, mais là on n’a pas fait de date pendant 10 mois, un truc comme ça. La dernière était genre en mai 2015 et la suivante a dû être en avril 2016. Et entre temps, Manu a dû arrêter, nous on s’est posé et on a fait que de la zik, donc c’était éprouvant, mais en même temps c’est de la recherche, du travail et à la fin tu as des défis, on est sorti du studio on s’est dit : « Allez on va enregistrer ce truc-là ». On savait où on voulait aller et quand on l’a eu on s’est dit « Putain c’est cool ! ». Maintenant t’as envie d’aller le défendre sur scène et de re-bosser et de repartir sur la route. Donc ce qui me fait tenir, moi, bah déjà c’est ce que j’aime faire et c’est ce que je suis donc ça fait partie de moi. J’ai besoin de faire de la musique, je ne me pose pas trop la question par rapport à ça. Quand on n’aura plus rien à raconter c’est là qu’on arrêtera, enfin je pense. J’espère qu’on arrivera à s’arrêter. Ce sont des challenges, quand on s’est mis à deux à le bosser, on était là « Ouais ok on y va ! » et au final c’est cool. Je suis content de repartir en tournée parce que du coup on attaque les nouveaux morceaux, on a un nouveau line-up, donc c’est super intéressant.
Quelle va être l’actu de 7 weeks ?
Et bien on va partir sur la route mon ami ! (Rires). On a déjà commencé le 8 Octobre, on était à La Laiterie, cet été on a fait quelques dates, on a fait l’Extrem Fest notamment, on a juste tenu les engagements sur les gros trucs.
Oui parce que l’année dernière il y avait eu une annulation à cause du temps ?
Ouais on s’était pris un orage de barjo sur la gueule ! Bon là cette année ce sont nos potes de Lofofora qui l’ont pris sur la tronche, ils ont fait la moitié de leur set, désolé les mecs ! Et donc là il va y avoir 7/8 dates de calées, de début octobre jusqu’à début décembre et là, il y a le tourneur qui bosse pour 2017. Le gros de la tournée sera en 2017 parce que le booking a commencé tard, on est content de ça, on ne voulait pas trop tourner sur l’automne, on voulait s’occuper vraiment de la sortie. Du coup c’est des bonnes dates qu’on fait, ça nous permet de prendre le temps de mettre le set en place, là c’est entrain de bosser à fond, on est dessus aussi, pour 2017, essayer de chopper un max de dates pour faire tourner le bus. On va aussi bosser sur l’étranger, on va voir comment ça se passe, parce qu’on le sort sur un label. Ça c’est pareil, nouveau label, nouveau tourneur, il y a d’autres partenaires qui viennent là-dedans parce qu’on était en indépendants depuis le départ, avec notre propre label, c’est nous qui montions les tournées et compagnie, là maintenant on a des gens qui aident.
Bonne continuation pour la suite et merci à toi Jérémy !
Merci à toi et merci à The Unchained de soutenir la scène alternative !
Propos recueillis par Anthony
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