
Notre deuxième jour à la flèche d’or s’annonce beaucoup plus apaisant que la veille. Après Caliban, c’est au tour de Merge à l’occasion de la sortie d’Ineffable, d’arrêter la flèche du temps en compagnie de Tri-Hidden Panic et Paerish.
Ce soir, le public est au rendez-vous, puisque c’est devant une salle remplie de bien 400 personnes qu’ouvre le premier groupe, Tri-Hidden Panic. Si leur nom vous dit vaguement quelque chose, c’est sans doute parce que ces derniers ont été finalistes du concours Emerganza. Leur présence à l’affiche pourrait étonner ceux qui suivent Merge depuis la première heure mais, à en croire les dires des garçons en interview, ce choix vient appuyer leur changement, et leur souhait de s’ouvrir à de nouveaux horizons musicaux. Ainsi, c’est une formation aux accents très pop, et hipster que nous trouvons là.
Grimée de noir, tout comme le reste de la formation, la chanteuse porte un peignoir/manteau? sur lequel est inscrit leur nom, et l’on devine assez vite la suite du show : c’est un spectacle qui frôle peut-être parfois la limite du “trop”. C’est un peu dommage, car si des fans sont clairement présents, tout le monde ne se prendra pas au jeu, au point de créer quelques moments de flottement voire de malaise, comme lorsque la chanteuse demandera “Est-ce qu’il y a des gens célibataire dans la salle ? Non..? Bon… Cette chanson ne sera pas pour vous alors !”, très bien rattrapé. Pourtant, ce n’est pas faute de bonne volonté : ils se donnent à fond, et réveillent la Flèche d’Or par leur vitalité… qui prendra peu à peu le dessus jusqu’à convaincre les plus récalcitrants de se mettre à genoux et sauter, puis, plus tard, de danser sur leurs titres. Musicalement, le trio offre un son frais, tout à fait dans la lignée de ce qui est un vogue, ça marche, c’est efficace et carré, c’est très appréciable. En tous cas, eux, n’ont pas caché leur plaisir d’être là, et cela leur a bien été rendu. Au final, s’il a fallu un peu de temps, les musiciens semblent avoir conquis des cœurs ce soir, et lorsqu’une soirée débute comme ça, il n’y a pas de panique à avoir pour la suite.
Quoi de plus logique, après des finalistes, de faire jouer un groupe dont l’album s’appelle “Semi Finalists” ? Ainsi, à leur suite, Paerish font leur entrée, et c’est aux couleurs de Laura Palmer (Twin Peaks) que s’est habillé le frontman ; cela semble ne nous dire une seule chose : Nous ne savons pas où cette soirée va nous conduire, mais nous avons l’étrange sentiment que cela sera à la fois étrange et excitant. Et de fait, ce groupe aux sonorités plus rock fait monter peu à peu le ton de la soirée et resserrent les boulons. Ils nous offrent un show carré, très mature, et l’on sent largement leur volonté de bien faire, et tout le travail qu’il y a derrière.
L’audience semble le ressentir et se prendre au jeu très vite, ce qui créé une ambiance très paisible et amicale, pleine de partage et d’échanges. Ce soir, en plus, est également leur release party, et leur plaisir de partager cela avec le public parisien, à la maison, est palpable. Les garçons débordent d’énergie, de vitalité, et de force tranquille. Et pas que tranquille d’ailleurs, puisque les membres du groupe investissent tout l’espace, y compris celui de la fosse, dans laquelle le guitariste fait face à son groupe qui achève leur set, comme s’il contemplait avec joie leur réussite de ce soir. Leur complicité est communicative, et le groupe sait comment, sans faire plus de bruit que ça, réchauffer la salle, et convaincre son public. Un réel plaisir, et le pari de Paerish ce soir est réussi, avec une performance impeccable, laissant derrière eux une salle conquise.
Des notes éléctro brisent le silence de la Flèche d’Or et accueillent les tant attendus Merge qui, paradoxalement, débutent leur set sur The Exit. Les garçons n’ont pas fait les choses à moitié ce soir, notamment au niveau des lumières : des barres de lights surplombent la scène, et promettent de nous en mettre plein les yeux, sur une scène dégagée de tout système sonore. Les garçons ont grandi en quatre ans. Ils jouent désormais dans la cour des grands, et sont bien décidés à nous le faire savoir avec cette ultime sortie. Bien entendu, leur musique a très largement changé (la présence de la cover de “Heathens” de Twenty One Pilots, ou encore leur très pop-électro “Mirage” issue du nouvel album ne nous feront pas dire le contraire), et leur public avec (compte tenu du public très jeune et féminin qu’ils ont convaincu lors de leur tournée récente avec Don Broco), mais l’ancien Merge ne semble pas si loin lorsqu’ils sont sur scène.
Si vous aimez leur travail studio, sachez qu’ils prennent une toute autre dimension sur les planches, en témoigne les parties chantées qui se transforment en scream. Merge est un groupe qui déménage en live, lors duquel leur esprit rock se révèle réellement. Ils sont clairement taillés pour la scène. L’énergie qu’ils dégagent est énorme. Tim, le bassiste, en est presque difficile à suivre, alors que les autres se dépensent et déversent leurs tripes. Leur set, bien que marqué évidemment par le nouvel album, a quelque chose de très organique, et touchant d’entièreté. Beaucoup plus qu’en première partie de Don Broco.
Dire que l’ancien Merge n’est pas loin pourra d’ailleurs être pris au pied de la lettre, puisque l’ancien frontman Anthony, reviendra chanter “Joy Illusion” en duo avec Max, le nouveau vocaliste. Et si la scène a de quoi mettre un peu mal à l’aise quand à la façon dont chacun se situe par rapport à l’autre lors de ce morceau, il est quand même important de constater qu’un ancien morceau semble toujours avoir sa place dans leurs setlists actuelles, à l’instar de “Sacré Coeur” (initialement avec Anthony, mais ici chantée par Max), qui terminera le set.
Tout au long de la soirée, les membres mènent la danse avec brio, et malgré les propos d’un frontman sans doute un peu stressé, ils exécutent un show impeccable, plein de vitalité, de bonne humeur, et de complicité tant entre eux qu’avec leur public, qui les suit depuis longtemps, pour beaucoup. Leur joie d’être ici est communicative, et cela leur est bien rendu. Avec une setlist bien équilibrée et nous longeant progressivement, sans brutalité dans ce qu’ils ont de plus nouveau, les garçons ont réussi à convaincre plus d’une personne ce soir que Merge avait sa place sur la scène française, aussi bien avant que maintenant. Un succès, donc.
Avec une telle soirée, nous pouvons confirmer les dires des membres de Merge lors de l’interview que nous avons eu avec eux : ce qu’il y a de plus ineffable pour eux, c’est ce qu’il se passe en live. Et de fait, Merge dégage quelque chose de particulier en live, quelque chose de fort, d’attachant, de prenant, qui légitime le succès qu’ils peuvent rencontrer. Une joie ineffable, mais pourtant communiquée. Le public, comme les membres, repartent visiblement heureux. Quant à la flèche d’Or, ce n’est pas ce soir encore qu’elle dormira.
Setlist :
The Exit
Ineffable
Recovery
Password
Bloodstream
Joy Illusion
Face It Now
Soaring
– – – – –
Heathens
Mirage
Sacre Coeur
Merci aux groupes et à Alternative Live pour cette date.
Laisser un commentaire