
Pour Halloween, The Unchained n’a pas eu peur de s’envoler vers de nouveaux horizons. Ou presque pas. C’est à Londres, dans la O2 Arena, que nous avons été conviés à faire la fête, au cours d’une soirée donnée par Bring Me The Horizon. Les garçons ont évidemment invité leurs copains à se joindre aux festivités, c’est donc Basement, Don Broco, et Enter Shikari qui co-animeront cette Halloween Party.
Les premiers arrivés sont accueillis par Basement, qui débutent leur set à 18:30 conformément à ce qui était inscrit sur le carton d’invitation, alors même que tout le monde n’est pas encore présent. Vous connaissez ce sentiment d’arriver chez quelqu’un alors qu’il n’est pas encore prêt et que rien n’est encore installé ? C’est un peu le sentiment de ce début de show… lumières allumées, public distant, rien ne donne vraiment envie de s’amuser. C’est pourtant dommage, car les garçons proposent un set assez cool, mais ce n’est sûrement pas le public adapté. Trop jeune sûrement. C’est un peu comme fêter Halloween pour les premiers âges : il se passe quelque chose dont on ne saisit pas vraiment le sens, il est difficile de capter l’attention très longtemps, ni d’obtenir le silence. Dommage. Les garçons repartent comme ils sont arrivés : en silence, et dans l’ignorance de la salle. Plutôt trick que treat sur ce début de soirée.
Ding, dong. Un coup de tonnerre, puis des bruits de sabots résonnent dans la vaste arène. Ce sont les Don Broco, déguisés en cowboys et chevaux. Les garçons ont joué le jeu, et cela nous renvoie en enfance. Vous savez, ces fêtes d’Halloween pleines d’innocence, d’amusement, de chaleur, et de sucreries. La performance des anglais a cette même saveur gourmande, transcrite par la voix ronde de Rob, ainsi et leurs mélodies heureuses et entraînantes. D’ailleurs, le vocaliste a modifié certaines lignes de chant pour les rendre plus acidulées, plus accessible à leur public majoritairement jeune. A ce sujet, beaucoup de parents sont présents, veillant au bon déroulement de la boum. Côté setlist, ce sont leurs morceaux les plus populaires qu’ils reprennent, ceux qui restent le plus facilement en tête : “What You Do To Me?”, “Automatic”, “You Never Know”, “Money Power Fame”, aucune musique ne tombe à côté de la plaque… Dans la fosse comme dans les gradins, on danse, on saute, et nous n’y voyons aucun défaut tant leur show est parfaitement rôdé, et nous met de la poudre aux yeux. La joie règne dans la salle, nous sommes insouciants. Comme des enfants. Treat, pour le coup.
Ding, dong. Enter Shikari font à leur tour une entrée fracassante. Moins sucrés que leurs prédécesseurs, les garçons nous offrent un show un peu plus mature, mais pas moins amusant. En grandissant, il est difficile d’arriver à avoir tout le monde qui joue le jeu du déguisement, et c’est le cas ici : seul Rou est costumé. Nous sommes sortis de l’enfance. Shikari, c’est un peu comme le sucré salé ou le chocolat liquoreux : c’est particulier, tout le monde n’aime pas, mais lorsque l’on sait apprécier sa spécificité, sa saveur propre, il est divin. C’est un signe que l’on a grandi, bien souvent. Enter Shikari, c’est notre Halloween de l’adolescence finalement. La fête durant laquelle nous nous amusons énormément, mais plus seulement de façon inconsciente, mais au contraire en savourant le caractère nouveau, différent des choses. Un nouvel angle de vue, plus engagé, plus fort, plus pêchu, fort appréciable. Le set explose réellement lorsque les anglais jouent “The Last Garrison”. La salle est ensorcelée, les garçons sont de vrais magiciens de la scène : le frontman saute dans tous les sens, déplace les amplis pour monter dessous et sauter, jette le pied de micro, etc. C’est la non-limite d’une soirée d’Halloween jeune, pleine d’énergie, et avec du sens, mais encore de la magie. Treat encore.
Ding Dong. Il est 21h30 et les derniers arrivés sont Bring Me The Horizon, qui n’ont pas pris la peine de se déguiser. Les garçons sont accueillis en rois, au son d’un public qui s’égosille sur les « S.P.I.R.I.T », magnifiquement accompagnés d’un jeu de lumières parfaitement rôdé. Des écrans géants font office de fond de scène, et l’on devine qu’il n’y aura ce soir pas de place à l’improvisation, car tout va être millimétré. Et de fait, entre les éclairages, le CO2, on en prend plein la tête. C’est magnifique. Mais l’ambiance dans la fosse n’est pas celle que l’on attend, c’est davantage une masse qui se bouscule mollement qu’une véritable fête. « Don’t call it a party, ’cause it never stops » résume assez bien ce qu’il se passe. Des pogos s’amorcent et s’avortent aussi vite. En réalité, il manque peut-être ce côté raw, innocent de la jeunesse du groupe, l’authenticité, qui dégageait tant d’énergie positive. Il y a un goût de déjà-vu, de convenu, et la setlist de la soirée, bien que forte appréciable, ne sert pas cette cause : principalement axée sur That’s The Spirit et Sempiternal, on y retrouve quand même “Chelsea Smile” et “There’s a Hell Believe Me I’ve Seen It”, “There’s a Heaven”, “Let’s Keep It Secret”, qui nous donnent un accent de nostalgie. En tous cas, cela ne nous déçoit pas, et musicalement c’est parfait, pas une seule fausse note. Mais le vrai bémol sera sûrement la voix d’Oli, fatiguée, usée, et sonnant faux, qui donne l’impression qu’il rappelle ses amis arrivant en cours de soirée, à moitié bourrés après un bon before, et qui, bien qu’amusants, ont un côté un peu fatiguant. Heureusement, Jordan Fish assure derrière, et l’on y voit presque que du feu. Ecouter Sykes chanter ce soir, c’est comparable à un Halloween comme on peut le vivre en vieillissant : il n’y a pas vraiment cette excitation primaire, et les friandises n’ont plus la même saveur. Pour autant, la joie du frontman d’être sur scène, et des fans d’être présents fait que rien n’est perdu. Malgré tout prime le bonheur de partager, d’être ensemble, comme lorsque le vocaliste propose à ses fans de venir lui faire des High Five, et d’apprécier tout le prestige de la soirée, luxueuse comme on en connaît peu, tant c’est démesuré. On en a plein les yeux, et l’on s’amuse en étant pris dans l’ambiance, mais il est assez facile d’être déçu lorsque l’on prend un peu de recul. Trick or treat ? Au final, on ne sait pas vraiment. C’est un peu la pumkin pie de la soirée : on aime parce que c’est la mode, parce que c’est un classique, on aime parce que c’est une saveur particulière, qui n’arrive pas souvent, parce que c’est notre pêché mignon, et même si un mauvais dosage d’épices a vite fait de gâcher la sucrerie, le contexte fait que l’on arrive toujours à l’apprécier.
Au final, c’est plutôt une agréable soirée que nous avons passé, la récolte de plaisirs musicaux a été plutôt bonne, et nous nous sommes amusés à nous balader à travers des univers différents, avec des façons de vivre Halloween différemment… Et malgré les quelques bémols, nous en gardons de bons souvenirs.
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