RENCONTRE AVEC DAVID/SOUL VISION

Tatoueur-peintre autodidacte qui, quand il veut quelque chose, n’en démord pas ! Ses tattoos sont comme de belles toiles, je vous présente David, qui officie au shop Soul Vision dans le XXème arrondissement de Paris.
 
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Salut David, peux-tu te présenter à nos lecteurs ?
Salut ! Alors je m’appelle David, un petit jeune de 40 ans (rires), je n’ai pas vraiment de pseudo, enfin si mais juste pour mes amis. Je tattoo depuis presque 6 ans et en parallèle, j’essaie de peindre dès que j’ai du temps… ce qui se fait rare.

Tu as ouvert ton shop Soul Vison il y a un peu plus d’un an, si mes infos sont exactes. Où as-tu piqué avant ? As-tu fait des guests ?
Certains diront que c’est sûrement dû à la crise de la quarantaine si j en suis arrivé là. J’ai commencé à piquer sur moi à 17 ans au compas/encre de chine, mais heureusement, j’ai vite arrêté !!! J’ai repris bien plus tard avec de vraies machines, dans une grotte fort sympathique… et non, je n’ai jamais fait de guest, j’ai besoin d’être dans mon univers pour créer et jusque là, je préférais me concentrer à fond sur le tattoo.

Comment es tu arrivé dans le milieu du tattoo ? Es-tu passé par la case apprenti ?
Bonne question… Quand j’étais môme, les tatoueurs ne couraient pas les rues et j’ai eu la chance d’en connaître un qui a piqué des personnes de mon entourage, ça m’a tout de suite fasciné… j’ai toujours traîné dans les milieux underground et côtoyé des tatoués.
A 18 ans, j’ai foncé le voir pour me faire encrer mon premier vrai tattoo, un logo Thrasher [le magazine, ndlr], rapport à mes années skate et ma philosophie de vie. Ayant toujours dessiné, aussi loin que je puisse me rappeler, et vu que je glandais à l’école, j’ai donc fait des études pour être graphiste. Mon diplôme en poche et l’envie de tatouer était toujours si forte, je suis retourné le voir pour décrocher un apprentissage mais sans succès. Avec le temps, je me dis que j’aurais sûrement dû insister beaucoup plus.
La vie a fait que j’ai eu pas mal d’autres activités pendant longtemps avant de retourner me faire tatouer il y a 7 ans. En discutant du parcours de mon tatoueur, il m’a mis la puce à l’oreille en me disant que ça ne serait pas impossible d’y arriver au vu de ce que je faisais en dessin et en peinture. Du coup, pour ne jamais regretter de ne pas l’avoir fait, je me suis renseigné sur les règles d’hygiène, j’ai acheté une bécane et je me suis formé moi même avec quelques conseille d’un autre tatoueur. Ayant eu une formation de dessin à la main classique, ça m’a beaucoup aidé pour la rigueur et l’exécution des motifs, mais il faut apprivoiser ce nouveau support qui est le corps humain. Je suis donc passé par les bases comme en apprentissage classique avant de progressivement évoluer vers des motifs de plus en plus complexe, mais je pense que je serais toujours un peu en apprentissage, dans le sens où on a toujours des choses à découvrir, surtout dans ce genre d’activité, il faut toujours se remettre en question pour évoluer.
C’est donc en parallèle de mon ancien job que j ai fait ça 4 ans durant, en tant que loisir on va dire, à avoir double activité sans plus voir le jour, ni mes potes (que je ne remercierais jamais assez de m’avoir soutenu et fait confiance en me prêtant un petit bout d’eux), pour enfin, pouvoir prendre un virage à 180° et ne faire plus que ça  tous les jours depuis plus d’un an et demi.

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Comment décrirais-tu ton style ? Ta technique ?
J’aime bien mélanger différents styles justement, couleur/N&B, réaliste/graphique, mais je ne suis pas sûr d’avoir encore trouvé mon style. Il faut que j’y travaille plus, je pense qu’il faudra encore un peu de temps…

Quel sont tes sujets et thèmes de prédilection ?
J’aime bien varier les sujets, j’apprécie autant faire du noir & gris bien dark que de la couleur ou du graphique. Je pense que je m’ennuierais à faire tous les jours la même chose, et je ne le veux surtout pas.

Beaucoup de tes tattoo me font penser à des aquarelles, c’est donc un support que tu utilises beaucoup ?
Comme je le disais, j’ai toujours peints ou dessiné avec différentes techniques sur divers support, mais ce n’est pas moi qui ai imposé cela aux clients, à la base, c’était leur demande. Et un peu par hasard, j’ai trouvé la technique pour le réaliser, ça a plu, et du coup, j’ai beaucoup de demandes qui vont dans ce sens.

C’est ce qui est justement agréable à regarder, puisque qu’on ne voit pas ce style de tattoo partout. On voit également ton penchant pour les couleurs bien flashies, est-ce à la demande du client ou cela vient de toi ?
Quitte à mettre de la couleur, autant que ça pète !!! (Rires) Après guérison, ça a toujours tendance à perdre un peu d’éclat donc je les sature bien pour être sûr que dans le temps ça ne bouge pas. Mais quand les clients préfèrent des couleurs plus pastel, je m’adapte et certaines fois, je leur laisse choisir les teintes.

Comment s’est passée la transition du dessin à la peau ? Comme beaucoup, tu as dû adapter tes dessins ou tu dessinais déjà sans trop de détails ?
J’essais d’adapter au mieux la taille des motifs par rapport à la faisabilité. Je pense que pour chaque élément, il y a une taille minimum à respecter par rapport à l’endroit du corps où il est piqué pour que ça vieillisse bien. Pour moi, le vieillissement des tatouages est très important. Je préfère refuser un projet trop détaillé pour une trop petite surface au risque que la personne soit déçue, car au fil du temps cela peut bouger. Etant moi-même passé par cette case, je veux éviter de le répéter. Il ne faut pas oublier que la peau, ce n’est pas du papier, c’est vivant et beaucoup de clients l’oublient et veulent toujours plus petit mais ce n’est jamais une bonne idée.

 

Y a t’il des arts (autre que le tattoo) qui t’influencent, t’inspirent ?
H. R. Giger
[artiste suisse plasticien, graphiste, illustrateur, sculpteur et designer, ndlr] a toujours été mon maître à penser, j’adore son univers mais je suis aussi fan de toutes les autres formes d’art, je suis toujours en quête d’inspiration dans tous les domaines. Il y a des gens extrêmement talentueux, même dans des styles complètement extérieurs au monde du tattoo qui me laissent sans voix.

En parlant du grand H.R. Giger, il y a une grande expo de prévu au Lieu Unique à Nantes, pour l’été 2017, pour la petite info.

As-tu des influences au niveau des tatoueurs ?
Il y a beaucoup trop de « killers », comme ont dit, pour pouvoir les citer, quand je vois ce que certains font, je reste admiratif et d’un autre coté, ça me motive pour avancer dans la bonne direction et aller toujours au dessus de mes capacités pour progresser.

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As-tu souvenir d’un motif, des plus originaux,  qu’on t’ait demandé de tatouer ? Une anecdote ?
Houla… Il y en a quelques uns mais je ne sais pas si c’est racontable (rires). Le plus original restera pour le moment, une ligne que j’ai faite sur une cliente, pour son premier tatouage, elle voulait qu’elle parte du poignet pour rejoindre la cheville. Comme ça, elle peut dire à ses potes les endroits qui font mal ou non.

 

Sinon qu’est ce qu’on pourrait te demander comme projet carrément fou et que tu kifferais tatouer ?
Étant fan de Giger, c’est sûr qu’une pièce de lui me ferai triper à piquer, mais il faudrait que je sois sûre que le client tienne le coup car c’est pas mal de taff en vue… ou bien une grande composition, contenant différents styles, en mode trash/dark/graphic coloré/pattern. Le tout passé au Shaker.

Quelle est la partie du corps que tu préfères tatouer ?
Les bras pour la composition et le dos pour la place à exploiter

Peut-être une partie que tu n’as pas encore tatouée ?
Je ne vois pas non.

Et au contraire une qui te fait bien chier ?
Comme beaucoup de monde je pense, les flancs et le ventre à cause du mouvement dut a la respiration, et à l’élasticité de la peau, c’est des séances bien épuisantes en général.

Comment se passe une séance chez toi ?
On boit une bouteille de Jack et après on voit ce qu’on peut encore faire… (Rires) Plus sérieusement, c’est assez détendu, je suis assez calme donc en général, ça apaise les gens, mais le tout sur fond de métal tout de même.

Ah bien ! Donc côté musique, quelle est ta playlist « bonne séance » ?

Ça dépend des jours et des clients, ça peut être calme comme un peu plus violent. Je m’adapte à eux. Je ne me vois pas mettre du son trop hard à des clients que ça peut déstabiliser et gêner mon taff.

Pour en revenir au tattoo, les gens te demandent souvent de tatouer leur projet perso ou surtout tes flashs ?
On me demande plus de projet perso que de flash, j’aimerais avoir le temps d’en préparer plus, mais gérer le shop tout seul, c’est beaucoup de taff et je n’ai que rarement du temps libre pour en créer. Mais heureusement, sur les commandes, on me laisse assez de liberté tout en restant dans le thème aborder.

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Quand toi-même tu vas te faire tatouer, qu’est ce qui va t’attirer en premier lieu, le sujet ou l’artiste ?
Je dirais les deux.

Quelle est la relation tatoueur/tatoué parfaite pour toi ?
Quand des fois, je m’auto-tattoo, on est assez en harmonie avec mon client  je trouve… (Rires) Ce qui est important c’est l’échange et la compréhension entre les deux parties, c’est une histoire de confiance qui doit s’installer, même si ce n est pas toujours évident, surtout sur des grosses pièces.

Sur toi, quelle pièce fut la plus intéressante à réaliser ? Petite histoire ?
Sûrement le clown que j‘ai sur le bras droit fait par Lenad, il a été réalisé tout en free hand. Il me l’a piqué au début où je tatouais et ça m’a ouvert les yeux sur la façon de mettre en place un tattoo pour qu’il soit harmonieux sur le corps et en mouvement.

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Une anecdote pendant une séance ?
Huummm… Je vous raconte l’histoire du client qui s’est endormi pendant une séance ?? Au bout de 3 minutes, il a sursauté violemment en se retournant et en me disant : « J’étais en train de tomber dans un trou !» Puis de suite, il me dit : « mais, qu’est ce que tu fais là ??!!! » Vraiment surpris de voir ma tronche au réveil.
En fait il se croyait dans son lit, normal quoi ! (Pour le coup, Il était bien détendu !) Je crois que je n’ai jamais autant ri pendant une séance !

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Un grand merci à toi de m’avoir accordé de ton temps, ce fût très sympathique, j’ai bien ri !

 

Interview réalisée par Lëaa

Photos : ©David Soul Vision

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Le contacter directement sur sa page

Shop: Soul Vision

28 rue Orfila

75020 paris

 

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