
Ce soir, c’est une date qu’on attendait avec impatience étant donné que deux groupes sur trois se sont un peu fait remarquer lors de leurs derniers passages parisiens, qui de plus est, c’est fait avec le même groupe sur deux dates différentes. C’est à dire : Converge ! La bande de Jacob Bannon découvreur de pépites musicales ? Bref, revenons au fait, le Gibus accueillait donc une très bonne date de cassage de nuques et de rythmes occultes. Finalement c’est une date qui sera plutôt particulière car avec l’accident de Ryan McKenney et les dates maintenues, comment allait se passer le set de Trap Them ? Du coup entre curiosité et excitation la date attire son lot de public et avec Venom Prison et les Norvégiens d’Okkultokrati on aura de quoi faire !
Les gallois de Venom Prison s’occuperont de l’ouverture histoire de chauffer les quelques motivés arrivés à l’heure. Avec un death metal assez brutal et redondant c’est un peu ce qu’on aura le droit pendant une bonne demi-heure. Rien à redire sur la prestation, sauf qu’on dirait ma soeur s’égosillant dans un groupe de death au fond d’un garage ou une salle de répète borderline. Tout jeune groupe de 2015 avec un album sorti récemment chez Prosthetic Records. Rien de nouveau sous la lune noire, du brutal death classique à hurleuse qui se démène bien sur scène. Juste de quoi faire headbanguer les fans et faire patienter les autres, ou sinon il y a le merch ou le bar au cas où.
Du coup, c’est dans un style un peu différent que les norvégiens prendront la suite. Un public plus fourni et un Rasberry Dawn qui vient de sortir chez Southern Lord. Okkultokrati comme son nom l’indique penche plus dans les ambiance plus sombre et occultes comme si les Misfits avaient vraiment couverts la sorcellerie. Un croisement misfitien, incantations d’outre tombe et guitares plus lourdes et grésillantes. Comme prévu c’est Rasberry Dawn qui est naturellement mis en avant étant donné sa sortie. Loin du Punk metal de ses débuts, Okkultokrati balance ici un son plus mystique, surtout en commençant avec Occular Violence qui prend un peu le public de court… Pas habitué à ce genre d’ambiance plus occulte mais le rythme s’emballera assez rapidement avec une session rythmique envoûtante et agrémentée d’un clavier d’un autre monde. Le mot est juste, Okkultokrati est d’un autre monde, dans un new age de l’occulte, le vrai. No Orouboros et le bien nommé Rasberry Dawn qui rappelle, autant sur le plan musical que sur le look, les années 70 et ce punk rock qui bat son plein. Rasberry Dawn a l’air d’être rempli de titres au savant mélange d’ambiances obscures et sons d’un autre temps ou monde entre Siouxsie et un peu de Kraftwerk… Malgré la froideur relative du public, le groupe fait son truc et prend son pied limite sans avoir rien à faire de la réaction de la salle. Il y a tout de même du headbangue en rythme avec quelques fans. Moon Daggers, plus vieux, reprend une patte plus heavy qui plaira plus aux récalcitrants. J’attendais les norvégiens et je suis pas déçu en tout cas. Le mélange est efficace et fait son effet. Le temps de reprendre une bière et il ne restait plus qu’à attendre et voir ce que allait donner Trap Them suite à l’incident….
Revenons un peu en arrière et retour sur le concert au Bloodshedfest à Eindhoven, le fait, une mauvaise réception après un saut des enceintes pendant le set, qu’il finira tout de même, sur les rotules (propre et figuré). Mais le verdict est sans appel, 2 pieds fracturés et contusions sur le visage pour Ryan McKenney. Coup au moral, la tournée avec Okkultokrati et Venom Prison vient de commencer et c’est quinze dates que le groupe devait enchaîner. Du coup, dans la logique des événements, l’annulation serait de mise, et bien non, Trap Them décidera d’honorer ses engagements, être là ce soir et défendre un de leurs meilleurs opus, Crown Feral. Hardcore quoiqu’il arrive et c’est avec un tout autre regard qu’on abordera le set de ce soir.
Une arrivée moins dramatique, un McKenney au centre sur son fauteuil, réduit, comme un lion blessé, mais pas achevé. Le temps de lancer “Kindred Dirt”, l’ouverture de leur dernier album, ces hurlements prennent un tout autre sens avec la douleur qu’il doit subir. “Hellionaires” et dès le deuxième titre on peut dire qu’on va quand même prendre cher. Un leader diminué physiquement mais qui reste en voix et qui s’arrache à chaque hurlement. Mais surtout un groupe qui ne fait pas qu’office de zicos, ce nouvel ensemble est carré et prend encore plus de puissance avec le dénommé Brad Fickeisen aux futs. Au niveau technique l’ampleur est là et ça fait très mal. Le grind Hardcore des bostoniens c’est comme un coup de meuleuse dans la gueule. McKinley ne tient plus, la douleur où l’envie folle de retourner dans le pit, bloqué comme un animal sauvage en cage on sent cette envie et cette frénésie. C’est un peu moins grind et tout autant brutal et Trap Them atteint un autre niveau avec Crown Feral dont le meilleur sera présent ce soir. Cet incident hollandais n’enlève en rien de la férocité de leur musique et nous oblige à nous incliner à la vue de l’intensité du show qui reste intacte. Masquer la douleur et au delà de la situation pour faire son boulot, envoyer tout ce qu’on a et au final, assurer.
Avec Slumcult & Gather on reprendra le grind harcord plus brut des débuts pour laisser place ensuite à cet excellent et abouti Crown Feral qui verra coup sur coup balancer “Speak Nigh”, “Twitching In The Auras” et “Revival Spines”. C’est du très bon et McKenney sort chaque note avec ses tripes et la douleur sachant ce que donne le groupe en temps normal on sent la situation du leader face à cette impossibilité de se mouvoir. Etant donné les circonstances, on s’attendait à une performance beaucoup plus en dedans.. Mais là, le groupe et surtout son frontman dans sa démonstration d’abnégation et de pugnacité, ont tout notre respect.
Le quatuor prendra congé sur “Phantom Air” avec la promesse de revenir pour 2017 et ceci dans une meilleure forme qui risque de faire encore plus mal…. pour les autres.
Texte: Anthony
Siouxsie and the Banshees, la base.