RENCONTRE AVEC POP EVIL

Temps de chiotte un vendredi après-midi, timing parfait pour aller dans les locaux de Gibson pour y rencontrer Pop Evil, un groupe de rock américain, venu à Paris pour promouvoir Up, leur nouvel album.  On s’assied donc avec Leigh Kataky (Chant), Nick Fuelling (Guitare) et leur nouvelle batteuse Hayley Cramer pour discuter all things Pop Evil…

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Bonjour, pour ceux et celles qui n’ont pas encore la chance de vous connaître, pourriez vous décrire votre groupe et le son que vous faites… ?

Leigh Kataky : Nous sommes un groupe de rock américain, il y a des influences de rock, des influences de métal.  Beaucoup de mélodies dans le chant…

Hayley Cramer : Il y a des chansons pour quand tu veux te sentir puissant/fort et d’autres qui vont te tirer vers le haut.  A mon sens c’est ce qui représente Pop Evil.  Étant le plus nouveau membre, c’est ce qui m’a frappé.  Certaines chansons me faisaient me sentir forte et me donnaient envie d’aller me battre et d’autre qui m’ont tirée vers le haut et ont fait de moi une meilleure personne…

En sommes il y a une vibe positive autour de vos chansons.. ?

Hayley Cramer :  C’est ça.  Par exemple la chanson « Footsteps » est à propos de s’élever, d’être meilleur, d’aller plus loin.  Après il y a la période Onyx [leur précedent album, ndlr] qui est plus dur, donne envie de te battre.  Ca me parle et c’est ce qui résume Pop Evil à mon avis.  Et ça va jusqu’au nom du groupe, t’as Pop et t’as Evil, c’est ce qu’on fait…

Ce qui m’amène à la seconde question : Pop Evil, est-ce que la pop est le diable… ?

Leigh Kataky : Parfois ça va avec tes démons.  Le “evil” dans la pop est parfois ton démon.  Nous avons des chansons dans notre catalogue qui parlent du côté plus sombre de chacun.  Je crois que quand tu es musicien, spécialement dans un groupe de rock, tu as des fans qui ont des problèmes.  Le cœur et l’âme des US c’est la classe moyenne.  Ils ont des problèmes et démons que la musique à aide à traverser.  Des problèmes avec des substances, des problèmes à la maison.  On voit ces visages marqués et c’est pourquoi on essait, comme Hayley le disait, d’écrire des chansons qui les tirent vers le haut, pour les aider à combattre leur côté sombre.

Hayley, tu nous disais que tu étais la petite nouvelle.  Pourrais-tu nous en dire plus sur ton parcours et sur comment tu as été amenée à jouer pour Pop Evil ?

Hayley Cramer :  J’ai été dans des groupes toute ma vie, voyageant à travers le monde avec ma valise.  Et durant ces voyages, tu te fais des amis et des contacts.  Il s’est avéré que nous avions un ami commun dans l’industrie.  A la fin de l’année dernière, il était en Angleterre et je lui ai dit que j’étais plus heureuse quand j’étais aux US, s’il entendait parler de quelque chose qu’il me fasse signe.  Donc c’était fin de l’année dernière et je crois que dès janvier il m’a appelée en me disant que les Pop Evil cherchaient un nouveau batteur et que je devrais y aller.  J’ai alors écouté tout leur catalogue et je me suis dit : “Oh yeah !! Je veux ce boulot tout de suite!”  J’ai postulé et me voilà (rires) Et il a dû te dire de regarder ce que je faisais…

Leigh Kataky :  Ouais c’est marrant ton côté de l’histoire.  Comme quand tu écris un hit, quelque chose de plus grand que toi.  Tu vois que Dieu, ou peu importe ce en quoi tu crois, fonctionne de manière mystérieuse.  Au même moment, elle veut faire quelque chose en Amérique, nous on reçoit un appel de notre batteur qui veut faire autre chose.  Vu que le groupe est plus important maintenant nous pouvions regarder plus loin que le Michigan [dont le groupe est issu, ndlr].  On a brièvement regarder là-bas parce qu’on avait des shows bookés, on est booké toute l’année.  Faut donc que la personne ait le temps d’apprendre notre catalogue et qu’on le répète.  On a eu l’opportunité de pouvoir chercher à travers le monde.  Et on voulait une nana à la batterie.  Mais une nana qui envoie et qui sait faire le show parce que nous faisons un show, et même nous avons pas mal de fans nanas qui sont inspirées par nos chansons.  On lui a dit de nous envoyer une démo.  Et direct elle nous a renvoyé, pas seulement une chansons mal cadrée à l’Iphone, mais 5 ou 6 chansons filmées et éditées, non seulement bien jouées mais surtout comme on le disait en faisant le show.  On ressortira peut-être cette vidéo un jour…

Hayley Cramer : oh non stp le fais pas !! (rires)

Leigh Kataky : Après ça le question était : « Est-ce qu’on peut vivre avec elle… ? »

Hayley Cramer : Evidemment.  Vous avez cherché autour de vous au début parce que quand tu veux quelqu’un pour ton groupe, tu veux quelqu’un qui ait la même culture, qui comprenne l’esprit du groupe et il y a peu de chance que cela vienne de quelqu’un qui vient de l’autre côté de l’océan…  Mais quelque chose de quasiment magique est arrivé…

Leigh Kataky : C’est marrant ça me fait penser à un truc intéressant.  Si on n’avait pas tourné en Europe, on aurait peut-être eu plus de réserves à l’avoir avec nous.  Mais ayant tourné en Europe, ce n’est plus aussi intimidant que ça ne l’était.  On est excité par l’Europe, par à quel point le public est beaucoup plus enthousiaste que notre public au US.   Quand on vient jouer ici et que le public qui  ne te connait pas encore clape des mains et est aussi interactif que possible sur des chansons qu’ils ne connaissent pas, c’est inspirant.  Quand on a commencé il a fallu aller le chercher le public, mais ici les gens ont tellement faim de nouveaux groupes…

Vous êtes reconnus pour être un excellent groupe live, quels groupes mettriez vous en exemple sur cette exercice ?

Nick Fuelling : Pearl Jam

Leigh Kataky : Pearl Jam clairement…Quand ils ont commencé c’était hallucinant.  C’était brut,  Les années 1990 nous ont beaucoup influencés.  On n’a pas énormément d’argent donc pas de quoi acheter de la pyrotechnie et d’autres trucs, alors on fait d’autres choses.  Comme marcher sur les mains, descendre dans la foule, prendre le tshirt de quelqu’un du public et courir sur scène avec, des trucs qu’ont fait sur le moment, où le public est incorporé au show.  Au michigan, il les gens n’ont pas trop d’argent donc si tu ne donnes pas un show digne de ce nom, les gens ne viendront pas te voir.  Ils ne veulent pas voir de la masturbation musicale, ils veulent voir un show.  Si tu ne leur donnes pas un show tu seras hué hors de la scène.  Durant les premières années, on faisait des reprises dans des petits clubs et c’était le même combat. On montait sur le bar, on piquait le verre d’une personne et on se le renversait sur nous.  Bon des fois ça ne réussit pas toujours, tu tentes un truc et le reste du groupe te regarde genre : « eh, c’était un peu con ça » (rires).  Ils le font même encore aujourd’hui!! (rires) Le show est tellement important maintenant parce qu’il y a tellement de groupes qui ont les même caractéristiques que c’est compliqué d’être différent.  On essait de notre côté, premièrement avec Hayley, parce qu’avoir une nana à la batterie ce n’est pas le truc « normal »…

Hayley Cramer :  Taylor Hawkins (des Foo Fighters) fût une révélation.  On dirait que sa vie dépend de chaque frappe de caisse claire mais pas dans l’agression, c’est une passion heureuse.  Ca se voit et c’est un truc qui m’a parlé tout de suite.  Je fais passer un moment fun, une passion heureuse au public.  Même si parfois j’aurai une expression qui veut dire « Je vais te tuer !! » (rires)

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Oui mais de façon amoureuse !!

Hayley Cramer : (Rires) Exactement, j’adore ton humour

Un mix de Montréal et un peu de Uk et me voilà

Hayley Cramer : On a joué il n’y a pas longtemps à Montréal

Leigh Kataky : C’était marrant on a fait la première partie de Skrillex

Hayley Cramer : Ce qui était marrant c’est qu’une fois qu’il a fait son set, il a joué du Queen et c’est ce qui, à mon avis, à marché le mieux.  ROCK IS NOT DEAD, je vais le dire ici et maintenant… !!

J’ai une interview vidéo de vous sur une scène canadienne où vous disiez que l’industrie était en complète fluctuation et que c’était maintenant au public de reprendre le contrôle, par les clics, les commentaires, le streaming etc… Quels conseils donneriez-vous à un jeune groupe qui démarre… ?

Leigh Kataky :  Tu vas avoir pas mal de non, de négativité si tu essaies d’être dans un groupe de rock.  Il n’y a plus de gros labels ou de gros investisseurs qui veulent tenter leurs chances.  Mais après la bonne nouvelle est qu’il y a tellement de trucs que tu peux faire pour créer une hype autour de ton groupe.  Que ce soit sur Youtube, les réseaux sociaux etc, ce genre de trucs qu’on n’avait pas il y a 20 ans.  A l’époque t’avais Pearl Jam qui passait en boucle sur MTV mais tu devais rester là à attendre que la vidéo passe.  Maintenant si tu kiffes un groupe et peu importe la taille du groupe, il y a tellement de vidéos accessibles d’un clic que tu peux regarder encore et encore! Tes fans peuvent te regarder 24h/24, la difficulté est d’avoir leur attention parce qu’il y a tellement d’autre groupes et autres variables maintenant.  Au final, il n’y a qu’un conseil qui marche : JOUER !!  A partir du moment où tu te prends pour une rockstar, que ce concert n’est pas assez bien pour toi, t’es fini…

Hayley Cramer :  Dave Grohl (des Foo Fighters) l’a très bien dit :  “Soyez le groupe de garage qui est pourri et continuez de jouer jusqu’à ce que vous ne soyez plus pourris” …

Leigh Kataky : C’est la beauté du Rock n Roll, tu devrais être capable de jouer dans le parking d’un H&M autant que tu devrais être capable de jouer dans une grande salle.  Parce qu’au final c’est quoi la différence ?  C’est 5 gars, dans notre cas 4 gars et une fille qui jouent ensemble.  Ta setlist changera peut-être mais tu devrais être capable de jouer quelles que soient les conditions.  Et c’est là qu’un mec du public va envoyer des messages à ses potes en disant :  « hey tu connais Pop Evil, tu devrais regarder ça ils sont putain de bon.. !! ».  Et ça c’est mieux que n’importe quelle campagne de com’.  Faites-vous potes avec les autres groupes de votre ville, essayez de vous placer sur leur tournée.

Comment une chanson de Pop Evil prend t-elle vie, quelle est votre manière d’écrire ?

Nick Fuelling :  Ca passe par tout, chaque chanson est différente.  On a des chansons qui ont été écrites par nous tous, certaines que Leigh a écrites tout seul, certaines que j’ai écrites seul.  C’est un effort collectif, chaque chanson vient d’un endroit différent.  Et c’est excitant de cette façon, c’est de cette manière que chaque chanson sonne différemment sur l’album..

Leigh Kataky :  J’écris des chansons depuis le début.  Quand t’es chanteur et que tu écris ça vient de toi, c’est naturel. Alors que quand tu es un guitariste ou une batteuse, tu t’appuies sur le chanteur pour t’amener là où il faut aller.  Ce qu’on essaie de faire avec Pop Evil c’est que quand c’est une chanson que j’ai écrite, forcément je passe plus de temps dessus mais quand c’est une chanson qu’eux ont écrite, ils prennent le lead parce que c’est des chansons qui n’auraient jamais été dans mon catalogue sans eux et donc ils doivent pouvoir exprimer leur idées au mieux.  Pour moi Nick est un dieu du riff.  Il pourrait nous sortir 3 ou 4 riff chaque jour.  Ca ne veut pas nécessairement dire qu’ils seront bons ou que la chanson dont ils découlent sera bonne mais on essait, on expérimente.  Ce dont j’ai envie pour le prochain album de Pop Evil ce serait de maximiser le potentiel des autres…

Comment trouvez vous le public européen ?

Leigh Kataky :  La grande différence est que si tu avoines sur scène en Europe ils vont adorer, alors qu’aux US le circuit est tellement saturé que même si tu avoines, les gens se disent « oh j’irai les voir la prochaines fois… ».  Les Européens sont avides de nouveautés, ils adorent trouver « the next big thing »…

Hayley Cramer : Moi par exemple quand je trouve une vidéo qui me fais kiffer et qui n’a que 20 ou 30 vues j’ai l’impression d’avoir trouvé le saint graal… !! (rires)

Leigh Kataky : Ca vient de notre Européenne dans notre groupe (rires)

On aurait pu continuer à discuter tout l’aprem mais bon, fallait laisser la place aux prochains.  Lorsque leur responsable de com’ vient nous dire qu’il faudrait terminer, ils nous rappellent qu’en Europe et spécialement en France, les gens adorent découvrir des groupes underground mais lorsqu’ils deviennent populaires, ils s’en foutent.  Ils citent en exemple que lorsque Ghost à commencé, les gens étaient énervés parce que le groupe n’avait pas assez d’exposition, qu’il ne jouait pas dans de bonnes salles.  Mais maintenant qu’ils vendent beaucoup d’albums, c’est à base de « oh ils ont changé » ou « le label les a poussés à changer »…

 

Interview réalisée par Ru5ty

Photos : Hélène Collet

 

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