CROWBAR – THE SERPENT ONLY LIES

En vingt-sept années de carrière, les Américains de Crowbar ont su imposer leur sludge à l’image des tréfonds de la Nouvelle-Orléans, lourd et sordide à souhait. Lorsque l’on entend le mot « sludge », nous pensons immédiatement aux distorsions, le tempo répétitif, la crasse rampante indissociable du groove. Le groupe, parmi les fondateurs du genre, nous délivre avec leur onzième album, The Serpent Only Lies, un condensé de ces douces mélodies, tout en laissant la place qu’elle mérite à la lourdeur, leur marque de fabrique, tout en restant accessible.

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Dans une interview accordée à Revolver Mag en février dernier, Kirk Windstein (chant/guitare) confiait s’être repenché sur le son originel du groupe, notamment en écoutant ce qui les inspirait à l’époque comme des groupes tels que Carnivore, The Melvins, ou Trouble. Le but ? Créer une version plus mature de leurs compositions originelles. Et dans le genre, reprendre Todd « Sexy T » Strange, qui les accompagnait à la basse les dix premières années, n’était pas une mauvaise idée.

 « Falling While Rising » et « Plasmic And Pure » qui ouvrent l’album ont une structure assez similaire, couplets doom et refrain en mid-tempo sur fond de screams abrasifs, tant et si bien que sur la fin de la deuxième, on a un peu envie de passer plus vite que prévu à la suivante. Et grand bien nous en fasse, voilà qu’arrive au galop « I Am The Storm », dont les vrombissements hardcore retentissent en nous envoyant toute la force du groupe dans la figure. Après quelques secondes de répit (le calme avant la tempête me direz-vous), le morceau redevient l’un des plus cools du disque. Trois minutes simples de riffs lourds, de voix rauque, pour une efficacité sans pareil. Dans le même style, « The Enemy Beside You » (rien que le titre nous met la puce à l’oreille) réveille correctement les chaumières. Le gras menaçant de la basse ajoute un groove très sombre mis un peu plus en exergue ici que sur le reste de la production.

Dans un registre plus doom, vous ne manquerez pas d’apprécier « Surviving The Abyss » et « Song Of The Dunes ». Avec ces titres, le groupe vous plonge dans une ambiance troublante de mélancolie. Ils sont sûrement les plus poignants émotionnellement. Non loin de cette atmosphère, nous pouvons citer « Embrace The Light », où le chant sombre et clair rappelle un peu le timbre de Nick Holmes de Paradise Lost. « On Holy Ground » fait aussi partie de la liste de ces semi-balades, seulement cette fois-ci on se demande s’ils n’ont pas intercepté au vol l’un des 250 riffs perdus de Metallica. Après les ressemblances frappantes entre les pochettes de Hardwired… To Self Destruct et Odd Fellows Rest, il semblerait que les actus des deux groupes soient de plus en plus liées. La guitare doublée fait très 80’s mais gagne en caractère diabolique, tandis que Tommy Buckley derrière ses fûts prend la direction de la section rythmique. Ce morceau nous permet justement d’apprécier la qualité de l’enregistrement et du traitement de la batterie, ni trop étouffée, ni trop résonnante.

L’opus se clôt sur « As I Heal » (« pendant que je guéris »), qui nous fait instinctivement serrer les poings et hocher la tête, dégageant l’aura puissante des rues de la Nouvelle-Orléans. En cela, je ne peux que rejoindre les déclarations de Kirk : The Serpent Only Lies rappelle effectivement les premiers opus du groupe tels que l’éponyme ou Broken Glass. Cependant, il y a effectivement cette évolution normale et logique de leur son qui en fait un disque totalement ancré dans l’année 2016, et il aurait été totalement inimaginable qu’ils le sortent dans les années 1990.  Mais une chose est certaine : les Crowbar savent montrer au monde comment conserver une réputation durement gagnée.

Texte : Charlotte Sert

Crowbar, The Serpent Only Lies, sortie le 28 octobre chez eOne / Century Media

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