
Tant attendu des fans de grindcore, Voices, le nouvel album de Wormrot vient tout juste de sortir. Force est de constater qu’ils ont bien changé depuis Dirge. Album tout à fait surprenant , celui qui m’a fait douter jusqu’au bout continue de m’interroger …
En effet, le groupe a ajouté à sa musique une forte influence emo, les morceaux sont bien plus sombres voire mélancoliques pour certains. Peut-être une façon de transmettre quelque chose de plus personnel qu’une énorme claque dans le nez comme ils ont l’habitude de le faire ? Sans doute ce qu’on appellera leur album « mature ». Dans tous les cas, il reste plus réfléchi, mais pas plus abouti pour autant. Le résultat final est surprenant de façon très positive mais reste déséquilibré et le disque connait des moments de vide, sans grand intérêt. C’est ainsi l’occasion pour Wormrot de nuancer sa musique. A l’image de l’artwork, les Singapouriens s’éloignent de la recette « déferlante permanente dans la tronche » pour préparer leurs morceaux, ce qui créer ces « trous » où rien ne se passe.
Les Wormrot restent cependant dans le grindcore virulent et montrent leur nouveau batteur, annoncé comme plus rapide et plus précis que son prédécesseur ; aucun mensonge de la part des membres puisqu’effectivement les parties de batteries sont bien plus rapides et bien plus claires, voire plus efficaces ! L’instrumentation dans son ensemble a changé, les riffs sont plus teintés dans le sombre et on les entend mieux que sur Dirge. On notera que le son de l’album est bien plus propre et travaillé qu’avant, bien qu’il sonne plus creux. La compréhension des parties instrumentales est bien plus simple, ce qui rend l’album, au final, plus accessible. Bon point pour le trio qui va sans doute leur apporter du succès par chez nous.
On est en droit de se demander à quoi on a affaire avec cette sortie. Pour ma part, sans pour autant le trouver révolutionnaire , je pense qu’on est fasse à un nouveau son. Non pas que le mélange grindcore/emocore soit nouveau (29/09 l’a déjà fait et d’autres groupes bien avant, comme Orchid) mais Wormrot est pourtant original dans sa démarche, puisque le son entier de l’album sert le propos, bien plus intimiste, de cette surprenante recette. Je pense qu’on est face à un album qui, sans être un pionnier, pourrait être une étape vers un nouveau son dans le grindcore, ou au moins, ouvrir les fans au mouvement emocore, tant critiqué. Certains diront qu’on peut y trouver un aspect Black et Sludge, ce qui est aussi vrai. Pour ma part, je lui trouve un aspect « Nails » avec un grindcore brutal et explosif sur fond de haine assez viscérale. Il y a aussi l’effet « melting-pot » qui fait que, on sait que c’est du grindcore, mais on n’est pas sûr et on ne réussit pas à mettre un nom dessus…
Future pierre angulaire d’une nouvelle vague de grindcore emo ? OVNI dans la sphère extrême qui s’ajoutera aux quelques autres dans le même genre ? Voices reste un bon album, qui diffère totalement du Wormrot que les fans ont connu et nous offre une nouvelle vision de leur musique. Marquant peut-être un tournant dans leur musique et dans toute leur carrière, cet album est sans aucun doute une réussite, surprenant et déroutant. Une sortie non décevante pour une fois en 2016 et un futur classique !
Texte : Kant
Wormrot, Voices, sortie le 14 octobre 2016 chez Earache Records
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