
Il y a des groupes qui se retrouvent instantanément portés par une vague montante qui leur permet de sortir de nulle part et d’arriver progressivement en bouche à oreille sans avoir eu le temps de dire ouf. All Them Witches, ça faisait de mois qu’on m’en parlait et de plus en plus le cercle s’agrandissait. Une Mécanique Ondulatoire rapidement complète il y a quelques mois et une Maroquinerie dans la même perspective ce soir. Du coup, il fallait bien jeter une oreille à la musique de ces sorcières. Sorciers plutôt, les américains avaient enthousiasmés le public présent lors de leur dernier passage parisien et du coup c’est doublement qu’il se déplace ce soir dans cette Maroquinerie et selon les discussions ils le méritent amplement… Eh bien nous allons voir ça.
Arrivé sur les coups de 20H00, c’est Great Machine qui fait chauffer les amplis. Un groupe qui mérite le coup d’oeil pour le look complètement rétro dans sa totalité. On sort d’un 70’s psychédélique en compagnie d’un bassiste et d’un guitariste aux couleurs du genre. Un bassiste complètement « high » et un son complètement déjanté. Power trio enfumé et énervé qui balancera un son fuzzy chargé en disto, le tout sous acides. Une bonne petite claque qui ne paye pas de mine.
All Them Witches arrivent en toute simplicité, ces sorciers aux potions sonores chargées en hallucinogènes ne se perdent pas en formalités et nous emmènent directement dans le passé, celui qu’on aime entendre. « Dirt Preacher » pose tout de suite l’ambiance et « Charles William » en rajoute aussitôt dans le grésillement du riff. On plane et la voix de Charles Michael Parks, Jr. fait le reste. C’est électrique et le son au doux grain ronronne dans l’oreille. Sans artifice supplémentaire, que la magie du son c’est l’espace qui s’ouvre devant nous. Oui on plane avec ces sorciers du psychotrope musical. On retrouve au fil de titres du blues bien sombre agrémenté d’une pincée sabbathienne ou bien un rock 70’s bien psyché qui se libère de amplis et du clavier Fender Rhodes d’Allan Van Cleave.
Magiciens de l’ambiance, ils propagent une brume musicale sans fog machine. A la fois électrique autant que mystique, on repart loin dans les 70’s avec un son mêlant riff psyché lourd ou plus en légèreté dans la douceur de certaines mélodies sur « Open Passageways ». Le blues n’est jamais loin non plus.
On se laisse aller au fil des titres et le public oscille en rythme quand il faut. Ce dernier assez hétéroclite est comme aspiré par ces sorciers du riff et de la mélodie. Ils invoquent intelligemment les génies du rock et même si par moment le rythme retombe par ces petites pauses réaccordages et certains titres peut-être mal positionnés comme « Open Passageways” et à la suite “Talisman”. Tel que le guitariste de blues aimait le faire, All Them Witches est là pour nous emmener loin et nous raconter des histoires. On retrouve Coyote Woman : après “The Death Of Coyote Woman” voici son mariage , transportés par ce blues, loin de la maison comme le dit si bien Charles Michael “so far away from home”…. Quoi qu’il en soit cette magie fascinante opère si on oppose aucune résistance et mère électricité se diffuse avec raffinement et sensualité sur “Elk Blood Heart” en final et son solo de guitare frissonnant.
Ils nous laisseront pas comme ça, appréciant autant cette soirée que le public ils finiront avec un « Blood and Sand / Milk and Endless Waters » et un électrique et parfait « Heaven Like a Witch » sentant l’âme de Jimi Hendrix planer dans la salle.
Le paradis on s’en fout tant qu’on a All Them Witches en bande son.
Il y a eu de la magie ce soir, les esprits du rock n’ roll étaient présents dans cette Maroquinerie aux allures de club new yorkais sorti tout droit des années 70. Malgré quelques baisses de rythme qui auront bientôt disparus je pense ( et puis la veille on était à Red Fang.)… Eh bien ces sorciers manient les incantations « rock n’ rollwitchique » comme il faut et on comprend donc maintenant cette frénésie. Que ça continue ainsi et multiplions les sabbats !
Un grand merci à Alias Productions pour l’accréditation .
Texte: Anthony
Photos: Cherry Pixs / Lesly Bravo
Laisser un commentaire