
C’est une toute jeune tatoueuse russe, avec un style au caractère réaliste, ses femmes aux allures enchanteresses et blanc et ses doux traits, c’est avec grand plaisir qu’on vous présente Xusha, qui a gentiment accepté de répondre à nos questions .
Salut Xusha, peux-tu te présenter à nos lecteurs ?
Salut Léa, alors je suis une petite russe de 24 ans venue tout droit de St Peterborough, il y a un moment. J’ai découvert le tattoo vers 12/13 ans et depuis je suis passionnée. Je ne pensais pas tatouer un jour mais je suis, aujourd’hui, super heureuse de pouvoir exercer dans le domaine qui me parle.
Quel est ton parcours artistique ? Comment es-tu arrivée dans le monde du tattoo ?
Alors, à l’époque, pour moi, le monde de la modification corporelle, c’était quelque chose d’inaccessible et j’avais un énorme respect pour ceux qui exerçaient dans ce milieu. Etant mineure, je suis partie faire un apprentissage dans le commerce en attendant d’être plus vieille pour essayer d’avoir un peu plus de chance d’être acceptée dans un studio pour un apprentissage en piercing ou accueil. (Rires) Quelle idée d’avoir perdu deux ans dans un milieu qui ne me plaisait pas du tout, mais qui m’a permis de déménager sur Paris où un copain de l’époque m’avait présenté à un studio où j’ai été acceptée. Après avoir percé sur Paris, je suis partie du coté de la Belgique, à Tattoo Box, où mon patron de l’époque a voulu me motiver pour apprendre à dessiner. Ayant une maman peintre qui avait déjà essayé de me mettre au dessin, j’y croyais pas trop. Je me pensais totalement incapable de sortir quelque chose. Mais ne pouvant pas rater l’occasion d’essayer (avec mon ex collègue qui était prof de dessin à l’époque) j’ai commencé à gribouiller. Eh bah c’était vraiment pas fameux (rires), mon ex patron me l’a bien fait savoir pensant que ça allait me motiver pour continuer, mais cela a fait l’effet contraire. Et le jour où on a arrêté de bosser ensemble, je me suis mise à gribouiller pour faire passer le temps, juste pour moi. Une fois que je m’y suis mise, c’était parti, pire qu’une drogue (rires), même si le résultat n’était vraiment pas terrible, ce n’était pas grave car ça me plaisait. Après je suis revenue au studio où j’ai bossé comme perceuse, mais cette fois-ci pour me mettre au tattoo. Là, c’était le contraire, on me disait que je me prenais trop la tête pour dessiner. Mais je savais déjà ce que je voulais, je voulais progresser. Et pour ça, il n’y a pas de solution miracle, il faut se prendre la tête et bosser (rires). Puis me voila trois ans après et toujours à me prendre la tête.
« Puis l’univers de la bizarrerie m’attire pas mal »
Comment décris-tu ton style et ta technique ?
Aie ! C’est une question qu’on me pose souvent, à laquelle je ne trouve jamais de réponse. Je fais une sorte de semi-réaliste.
Comment s’est passé la transition du dessin à la peau pour toi ?
(Rires) C’était stressant ! Très rapidement, mes amis m’ont confié un bout de peau et je ne les remercierais jamais assez !
Dans tes tattoos on retrouve surtout des femmes un peu démoniaques, des corbeaux, des crânes, du surnaturel, de quoi t’inspires-tu ?
Alors, je ne dirais pas que je m’inspire de quelque chose en particulier, je dessine souvent quand je suis énervée ou quand quelque chose me tracasse, donc c’est un peu une thérapie (rires). Puis l’univers de la bizarrerie m’attire pas mal.
On y voit très rarement de la couleur dans tes tatouages, est-ce qu’un jour tu penses faire une pièce un peu plus colorée ? Ou tu préfères rester sur une dominante de noir et blanc ?
Alors je pensais rester dans le noir et gris, mais aujourd’hui je suis de plus en plus attirée par la couleur. Alors je pense m’y mettre doucement.
Des influences au niveau des tatoueurs ?
J’aime beaucoup d’artistes de différents styles que j’adore. Comme Jeff Gogue, Jeff Snow, Grindesign et beaucoup d’autres, mais je ne pense pas qu’ils m’influencent. Je pense surtout qu’ils me font rêver.
Y a-t’il des arts (autre que le tattoo) qui t’influencent, t’inspires ?
Je suis sensible à beaucoup de formes d’art et surtout aux sentiments qu’ils dégagent. En revanche je pense que l’inspiration peut venir de n’importe quoi.
J’ai vu que tu avais été modèle ? Pour la marque Sullen Art c’est ça ?
Oui, alors j’ai fait un peu de photos, un peu de défilés et l’été dernier j’ai effectivement fait des photos pour la marque Sullen en Russie. Une équipe extraordinaire.
Continues-tu toujours ?
J’ai beaucoup moins de temps de libre maintenant que je suis maman. Alors pour le moment la priorité c’est ma fille et le tattoo. J’ai du coup encore quelques séances de prévu, mais avec ma fille cette fois-ci.
« Je ne pense pas qu’ils m’influencent. Je pense surtout qu’ils me font rêver »
Pour en revenir au tatouage, quelle partie du corps préfères-tu tatouer ?
Mmmmh l’avant-bras pour la position, et la cuisse pour la place je pense
Et celle, au contraire, qui te fait chier à tatouer ?
Alors je n’ai pas réellement de place qui me font chier à tatouer car je suis toujours très heureuse de chaque bout de peau qu’on me confie, mais je pense que la partie la moins cool c’est le ventre. On ne peut pas demander à une personne d’arrêter de respirer (rires), alors c’est assez délicat.
L’idée la plus folle qu’on t’est demandé ? Si tu as une petite histoire à nous raconter…
Je pense que les idées les plus folles sont les miennes, que les clients adoptent. Un jour j’ai réalisé un dessin avec une petite tête de chat avec un monocle et une pipe a la Sherlock, une boussole, du sang au tour avec l’inscription « time to find one pussy », le lendemain le dessin était réservé et pour un avant bras. J’ai trouvée ça assez fou ! Ou encore mon ex collègue qui m’a laissé carte blanche pour sa fesse où j’ai pu caser un « petit » “j’apprécie les fruits au sirop”.
(Rires) Pas mal ça ! Parmi toutes les pièces que tu as tatoué, y en a-t’il une sur laquelle tu t’es vraiment amusée, une qui t’as marquée ?
Alors j’ai énormément de tattoo qui m’ont marqué, des petits comme des gros. Que ce soit la réalisation du motif ou les clients extraordinaires
Lorsque les clients te sollicitent pour un tattoo, c’est plutôt pour tes flashs ou ils te font plus des commandes perso ?
Les deux.
Qu’est -e qui te plaît de réaliser aux travers de tes flashs ?
L’idée qu’une personne se reconnait dedans et réécrit l’histoire du dessin à sa façon.
Donc au final si on flash sur ton travail et si on veut te faire vraiment plaisir, qu’est ce qui faudrait te demander comme le summum du projet de tatouage ?
Donner moi une idée et laissez moi carte blanche (rires)
On dit le milieu fermé, est-il plus difficile pour les nouveaux d’être acceptés ?
Sûrement.
Pour toi, comment définirais-tu la vraie relation tatoueur/tatoué ?
Généralement mes clients deviennent mes amis le temps de notre séance (et après). On me confie non pas que le corps mais aussi les histoires, des sentiments. Donc le feeling et le respect mutuel est primordial dans cette relation.
En tant que tatouée, qu’est ce qui te marque le plus chez un tatoueur? Qu’est ce qui te donne envie de revenir ?
La personnalité du tatoueur et son travail, qui consiste non pas qu’à réaliser un beau tattoo, mais aussi s’avoir écouter et essayer de comprendre ce que je recherche. Même si généralement quand je vais voir quelqu’un je me confie les yeux fermes.
Parlons un peu de tes tatouages, quels sont les artistes qui t’ont piqué ?
Oula ! j’ai eu Diogo Quadro , Ash Pe , Anabi Tattoo, Disa Disney , Dyego Bruna , Rouslan Tourmaniantz , Nick Marien , Seb Ult, Mastok David , Mink Bell , Jorge/Jordan Marquina , Arnaud Bray , Joe Jo…
C’est plutôt une attirance pour l’artiste ou le motif, qui te donne envie de te faire tatouer ?
Les deux
Sur toi, quelle pièce fut des plus intéressantes à réaliser ? Une petite histoire ?
Je pense ma taille, qui a été réalisé par Diogo Quadro et Nick Marien. Un des tableaux d’un dessinateur, Marco Mazzoni, que j’adore
Comment se passe une séance chez toi ?
Sans stress (rires)
Côté musique, quelle est ta playlist de la bonne ambiance pendant une séance ?
J’aime bien les trucs calmes, puis on essaye de trouver un compromis entre clients et collègues, mais surtout pas de la hardtek (rires)
Style ou groupe que tu préfères ?
Pfiou ! Ça va dépendre des jours, ça part de Beethoven à Fever ray, Him , Little Big, Hed Pe , Reignwolf, Dead Can Dance , The Knife , Lynyrd Skynyrd , Gorillaz , Placebo à la musique traditionnel russe.
Des nouveaux tatouages de prévus ?
Oui, mais actuellement je n’ai pas de tatoueurs autour de moi qui pourront réaliser ce que j’ai en tête, de la manière que je souhaite. Alors ça ne sera pas pour de suite.
Où va-t-on pouvoir te trouver pour se faire piquer prochainement ? Puisqu’actuellement tu es une artiste « On the road » non ?
Alors, actuellement vous pouvez me trouver à Paris, Vernon et Lyon. Oui depuis que j’ai eu ma fille, j’ai décidé de bosser qu’en guest pendant un moment, pour ne pas avoir la contrainte des horaires tous les jours.
Un petit mot pour la fin ? Ou une question que tu aurais aimé que je te pose ?
Je pense que on est pas mal déjà, et merci pour cette interview !
Texte : Lëaa
Photos : ©Xusha Bm et ©Gunt pour son portrait
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