Toe @ Le Batofar, Paris, FR – 18/08/2016

En Novembre dernier, le Trabendo nous offrait une date sublime où se succédaient Mono, The Ocean et Sólstafir. Si on m’avait dit que, moins d’un an après, j’aurais la chance de voir l’autre poids lourd du post/math-rock  made in Japan, je n’y aurais pas cru. Et pourtant,  le Batofar s’apprête à accueillir Toe, qui nous gratifie d’une petite halte parisienne en attendant d’aller enflammer l’ArcTanGent. Groupe Japonais oblige,  un grand nombre de leurs compatriotes, comme pas mal de geeks d’ailleurs, sont venus envahir la péniche parisienne qui affichera sold-out.

Comme beaucoup je suppose, on a imaginé qu’il y aurait une première partie. C’est pourtant bel et bien une affiche à groupe unique qui nous attend, pour un voyage d’une petite heure et demie au pays du math-rock. Un voyage qui commencera par une entame électro-acoustique, accompagné de leur clavier, avec notamment ce « The World According To » d’une précision redoutable.

Le set sera tout naturellement centré autour de Hear  you, sorti en 2015, mais contiendra sera son lot de perles issues d’opus précédents, avec notamment ce « Tsunagaru Haruka Achira » et « My Little Wish » sur lesquels le phénomène Takashi Kashikura nous offrira de sublimes exercices de rythmes jazzy. D’ailleurs, si le duo de guitaristes Takaaki-Hirokazu est logiquement mis en avant, ce sera à mes yeux leur batteur, caché par ses fûts, qui sera le plus impressionnant, et qui mériterait probablement un report à lui tout seul, tout comme Satoshi (Yamane – basse) ou l’art de se faire entendre tout en faisant preuve d’une grande discrétion en fond de scène.

Si niveau communication avec le public,  on retrouvera cette réserve typiquement japonaise, chacun laissant passer quelques sourires timides, Hirokazu multipliera les remerciements dans un mélange d’anglais, de français et de japonais en direction d’une foule qui se lancera dans un concours de celui qui montrera le plusses compétences dans la langue de Mishima. Et si le groupe s’exprime peu, c’est par sa musique qu’il est le plus bavard, prouvant qu’on peut multiplier les démonstrations techniques  tout en injectant dans les oreilles des mélodies entêtantes. Bavard donc, mais aussi extrêmement expansifs lorsqu’ils ont leurs instruments dans les mains : leur roadie nous avait incité à ne pas trop nous coller à la scène parce que le groupe avait tendance à avoir des « mouvements imprévisibles ». Eh bien ça n’a pas raté, car à plusieurs reprises on aura manqué de se prendre la tête de la six cordes d’Hirokazu en pleine figure, sur le final totalement dingue de « Esoteric » et cette explosion de violence pleine d’élégance propre au post-rock.

On en prendra donc plein les oreilles…mais également plein les yeux, durant ce set qui passera très, très vite et qui se terminera en apothéose avec un « Goodbye » qui résume Toe à lui tout seul, permettant au passage d’apprécier la délicate voix d’Hiro avant un rappel tout en douceur (mais pas que, forcément) et « Song Silly » qui viendra conclure cette très très belle soirée. Alors un grand merci à l’équipe du Batofar et à toutes celles et ceux qui ont pu donner vie à cet évènement.

Et si j’espère toujours pouvoir voir Anoice en France pour être totalement comblé (on peut toujours rêver), le prochain rendez-vous pour les fans de post-rock (japonais ou non), c’est EF dans ce même Batofar le 25 Octobre puis le 8 Novembre à la Maroquinerie pour venir applaudir… Mono.

Photos : Mel & Mats

Texte : Mats

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