
Voilà un an que Rise To Infamy est sorti, alors pour l’occasion nous sommes allés prendre des nouvelles des Français de Cowards. Ils nous ont parlé de leur passage au Hellfest, d’escroquerie et d’honnêteté.
- Tout d’abord, Rise To infamy est sorti depuis presque un an, avec le recul, comment s’est passée la réception au niveau de la critique et du public étant donné le côté difficile de la « critique spécialisée » ?
De notre point de vue ça s’est très bien passé au niveau de la critique, on a eu beaucoup de bons retours. On était aussi très bien entourés et je crois qu’on a réussi à propager notre bordel assez efficacement grâce à cette équipe. Au niveau du public, c’est difficile à dire. On voit bien que certains irréductibles continuent de ne gratter que la surface, de ne voir qu’un premier reflet de ce qu’on raconte mais à vrai dire, on est comme ça aussi : soit ça tue, soit c’est de la merde, on donne pas deux chances à un disque, alors pourquoi ils le feraient avec nous ?
- J’ai un peu du mal avec cette volonté d’étiquetage des groupes. Si tu devais définir la musique de Cowards en 2 mots, ce serait quoi pour toi ?
Qu’est-ce qui t’a donné l’impression qu’on était meilleurs à cet exercice ? Si on n’a vraiment pas le choix : fatiguant & teigneux.
- Sur Rise To infamy, il y a cette ambiance viscérale, sombre et hostile mais il y a quelque chose d’indéfinissable aussi. Pour vous, votre musique est l’expression d’un ressenti ou c’est juste l’embriquement de riffs complément tordus et d’influences extrêmes qui donnent ce résultat ?
Disons que c’est un peu des deux : encore une fois, si on est obligés de se définir, de se décrire, on a une approche plus empirique que technique. On ne se contente pas d’imbriquer des riffs comme tu dis mais on ne cherche pas non plus à recréer un ressenti. On apprécie ce qui se dégage ou non quand on joue nos bordels et on décide si la couleur nous plait, si l’intention est la bonne, ce genre de conneries. On aimerait parfois être suffisamment bons pour créer des ressentis, savoir comment le faire, mais non, notre manière de faire est très naïve, très pure finalement. Comme un enfant. Sadique.
- Dans une interview vous disiez: «Nous sommes des escrocs, nous faisons semblants d’écrire des morceaux. En fait nous prenons des bouts de reprises pour faire de nouveaux morceaux. (sourire) » Tu confirmes et comment tu justifies cela ?
Déjà, ils disent « sourire » on dit « rictus ». Et oui, c’est exact dans la mesure où il n’est pas rare qu’on entende des phrases dans des morceaux qu’on adore et qu’on se dise : c’est parfait, il nous faut cette phase dans un morceau et on le fait avec nos outils, notre vocabulaire. Par exemple, dans « Hoarder », on a un basse / batterie qui est l’identique de « Ouais Ouais » de Booba. Il y’a une ligne de basse de Shining qui traine quelque part, des punchlines d’Iggy Azalea ici ou là, peut-être même un riff d’Alice In Chains.
Mais là où on est des escrocs, c’est qu’apparemment, personne n’a rien entendu.
- J’ai l’impression que la sincérité fait partie de la démarche de Cowards car vous êtes assez directs et honnêtes dans vos entretiens pendant que d’autres font attention à l’image et soupèsent chaque mot. Les interviews sont assez directes et un tant soit peu hostiles tout comme l’est votre musique. Donc une question d’image ou tout simplement ça vous fait chier (avec raison) de répondre aux 50 mille mêmes questions posées sans recherches à chaque fois ?
C’est moins une démarche qu’un naturel qui ne nous dérange pas à vrai dire : on ne s’est jamais demandés si on allait être sincères ou si on allait vernir la crotte de nez qu’on allait poser sous la table. On part du principe que si un type prend son temps pour venir poser des questions, il aurait plutôt envie d’une vraie réponse que d’un template des bonnes manières.
Mais attention, on ne se donne pas comme consigne d’être hostiles quoi qu’il arrive, il nous semble même qu’on est plutôt sympas, d’ailleurs on n’a que très peu de plaintes. Y’a bien un mec cet été qui est allé chialer qu’on n’était pas gentils, c’est dommage et suspect d’ailleurs, l’interview qu’il a faite ne sera pas publiée, on était pourtant curieux de lire comment on l’avait agressé, ça doit être édifiant, il a dû avoir très peur.
Pour en revenir à ta question concernant l’image, on n’a pas d’image. Ou plutôt, on ne donne pas à voir une image de nous, on se contente d’être normaux et comme n’importe quels connards, autant on respecte le mec qui prend de son temps pour s’intéresser à nous, autant on ne voit pas l’intérêt d’un mec qui s’en bat les reins, il a bien le droit le pauvre, et pourquoi il vient perdre son temps et le nôtre à poser ses questions standard, les mêmes qu’il pose à tous les groupes ? Quelle perte de temps pour tout le monde. On ne va certainement pas se priver de lui poser la question, gentiment : « pourquoi tu perds ton temps avec nous puisque t’en n’as rien à battre, de notre groupe ? »
- Du coup je vous pose des questions déjà posées. Vous avez foulé la première fois la scène du Hellfest en tant que musiciens. Comment s’est passée cette première et surtout sur un horaire réputé difficile ?
Ouais mais t’es malin, tu amènes ta question standard en feignant l’empathie avec nos déboires. On ne peut qu’apprécier un move de manipulation comme celui-là, nous aussi on feint l’empathie hyper bien.
C’était en fait très bien, ce show au hellfest. Hyper à l’aise, hyper bien accueillis par toute l’équipe du fest, tous hyper attentifs et concernés. On a même eu du public, on ne peut vraiment se plaindre de rien.
- Vous l’avez abordé différemment ou un concert reste un concert que ce soit devant 10 ou 1000 personnes ?
Au risque de paraître arrogants ou stupides on l’a abordé exactement de la même manière.
Plus d’enthousiasme quand-même que quand on s’apprête à jouer devant 1 personne au DNA à Bruxelles, on ne va pas te mentir.
- La suite de l’actualité pour Cowards passe par quoi ?
On bosse actuellement sur la sortie d’un EP 5 titres dont 2 reprises chez Throatruiner & Deadlight, on en dira plus après l’été.
Et des concerts. - Quelle serait ta relation avec la musique si vous étiez un groupe pro ?
Pas la moindre idée et pas la moindre envie de le savoir. A moins que tu veuilles créer un monde imaginaire où cowards serait un groupe pro, auquel cas il ne me semble pas évident que notre rapport à la musique serait bien différent… Pas sûr d’avoir envie que notre plaisir devienne une obligation cela dit, puisque c’est ça qu’on entend quand on nous parle de « groupe pro ».
- Pour finir, une question qui vous emmerde en général ?
Celle-là, ex-aequo avec le mot de la fin.
Du coup merci pour cet interview et je vous dis merde pour la suite.
Merci à toi.
Interview réalisée par Anthony.
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