
Lundi soir, début du mois d’août, que l’on soit en vacances ou pas, ceux qui étaient dans le coin auront pu profiter d’une parenthèse en enfer le temps d’un concert. Au Klub, Cattle Decapitation était là pour nous livrer un bon concert bien enragé. Après les foules des festivals et des scènes comme l’Altar du Hellfest, ils se retrouvent dans cette salle exiguë en comité assez réduit mais avec un panache sans pareil. Un avant-goût plus que prometteur de la soirée avec deux groupes français Whisper of Death et Impureza qui nous font passer un moment délectable, riche et puissant… Rien que ça !
Ah les petites salles! Ce plaisir tellement différent d’un festival, mais tout aussi agréable dans sa simplicité, cette intimité presque, où tu peux tranquillement discuter avec tout le monde, boire un verre avec les membres des groupes, les voir passer et repasser sans prise de tête. Enfin c’est l’impression qu’on a et cette ambiance, c’était celle-là ce soir : on se prépare gentiment pour se retrouver bien vite dans l’agitation, la sueur et les blast beats.
19h30 passé et Whisper of Death vient s’installer pour démarrer la soirée, très sereinement. Pour beaucoup, on ne sait pas encore à quoi s’attendre, death metal, ok, voyons un peu ce qu’ils ont dans le ventre. Un petit sample annonce le début du concert et s’arrête sur un très sympathique « vous allez tous mourir ce soir » le ton est donné et bim ça démarre… les furieux. Clément (chant) nous envoie son growl efficace et assuré. Pendant que les rythmes effrénés rugissent et nous martèlent jusque dans les tripes. Il ne faudra que quelques secondes pour avoir l’attention de l’audience. Avant même de comprendre qu’on apprécie ce qu’on entend, les têtes se balancent, les cheveux se déploient. Devant la scène des fans répondent présents et s’agitent avec beaucoup d’énergie devant le groupe décidément très à l’aise. Avec un album à leur actif, Noise of Obstinacy , ces français sont très convaincants avec leur death metal bien violent, et nous prouvent une fois encore, je ne le répéterai jamais assez, que la scène française mérite VRAIMENT le déplacement ! Affaire à suivre de très près…
Bien, les esprits sont échauffés, les étirements sont faits c’est parti pour la suite. Impureza emboîte le pas et fait monter d’un cran la tension. Dans le public ça se tasse un peu plus, les mouvements restent cependant très timides, mais sur scène c’est l’explosion. Dès les premières secondes le groupe nous livre une bonne dose de brutal death saveur méditerranéenne. Le mélange des genres donne souvent un résultat surprenant, et Impureza passe délicieusement de la sauvagerie aux sonorités suaves du flamenco. Un contraste qui fonctionne à la perfection. Dans la foule on passe joyeusement du headbang aux petits pas de danse. Très vite, les familiers relents de sueurs envahissent la salle pendant que le groupe, au leader majestueux avec son growl sépulcral, enchaîne les morceaux. Chant en espagnol, riffs techniques et rapides blast beats à souhait, on est conquis ! Ces gars viennent jouer ce soir sans contreparties, il faut le signaler car autant d’enthousiasme et d’énergie, c’est plaisant à voir.
Alors qu’on a bien chaud et qu’on commence à bien ruisseler, il est temps pour Cattle Decapitation de se mettre en place. Et la chose n’est pas aisée. Dans cette petite salle, pour passer d’un groupe à l’autre, on se débrouille comme on peut, mais tout ça dans la bonne ambiance, des petits cris poussés par ci par là pour dégager le passage devant la scène et c’est parti.
Si jusque-là les pogos ne s’étaient pas vraiment mis en place, la dernière partie de cette soirée se fera dans l’effervescence non-stop. Debout devant la scène je sens l’excitation monter encore et encore alors que Travis Ryan (chant) arrive sur scène dos tourné, et que le concert débute. Et c’est parti, en quelques instants, nous voilà projetés face contre terre ! Jambes écrasées sur la scène, la vue est imprenable sur les pieds des artistes ! Tandis que le groupe entame le fameux « Your Disposal » ça devient de plus en plus dur de garder l’équilibre. Les américains répandent avec rage leur musique complexe et variée ainsi que les textes très engagés depuis 20 ans maintenant contre la cruauté envers les animaux et la pollution massive, en bref la destruction à petit feu de notre planète. Avec le dernier album « The Anthropocene Extinction » les compositions évoluent, le death/grind reste indéniablement bon et on sent parfois quelques touches plus black. En live, les extraits de ce dernier opus nous font vibrer, le growl profond de Travis Ryan laisse parfois place à du scream non moins efficace. L’énergie du groupe sur scène est exemplaire, il n’y a pas une minute de répit et devant la scène les cheveux du chanteur se mélangent avec ceux du public comprimé. Tout ce petit monde ne fait plus qu’un. La férocité dont fait preuve Cattle Decapitation est à couper le souffle, on ne voit pas le temps passer.
Les groupes de ce soir se sont déchaînés, l’ambiance s’est amplifiée au fur et à mesure et laissera, du moins pour ma part, de bonnes courbatures et des bleus pour quelques jours…
Texte : Cindy Tucci
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