LETLIVE. – IF I’M THE DEVIL …

Bon, ça fait déjà presque un mois que le dernier letlive. est sorti, du coup on s’est dit que ce serait peut être bien de vous en parler un peu, plutôt que de se laisser vivre…

Le groupe originaire de Los Angeles a sorti son dernier bébé , If I’m The Devil…, le 10 juin dernier sous le label Epitaph. Les américains ont mis du temps à le sortir, à cause de divergences d’opinion sur leur musique. Heureusement, quelques disputes et expérimentations plus tard, le voici. Et il faut le dire, l’attente valait le coup, puisque ce quatrième album est sans aucun doute le plus aboutit de la formation, et un délice.

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Avec Letlive., au diable les étiquettes ! Ici, on mélange les genres. Du punk, du post-hardcore,  metalcore, en passant par du pop, auxquels on ajoute des éléments éléctroniques. Mais si l’on est habitués à les entendre détonner, “If I’m The Devil” est, somme toute, beaucoup plus calme, plus mélodique que ses prédécesseurs. Mais contre toutes attentes, ce virage ne fait que servir davantage la violence des messages qu’ils souhaitent faire passer. De fait, ce nouvel opus nous attaque par une force calme, discrète, et par sa qualité introspective. Les morceaux sont incisifs, viennent chercher au plus profond de nous, sans même que l’on s’en aperçoive. Le fait que les rythmes soient plus lents laissent à l’auditeur le temps de se laisser prendre par les pistes, et sans s’en rendre compte, ils nous possèdent avec une force fascinante. On se retrouve à l’écouter une fois, deux fois, puis trois, en ayant l’impression de les redécouvrir et les comprendre mieux chaque fois, presque comme si l’on dénouait le fil rouge qui figure sur l’artwork pour en saisir toute la grandeur.

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Car oui, ce fil circulant autour des clous nous donne envie de comprendre le trajet qu’il effectue et de le libérer. Et en tant que couverture, cela nous porte à imaginer qu’il est une métaphore du contenu de l’album : le cheminement que l’on fait, à travers les épreuves symbolisées par les clous, et qui forgent l’identité (le logo du groupe). Et ce n’est certainement pas, ni les paroles, ni la performance vocale de Jason Butler qui nous fera penser le contraire. Ce sont des textes à fleur de peau, profonds, témoignant entre autres de blessures lourdes, qu’il vit à travers son chant (on pense notamment à la voix tremblante dans “I’ve learn to love Myself”, dans laquelle il nous raconte son enfance compliquée). “Who You Are Not” et “Reluctantly Dead” ont notamment leur part d’émotions à fleur de peau, déclamées avec une rage et tristesse déroutantes de par leur calme (à l’exception de l’explosive “Another Offensive Song”, et le refrain de l’énergique “A Week Ago”). Il est facile de deviner que cet album a été éprouvant pour le frontman, et qu’il signifie beaucoup pour lui, en tant qu’il est porteur de ses combats, et défend ses valeurs, ses opinions. Une nouvelle fois, le disque témoigne de l’engagement social et politique de la formation dans leur musique : “Good Mourning, America” par exemple, aux allures d’anthem, dénonce le racisme, les discriminations, et la violence en générale que subissent les afro-américains (par les violences policières, par l’éducation…), et “Reluctantly Dead” traite des figures d’autorité qui abusent de leurs pouvoirs.

Si la plus belle part est laissée à Butler, musicalement aussi, on en prend plein la tête. “I’ve Learned To Love Myself” notamment, débute crescendo, avec son calme titillé par une batterie nerveuse, faisant monter la tension, avant d’exploser, avec l’arrivée des violons. Nü Romantics” également, propose des envolées de riffs délicieux après une partie presque a capella, ce qui leur confère beaucoup plus d’impact, tout comme “Foreign Cab Rides”. Sans oublier “Copper Colored Quiet” et ses violons, qui clôture à merveille ces onze titres.
En réalité, il est difficile d’en parler sans citer tous les morceaux, tant chacun ou presque a sa particularité, son rythme addictif, son riff délectable, ce petit détail dans le chant, son sujet, qui donne envie de l’écouter encore et encore.

Au final, avec If I’m The Devil…, Letlive. a pris le risque de décevoir ceux qui s’attendaient à un “Fake History” bis, car il en diffère sur beaucoup d’aspects, mais c’est très certainement pour le mieux, car cela en fait un album extrêmement fort et honnête.

Letlive., If I’m The Devil…, sorti le 10 juin chez Epitaph.

Texte : Aurélie

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