SLAVES + Guests @ O’Sullivan Backstage By The Mill

Ceux qui n’avaient pas déserté la capitale pour se rendre au Hellfest,avaient de quoi faire en matière de concerts dans le quartier de Pigalle, jeudi dernier. D’une part, Rise 2 avec The Arrs au Bus Palladium, d’autre part, le concert de SLAVES au O’Sullivan Backstage By The Mill. Nous étions présents sur les deux scènes, mais c’est le second qui nous intéresse ici.

SLAVES (3)

La soirée qui était initialement programmée avec le groupe PALISSADES en première partie s’est vue modifiée suite à l’annulation de ces derniers. C’est donc SOULWARDEN, et FROM A BROKEN STEREO qui assumeront l’ouverture des festivités.

SOUL WARDEN sont donc les premiers à monter sur les planches, pour ce qui va s’avérer être un défi de taille : faire naître l’ambiance de la soirée alors même que la salle est vide et froide. Le frontman y met pourtant du sien, à coups de “Est-ce qu’il y a des métalleux dans la salle ? Il y a plein d’espace, approchez vous !”. entre autres injonctions. Ils bondissent dans tous les sens, partagent tant entre eux qu’avec le public, mais la sauce a du mal à prendre. Pourtant, musicalement, la performance est appréciable et visiblement appréciée. Les musiciens ont de bonnes mélodies, avec un accent intelligemment mis sur une guitare bien maîtrisée, pour des envolées aux saveurs presque orchestrales. L’énergie de leurs morceaux est contagieuse, mais ne fera pas bouger outre mesure le public. Finalement, la toute jeune formation a su faire ses preuves grâce à une musique bien rodée et agréable, mais surtout par leur bonne humeur communicative, et leur jeu de scène qui laisse apparaître l’amitié du quintette. En une demi heure de set, les garçons ont su faire naître des sourires sur quelques visages, et ont ainsi rempli le devoir désigné par leur nom, à savoir de gouverner et prendre soin de nos âmes.

FROM A BROKEN STEREO font à leur tour face au public du Backstage. Musicalement, le ton monte d’un cran. Plus violents, avec davantage de breakdowns, et un chant clair efficacement mêlé à des screams efficaces… Leur premier EP “Blueprints” qu’ils nous présentent ce soir regorge de surprises plus intéressantes les unes que les autres, et la qualité qu’ils nous offrent est agréablement étonnante, pour ne pas dire que nous nous sommes pris une gentille claque. Les picards ont trouvé une formule qui fonctionne plutôt très bien, et prouvent une nouvelle fois que tous les talents ne sont pas hors de l’hexagone. La formation semble pleine d’assurance, et ils ont bien raison, puisque la qualité est au rendez-vous. Les garçons qui ont récemment partagé la scène avec BURNING DOWN ALASKA, No One Is Innocent, et Betraying The Martyrs savent exactement ce qu’il faut faire pour motiver les troupes. Arthur, le vocaliste, descend même de la scène pour s’inviter au milieu du public le temps d’un refrain. Pourtant, si les nuques se déverrouillent doucement, ce n’est pas la folie côté ambiance, et c’est regrettable, parce que les clermontois (de l’Oise !) sont vraiment FABS-ulous, en live.

 

Lorsque SLAVES arrivent enfin, la salle n’est tristement pas plus remplie, mais le public a au moins eu la décence de se rapprocher un peu. Il est vrai que la date parisienne, prise entre les deux sold-out de Londres et Cologne faisait triste mine, compte tenu de l’absence d’audience. Et de fait, la déception se lit sur le visage du groupe, qui apparaît légèrement démotivé d’entrée de jeu, alors même que la formation traverse une période difficile dans sa carrière, Jonny et Colin étant les seuls membres restant officiellement au sein du groupe, qui parlait de se séparer il y a quelques mois. Et ce soir, SLAVES abandonnera la partie, en quittant la scène à 22 heures, sur la superbe “My Soul Is Empty And Full Of White Girls”, à peine une demi heure après le début du set, laissant la salle dans l’incompréhension totale : des “déjà ?” se font entendre, avec une tentative de rappel vite avortée. Énorme déception, d’autant plus que, même si l’ambiance générale n’est pas au rendez-vous, l’on peut voir chacun apprécier la prestation pour soi, à murmurer les paroles, à fermer les yeux, ou simplement en hochant la tête. Leurs musiques sont prenantes, émouvantes, et l’on se laisse facilement aller aux notes jusqu’à s’y perdre. Jonny Craig donne cette impression dans son jeu de scène. Il semble vivre et souffrir ses morceaux, d’une belle façon : à genoux, à se tenir le front, en se contorsionnant en arrière… Si bien que le retour à la réalité entre les chansons est un peu violent, y compris pour nous ; l’on passe de l’intensité du moment, au vide de l’ambiance, que les américains ne chercheront pas tellement à combler par des discours… Quelques fans auront tout de même le droit à des sourires, mais de façon générale, l’interaction sera malheureusement assez décevante.

SLAVES (4)

Ont-ils été esclaves d’une certaine forme d’orgueil ? Nous ne le savons pas, mais il n’en reste pas moins que nous sommes restés sur notre faim, à cause de cet abandon soudain, alors que nous passions un moment agréable devant un concert qui se vivait silencieusement certes, mais pas moins intensément, il nous semble. Malgré tout, cela reste assez compréhensible d’une certaine façon, et peut-être que la blague suite au scandale impliquant le frontman “Besoin d’un nouveau macbook, tous les tips sont les bienvenus” qui trainait sur la table de merchandizing n’a pas aidé le groupe à se sentir à l’aise, qui sait.

SLAVES (2)

Merci aux groupes pour cette soirée qui, bien que courte, fut agréable, et merci à Alternative Live pour l’organisation, ainsi que pour leur confiance.

Texte : Aurélie
Photos : Aurélie

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