
Hear Nothing, See Nothing, Say Nothing. Comme si ce titre sorti en 1982 nous annonçait la suite désastreuse de Discharge, un des groupes de Hardcore les plus cultes. Pionniers du crust , et grande influence pour tout ce qui est brutal après 1982, Discharge n’a pourtant pas une discographie parfaite. Les deux premiers albums restant encore des monuments à ce jour, la suite n’a fait qu’empirer jusqu’en 2008, où l’album Disensitive a fini de massacrer un de mes groupes favoris. Voix dégueux, riff plus clichés que les pires clichés, production infâme. La voix de Rat des Varukers violée. Non, ça ne pouvait se finir ainsi, alors, l’espoir revient, en 2015, quand le groupe annonce un nouveau chanteur et un nouvel album, un retour aux sources.
End Of Days est sorti le 29 avril. Les morceaux en preview annonçaient déjà du bon, et ça s’est confirmé sur tout l’album. On repart en 1982 avec leur premier album mais cette fois avec un son bien plus propre et plus précis ! Le D-beat comme on l’aime est de retour. Les compositions sont bien plus claires et plus agressives, le chant est revenu à un cri hardcore, hargneux et en avant (contrairement au précédent où la voix faisait plus office de backing vocal … ). C’est pourtant toujours la même recette, un riff qui tourne, un tuka tuka et un message contre le monde actuel ! Du crust oui, mais jamais sans sa part de rock’n’roll. Les soli endiablés et dansants sont toujours présents et encore plus efficaces qu’avant ! ( Celui de « Raped And Pillaged » est monstrueux).
Le crust n’a pas semblé évoluer beaucoup dans sa forme la plus connue (on ne parlera pas des groupes plus mélodiques du genre M:40), pourtant, il gagne en maturité depuis quelques années. La musique d’ivrogne anarchiste est devenue en 30 ans une des musiques les plus engagées et les plus lucides sur ce que les « élites » de notre monde nous cachent et nous font subir. Plus que jamais dans l’actualité de cette année 2016, les titres « New World Order », « False Flag Entertainement » et « Population Control » nous donnent une sensation d’écho quant aux événements récents en France. Discharge continue son agression politique en poussant un peu les compos, elles sont plus longues, plus travaillées, et surtout encore plus percutantes, même si c’est toujours une structure couplet – refrain avec ces phrases scandées comme des hymnes (Hear Nothing, See Nothing, Say Nothing, Raped And Pillaged, même combat ! ).
Un nouvel album excellent qui plaira autant aux néophytes qu’aux nostalgiques de Discharge. Ils nous prouvent qu’ils ne sont pas morts malgré les échecs et que le combat n’est pas encore terminé ! La statue se cachant les yeux de la pochette évoquant le premier album (signe d’un désir d’y revenir?) et ce « See nothing » , « Ne vois rien », si accusateur. Le nom de cet opus, End of Days, parle de lui-même. Le groupe est de retour, et il amène le chaos avec lui !
Texte : Kant’
Discharge, End Of Days, sorti le 29 avril 2016 chez Nuclear Blast
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