The Mirrors + Bassem + Vagabond @ L’International – 04-06-16

Toujours en quête de nouveautés, en ce samedi 4 juin Mel et moi-même avons choisi de déserter nos salles habituelles et nos concerts de metal pour nous rendre dans ce sympathique bar du onzième arrondissement qu’est l’International où nous avons été invités par deux des groupes présents ce soir, The Mirrors & Vagabond.

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Après des interviews et autres conneries partagées avec les deux groupes cités précédemment (on vous raconte tout ça très bientôt dans une nouvelle rubrique), on découvre avec plaisir ce bar à la configuration bien pensée, composée d’un bar central au rez-de-chaussée et une seconde salle au sous-sol avec elle-même son propre bar, bien fourni au passage. Et si la salle peine encore à se remplir au moment d’accueillir le premier artiste de la soirée, on est déjà prêt pour immortaliser et en apprendre un peu plus sur Bassem, chanteur/guitariste originaire du Liban, et qui se produit sur scène tantôt à deux, comme ce soir (avec Mehdi au clavier et chœurs) ou à qautre avec un bassiste et un batteur.

Une chose nous marquera d’entrée, l’humilité de l’homme et la sérénité qui s’en dégage,  et bien que plus vraiment spécialiste du rock alternatif et de ses multiples dérivés, force est d’admettre que j’ai pris un grand plaisir à écouter cet homme à la voix chaleureuse et dans laquelle j’ai pu retrouver certaines sonorités qui me plaisent, avec un gros sens de la mélodie efficace  dont le titre « modern screen » en est le parfait exemple avec cette sensibilité qui vous touche immédiatement.

Alors on aurait pu se dire que ça aurait été aussi pas mal de voir Bassem version quartet, mais après (courte) réflexion, je pense que c’est ce qu’il nous fallait ce soir, afin de  pouvoir mieux nous rendre compte du talent de l’homme. Un fort beau moment donc, et on vous invite vivement à découvrir Monsieur Bassem Ajaltouni sur son soundcloud, son Facebook et tous les autres liens qu’on va vous fournir !

La programmation ayant pris un peu de retard, les changements de plateau doivent se faire rapidement. Tant mieux, vu qu’après les avoir rencontrés peu de temps avant, on avait hâte d’entendre ENFIN The Mirrors sur scène. Pour vous en dire un peu brièvement sur  les angevins (beaucoup d’autres infos dans l’interview qui arrive très bientôt), The Mirrors c’est un jeune power duo mixte (comme The Kills ou The White Stripes) mais avec une configuration plus proche des Dresden Dolls vu qu’on retrouve Corentin à la batterie et Sarah au chant et guitare.

Maintenant que j’ai capté un peu votre attention avec ces noms prestigieux, parlons un peu plus du groupe. Formé il y a de ça cinq ans, le groupe puise la majorité de ses influences dans le rock anglais, avec en particulier The Arctic Monkeys, pour avoir au final leur propre style, leur propre son qu’ils qualifient de « rock animal » (oui, ça parait bizarre, j’en conviens, mais on comprendra mieux pourquoi à la fin du concert). Et ça commence très fort avec « Darts », qui annonce déjà la couleur et le « rock animal » prend tout son sens, on est tout de suite bluffé par l’énergie déployée par le groupe, pourtant timide en interview. La scène semble être leur terrain de jeu de prédilection, et on retrouve une Sarah littéralement déchaînée, maltraitant sa six cordes autant qu’elle le peut, avec Corentin en soutien, techniquement impeccable avec un jeu carré pour un très bon son de batterie. On est surpris d’avoir un rendu live aussi bon, encore meilleur qu’en album, avec des morceaux courts et ultra efficaces aux refrains rapidement entêtants, c’est fort bien joué.

De la violence, maitrisée, pas gratuite, il sera donc question, mais pas que, car Sarah, à la différence de bon nombres de formations du genre, semble posséder un petit quelque chose de différent, une attitude féline, balançant au public une série de regards charmeurs, histoire de capter encore un peu plus son attention, tout en montrant qu’elle est capable de varier son chant sur « high on Incense » par exemple, histoire de renforcer un peu plus cette espèce d’irrésistible dualité.  Des regards au public, certes il y a en aura, mais également entre eux,  avec une évidente complicité.

C’est donc à une bonne leçon de rock qu’on assistera, et pour ceux qui se demanderaient « mais putain, pourquoi ils jouent sans bassiste ??!! », la réponse du duo se fera immédiate et sans concession, affirmant que The Mirror n’existera toujours que sous cette forme. Quant à nous, après avoir vu leur prestation ce soir,  on ne pourra qu’admettre que lorsqu’on est capable de balancer autant d’énergie, on n’a même pas besoin de basse…

Après une bonne claque bien prometteuse, qui prouve, si besoin une nouvelle fois, que la France regorge de formations originales et ô combien talentueuses, on maintenant accueillir Vagabond qui va essayer de rentrer à cinq sur l’étroite scène de l’International.

Bon, ça va être dur d’être totalement objectif face à un groupe avec qui on buvait des bières quelques heures auparavant et avec qui on est devenus potes, mais on va tenter de vous parler au mieux du combo parisien, dont vous découvrirez l’interview intégrale d’ici peu. Présentation rapide histoire de comprendre mes futurs propos, on retrouve donc dans Vagabond : Elisabeth au chant, Mathieu (guitare/chœurs), Flo (basse/chœurs), Paul (claviers, effets divers/pas chœurs), et Maxence (batterie, également dans les brutaux Bloody Rabbeat). Niveau influences, on retrouve entre autres les Queens of The Stone Age, The Black Motorcycle Club et…Tool dont ils sont grands fans.

Si leur premier EP, tout récemment sorti, Hiraeth (on proposera un enregistrement d’Elisabeth qui vous montrera comment le prononcer avec classe), nous avait plus que convaincu, le groupe ayant assez peu d’expérience scénique, il était temps de voir ce qu’il avait dans le ventre et comment il allait retranscrire tout ça en live, live qui commence par cette bizarrerie qu’est « Winston », discours de l’homme, qu’ils admirent, sur rythme électro, première démo du groupe qui leur permet de se mettre en place avant de passer aux hostilités et de présenter des titres d’Hiraeth, qui débutent par les premières notes de clavier de « Naked Ground » sur lesquelles viennent se poser la voix suave d’Elisabeth, digne d’un film de David Lynch, voire de Jim Jarmusch, ou d’une série comme Mad Men accompagnée d’une rythmique entêtante. On ferme les yeux, et on imagine facilement un film des années 60 mais totalement modernisé, le charme agit rapidement. Mais si dans The Mirrors Sarah est majoritairement toute en puissance, Elisabeth est bien moins explosive sur scène, sa voix vous enveloppe et ne vous lâche plus, tantôt totalement mise en avant, tantôt plus en retrait pour mieux nous faire apprécier l’instrumental (« The Hankering »). Ces variations nous permettent au passage de saluer le travail de l’ingé son qui aura fait un super boulot ce soir, rendant pleinement justice à tous les musiciens (qu’il n’hésite pas à aller donner des conseils à certains ingés son du Glazart…).

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Une voix délicieuse donc, qui parfois nous fera même penser à celle de Melany Parsonz (Royal Thunder), et même, après réflexion, on retrouvera dans le son entier du groupe des éléments du groupe d’Atlanta, voire de True Widow,  pour notre plus grand plaisir. Alors oui, ça joue super bien, les cinq Vagabond(s) sont super pros et on aurait du mal à dire qu’ils n’ont que quelques concerts dans les pattes tant scéniquement ils semblent à l’aise, mais ce n’est pas tout, et ce sera probablement une des choses qu’on aura le plaisir de remarquer chez les trois groupes de ce soir, c’est la complicité et l’amitié qui existe entre les membres des trois formations.

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Dans le cas de Vagabond, ils sont potes et hyper complices avec une addition de caractères très différents très complémentaires (on pense notamment au t-shirt Totorro de Paul) qui rend le tout extrêmement cohérent, pour pondre des morceaux bien pêchus comme plus « pop » à l’image d’un « missing heart » qui fera la part belle aux chœurs. Hiraeth, comme on l’a dit, est un fort bel EP à écouter chez soi, mais comme pour The Mirrors, c’est sur scène et dans la magie des petites salles comme ce soir qu’on le déguste de la plus belle des manières,  où règne une grande proximité avec le public (Elisabeth n’hésitera d’ailleurs pas à venir chanter dans le pit), on a hâte de pouvoir entendre à nouveau les morceaux non présents sur l’EP.

Cette soirée nous aura fait un bien fou, loin du public excité de nos concerts habituels, on aura pris le temps d’apprécier, de nous poser, avec le plaisir d’avoir à la fois écouté et surtout rencontré des musiciens bourrés de talent et surtout hyper attachants. Et si d’habitude on aime garder une distance certaine avec les artistes, préférant rester dans l’ombre pour shooter et écrire, souvent trop timides d’ailleurs pour aller à leur rencontre, on ne peut nier qu’on aura adoré rompre nos habitudes ce soir grâce à The Mirrors, Vagabond et Bassem. Alors on tient particulièrement à vous remercier Sarah, Elisabeth, Corentin, Mathieu, Flo, Paul, Maxence, Bassem et Medhi (j’espère n’avoir oublié personne) mais également évidemment Burning Waves Production et l’International qui nous permettent de découvrir ce genre d’artistes si précieux et prometteurs.

Texte : Mats.

Photos : Mel & Mats.

Liens utiles :

Bassem :

The Mirrors :

https://themirrorsband.bandcamp.com/

https://www.youtube.com/user/TheMirrorsBand

Vagabond :

https://wearevagabond.bandcamp.com/

 

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