
Cette année, le Download Festival s’est invité à Paris, mais ce n’est malheureusement pas le cas du Slam Dunk Festival. 2016 marquait le dixième anniversaire du festival, et proposait une affiche que l’on n’aurait ratée pour rien au monde. Du coup, pas le choix, The Unchained a pris son sac à dos, et est parti en expédition jusque Birmingham pour y assister. Même pas peur !
Les plusieurs heures de queue de la veille à Leeds nous avaient un peu inquiétées, mais heureusement, aujourd’hui les choses vont beaucoup plus vite. Nous sommes nous trompés d’endroit ? Le fait de nous trouver en compagnie d’un groupe de cosplays de Mario nous fait nous poser la question, mais très vite, nous sommes rejoins par un groupe d’emokids et d’un sosie de Olie Sykes. Aucun doute, c’est bien là, et nous entrons à temps pour les premiers sets.
La journée commence avec un dilemme de taille : Coldrain et The One Hundred jouent en premier, et en même temps. Notre choix était donc le suivant : commencer avec coldrain (dont le set était cinq minutes plus tôt), et faire des aller-retours entre les deux scènes. Seulement, 13h30 sonnent et les Japonais, pourtant présents sur scène, ne jouent toujours pas. Ils courent dans tous les sens, branchent, débranchent, se concertent : il y a visiblement un problème. Le frontman du groupe nous confie qu’une panne a fait griller une partie du matériel, et qu’ils risquent de ne pas jouer. Dommage, on file voir les Anglais jouer, on reviendra plus tard.
The One Hundred est toujours une valeur sûre. Nous les avions vus aux côtés de Crossfaith à Paris il y a peu, et étions impatients de les revoir de l’autre côté de la Manche. Une nouvelle fois, nous n’avons pas été déçus. Un son carré, leurs morceaux entraînants (dont des nouveaux, à l’instar de “Monster”), efficaces, leurs paroles incisives, dont ce toujours délicieux « WHERE IS YOUR GOD, WHERE IS YOUR SAVIOR? » de “Unleached”, crié par le public, entre deux tabassages dans le pit. De son côté, Jacob, le frontman, sait comment mener le show : il demande à tout le monde de se rapprocher, de se mettre à genoux, puis de sauter, ce qui mettra les fans en effervescence. Cela ne fait aucun doute, c’était l’endroit parfait pour se mettre dans le bain du festival (expression que l’on pourrait prendre au mot, puisque c’est trempés que nous sommes ressortis de la salle. La journée commence bien.


Retour aux choses sérieuses, avec Miss May I sur l’Atlas Stage. Et quand on dit “choses sérieuses”, cela veut dire ouvrir leur show sur “I.H.E”, avec un “Hey Mister” en milieu de set, et “Repentless Chaos” pour clôturer. Ils ont offert au Slam Dunk 35 minutes de pure folie, d’une violence sans nom, de headbangs chevelus, de cognage intensif, si bien que nous avons eu beaucoup de mal à nous décider de nous éclipser pour voir Chunk ! No! Captain Chunk !, car malgré une prestation irréprochable, on avait quand-même espoir de voir jouer les frenchies. Mais en approchant de l’Impericon Stage, on a vite compris que ce ne serait pas possible. Tout le monde s’agglutine devant pour espérer pouvoir entendre jouer le groupe, mais il n’est plus possible de rentrer, la salle est pleine à craquer. Bien joué les gars, mais du coup, nous sommes retournés voir la fin de Miss May I, et nous n’avons pas regretté ce choix.

We Came As Romans font partie de ces groupes qui regorgent de surprises, et surtout en live. Qui, en écoutant leurs albums studio aux accents pop, imaginerait que l’un des deux chanteurs sauterait dans la fosse en headwalking puis slamerait sur “Regenerate” ? Ou qu’ils fassent un wall of death ? Peu de gens. Ils ont réalisé ce qui était certainement l’une des meilleurs performances de l’Atlas Stage, pour ne pas dire du festival. D’abord, une setlist parfaite, constituée de “Regenerate”, “Fade Away”, “Ghosts”, “Who Will Pray?”, “Tracing Back Roots”, “The World I Used To Know”, et “Hope”, pour terminer. Ensuite, une formation qui maîtrise à la perfection son jeu de scène, presque chorégraphié (les guitaristes tournent en même temps, etc), comme son jeu instrumental, sans aucune fausse note ; et enfin un public bien plus que réceptif, et a rarement autant participé de la journée. Une réussite, donc.

Sans nous attendre à grand chose, nous sommes allés voir Gnarwolves qui jouaient sur l’Impericon Stage, par curiosité. Découverte totale du groupe sur scène, et ce fut très agréable. L’ambiance était survoltée, et le groupe musicalement intéressant. Du bon punk qui nous ramène à nos jeunes années. La prestation nous a tellement accaparés, que nous n’avons pas vu le temps passer, et avons raté le coche pour voir As It Is. Pas de “Dial Tones” en live pour nous, mais une expérience plutôt sympa.
C’est par hasard que notre chemin a croisé celui de Boston Manor sur la scène Kerrang ! Fresh Blood. De loin, le groupe a l’air d’être un groupe de minets, mais nous tâchons de ne pas faire de délit de faciès, et nous nous faufilons jusqu’à la scène pour écouter ce qui sera notre deuxième bonne découverte à la suite. Apparemment, les garçons ont déjà une fanbase, puisque le public est présent, et certains (ou certaines) se filment devant leur prestation, dansent, et chantent. Leur musique est fraîche et revigorante, pleine de force et d’énergie. De quoi redonner un bon coup de fouet avant de repartir, car Northlane vont déjà commencer, il est donc temps pour nous de rejoindre la scène Atlas.

Performance très sympa pour Northlane, qui mettent le feu dès l’introduction, avec “Dispossession”. Cette ouverture nous rassure un peu quant à la suite des festivités, car nous avions été un peu déçus par le tournant récent du groupe. Heureusement la setlist a fait la belle part à leurs anciens morceaux, et tant mieux. C’est un set réussi pour le groupe, qui a joué devant une salle bien remplie, et visiblement satisfaite. On croisera même Tim, guitariste de The One Hundred, parmi le public.

La bataille des scènes continue, puisque Heart of a Coward jouent en même temps sur l’Impericon Stage, et nous sommes curieux de les entendre. Le groupe offre un concert carré, et bien lourd, mais pas très original, en fin de compte. On se tape dans le pit, ou plutôt, on se détruit dans le pit, et l’on montre les cornes sur demande du chanteur avec les dernières forces restantes. Ce ne sera pas notre concert préféré de la journée, mais il n’y aura rien à redire pour autant.
Même si ce n’est pas trop le style du webzine, nous nous sommes arrêtés voir Yellowcard sur la scène principale, en espérant entendre “For You and Your Denial”. Raté. La salle est pleine à craquer, et nous sommes arrivés vraiment sur la fin. Dommage pour nous. Mais le public a l’air ravi, et c’est l’important.
Notre passage à la Desperados Stage pour voir Capdown sera trop court pour en dire réellement quelque chose, mais en quelques minutes, le groupe aura su capter notre attention, notamment grâce à l’intégration inattendue d’un saxophone dans leurs musiques, pour un rendu vraiment sympa. Chapeau bas.

Nous arrivons à temps pour voir The Amity Affliction débuter sur “I Bring The Weather With Me”. Chanson qui donnera d’emblée la température du set : pas forcément très violent, mais d’une grande force. “Pittsburgh”, bien évidemment, sera de la partie, pour un grand moment de cohésion avec la foule où le refrain est repris par tous, les bras levés au ciel. Un moment vraiment prenant. Certains diront même que leur prestation fût l’une des meilleures du groupe depuis un moment. Pour nous, c’était une première mais sans doute le début d’une longue série, si le rendu est chaque fois semblable à cette petite demi heure.
Dans notre esprit, avant de les voir, Hacktivist, c’était un peu tout ou rien. Et pour le coup, c’était tout. De l’excès total. A peine arrivés dans la salle, on y trouve un gars qui a grimpé en haut du poteau central de la salle, un pit, le frontman qui crie ‘Fuck Cameron’, et le public qui lève son majeur au ciel… Et cinq minutes après, l’excès inverse : une balade, et tout le monde lève son briquet. Musicalement, c’est pareil, on aime ou on n’aime pas. Dans le même genre, on préfère The One Hundred, ou Enter Shikari (dont le chanteur Rou Reynolds fera une apparition durant leur concert) mais leur succès ne vient pas de rien, et la salle presque comble devant laquelle ils jouent non plus. Ils sont bons et assurent leur show comme il faut. On apprécie.
Sur le chemin, on croise With Confidence, qui jouent leur tube “We’ll be okay”. C’est frais, jeune, entraînant, et le public se laisse aller au rythme popish des garçons, qui donne envie de danser. A côté du metalcore, cette escapade se présente comme une petite pause sympathique pour les oreilles.
Retour donc dans le métal, avec Memphis May Fire. C’est à coups de “No Ordinary Love”, “Miles Away”, “The Sinner”, “Vices”, ou encore “Legacy” que le groupe enflamme la salle. La formation offre un travail vraiment propre, qui en met plein les oreilles, et déchaîne les passions de leurs fans amassés sur les premiers rangs, poings levés. C’est vrai que du metalcore, de la brutalité, on en a mangé pas mal depuis le début de l’après-midi, et alors que nous pourrions nous en lasser, la qualité du set nous encourage à rester. Matty Mullins est décidément un chanteur et frontman hors pair, qui connait exactement son travail, et les attentes de ses fans. Il mène la dance avec une facilité déconcertante. Si Memphis May Fire, aujourd’hui, c’est la scène Atlas qui aura été embrasée.

En passant de l’Atlas Stage à l’Impericon, on prend le temps de s’arrêter devant la prestation de New Years Day qui fait carton plein. Le Fresh Blood Stage n’a jamais été si rempli. On écoute leur concert jusque derrière les barrières qui délimitent la fosse, tant nous sommes nombreux. Il n’y a pas tellement de mouvement dans le public, mais tous sont attentifs. Le groupe est très bon et il est vrai que, même si nous ne l’avions pas réalisé plus tôt, un peu de féminité dans cette atmosphère très masculine, ça ne fait pas de mal, finalement !


Cancer Bats de leur côté donnent un set de punk hardcore bien sale comme il faut. On se bat, se bouscule, on crie, dans un dernier effort. On se demande encore comment les gens font pour tenir debout. Le chanteur s’en étonne aussi, et remercie l’audience de ce courage : “Je sais que ça a été une longue journée, que vous avez passé votre temps à boire des bières et fumer des joins, du coup je vous remercie d’être venus nous voir !”. La prestation est bonne, mais aurait peut-être méritée d’être placée un peu plus tôt, car ne pas pouvoir se mettre entièrement dans l’ambiance biaise un peu notre expérience. De toute évidence, ce n’était pas notre groupe favori de la programmation, mais quand bien même.
Après tout un après-midi à les attendre, Of Mice and Men fait enfin son entrée sur l’Atlas Stage. C’est parti pour une heure de show à s’en prendre plein la vue, et plein les oreilles. Son et lumières. Et ils ne lésinent pas sur les jets de fumée, spectaculaires, qui nous font comprendre que c’est maintenant que les choses sérieuses se passent. Le groupe est visiblement aussi heureux que nous d’être là, aux vues des sourires qu’ils affichent sans aucune honte. Ils ont l’air d’enfants qui s’amusent, comme lorsque deux d’entre eux s’amusent à daber discrètement sur un break. Et finalement, nous n’en sommes pas loin, puisque le frontman déclare ‘Je suis vraiment heureux d’être là. D’ailleurs, dans peu de temps, nous joueront avec un tout petit groupe appelé… Slipknot ! Je les écoutais lorsque j’avais 14 ans, c’est fou’. Et de fait, ils ont parcouru du chemin, et nous nous sentons comme des petites souris devant les grands hommes qu’ils sont devenus. Et malgré tout, ils restent d’une humilité folle, ce qui est appréciable. C’est donc d’un plaisir partagé que l’on s’explose les cervicales, ou que l’on chante sur les habilement choisies “Bones Exposed”, “Feels Like Forever”, “Glass Hearts”, “Broken Generation”, “You Make Me Sick”, “Would You Still Be There”, ou encore “The Depths”, joués sans accro, comme sortis directement du disque enregistré en studio. Of Mice and Men sont brillants, mais cela ne faisait aucun doute avant même de les voir.
Il y a parfois des sacrifices à faire dans un festival, et les derniers concerts en sont toujours. Quitter Of Mice and Men pour arriver à voir la fin de Panic! en sera un énorme. Pourtant, aucun regret. Nous arrivons sur la fin, Brendon Urie a déjà fait tomber le T-shirt, et interprète “Nine In The Afternoon”, reprise par une Main Stage pleine. Le chanteur plaisante ensuite ‘la chanson suivante, on l’a composée dans les loges’, avant d’entonner “Bohemian Rhapsody”, qui créé l’euphorie dans la salle. On termine sur un morceau ‘que beaucoup de gens oublient que c’est [leur] groupe qui l’a écrite, à savoir “I Write Sins, not Tragedies”, pour le plus grand bonheur des fans de la première heure. Le Bonheur, c’est vraiment le mot qui convient à décrire l’atmosphère du Main Stage en cette fin de soirée. Les sourires sont sur tous les visages, et l’on chante gaiement des titres qui appartiennent aux belles années de nos vies. C’est une jolie conclusion, couronnée d’un très beau jeu de flammes sur scène, pour nous émerveiller encore plus.

Sur le départ, nous tombons sur la dernière chanson, et le rappel de The Story So Far qui, contre toute attente, font pas mal de concurrence aux autres ‘têtes d’affiche’ du festival, tant ils rassemblent de monde. Malgré tout, les fans abandonnent l’idée d’un rappel, et la scène se vide de moitié presque lorsque nous arrivons. Après avoir été sollicités quelques minutes, les musiciens reprennent leurs instruments en main, et nous offrent quelques chansons supplémentaires. Les derniers courageux trouveront encore la force de crowdsurfer, quitte à se faire virer par les vigiles pour avoir recommencé plusieurs fois. C’est frais, c’est bon enfant, et le public en repart avec le sourire.

Il est à présent 22h55, et nous n’arrivons vraiment pas à partir. Par chance, il reste quelques minutes du DJ set de Shikari. Comme nous sommes gourmands, nous y courrons. Des projecteurs balayent la petite scène en plein air sur laquelle danse Rou, tandis que les autres chantent et incitent à faire la fête. Les fans font le signe du groupe avec leurs mains, et entonnent les morceaux avec eux. Une dernière dose de bonne humeur et de joie avant de partir, et une excellente transition avec l’after-party pour ceux qui restent.

Cette première expérience de Slam Dunk Festival aura donc été intense. Un véritable marathon, tant physiquement parlant, qu’à travers les musiques qui ont rythmées nos vies (ou nos adolescences) jusque là. La programmation était d’une grande qualité, et mis à part le problème technique de coldrain, nous n’avons pas rencontré tellement de déceptions. Cependant, les festivaliers n’ont pas été respectueux de la propreté (le sol était jonché de déchets), et bien que cela n’ait rien à voir avec la musique, nous tenions quand même à le dire. Mis à part ça, nous en gardons un excellent souvenir, et espérons retenter ce périple l’année prochaine.

Texte et photos : Aurélie Renault
Laisser un commentaire