THE GAZETTE @ ZENITH, PARIS, FR – 03/06/2016

Vendredi 3 juin, le Zénith de Paris a été le théâtre d’un spectacle donné par la troupe de The Gazette, en tournée européenne, deux ans après leur passage au Trianon. Et comme pour toute pièce, pas de première partie.

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Pour comprendre un concert de The GazettE, ou apprécier un show de visual kei en général, il faut souvent le replacer dans le contexte dans lequel ils ont évolué. The GazettE est originaire du Japon, pays du kabuki, où tous les personnages, y compris les féminins, étaient interprétés par des hommes. Ça, et l’importance donnée au glam ou aux artistes comme David Bowie, expliquent la place de l’apparence, et l’importance du maquillage et de l’habillement sous les projecteurs, mais aussi tout l’aspect scénique, de mise en scène, de chaque prestation. Partant de là, la situation initiale est la suivante : les spectateurs d’un côté, les artistes de l’autre, chacun à sa place. Le fait que la fosse soit réservée aux VIP, qui ont payé 150€ pour être au plus près des musiciens, tandis que le “petit peuple” se voit contenu dans les gradins, par des chaînes et des vigiles, n’étonne plus. C’est comme au théâtre, après tout. La disposition scénique ne discrédite pas non plus la métaphore : un petit ampli est planté comme un élément de décor d’un spectacle, de façon presque absurde, mais l’on devine que ce ne sera pas sans intérêt.
Le concert débute, et dès l’introduction de “Dogma”, nous en prenons plein les yeux et les oreilles. Le choix des lumières est millimétré, et des projecteurs prennent soin d’indiquer chaque fois où se passe l’action à regarder, si bien que l’on ne voit pas le staff qui s’affaire dans le noir à déplacer les instruments comme sur “Omnious” où les premières notes se feront à la guitare sèche. Leur attitude scénique également est calibrée au millimètre près. Les garçons, maquillés et lookés, exécutent des gestes presque chorégraphiés, exagérés. Musicalement, c’est le même scénario. Il n’y a pas une note de trop, pas besoin de souffleur, sinon le public qui crie les paroles. Côté setlist, le groupe a concocté un habile dialogue entre ses différents succès, en mettant cependant l’accent sur ses derniers succès. La présence de “Venomous Spider’s Web” et “Suicide Circus” notamment auront son petit effet. Mais si les l’ambiance est présente, jusqu’au fond des gradins sur lesquels tout le monde est debout, à headbanguer, les péripéties restent convenues.
Mais tout ça, c’est avant que le climax ne soit atteint. Tout à coup, sur “Undying”, les barrières qui séparent les gradins de la fosse sont ouvertes. C’est  l’hécatombe, tant sur celle-ci que sur “Filth In The Beauty” qui la succède. Quelques fans se ruent dans l’orchestre, et pour la première fois depuis le début de la soirée, un pit se forme. Pas bien grand, certes, mais suffisamment pour que le groupe le repère et ont l’air de laisser tomber leurs masques pour les gratifier de signes de cornes ciblés. Le rappel se fait attendre, mais l’on comprend vite pourquoi : durant l’entracte, le groupe a quitté ses costumes pour des T-shirts à leur effigie, et l’on retrouve les humains derrière les personnages. Ils font des monologues de remerciements, mais ce calme n’est là que pour que le show puisse repartir ensuite de plus belle. Un peu trop, d’ailleurs, puisqu’un coup un peu brusque fait tomber quelqu’un à terre, ce qui fera un peu chuter l’ambiance du pogo. “Hyena”, “Cockroach”, et “Tomorrow Never Dies” termineront en beauté le set, avant que l’on en arrive à une situation de plénitude, puis le salut final, mains jointes, des acteurs de cette soirée.
Au final, et comme pour toute pièce de théâtre, bien que le script soit appréciable tout du long, le retournement de situation et le tableau final auront su davantage capter notre attention et nous garder en haleine que le début du premier acte un peu trop scénarisé pour nous. Merci à Torpedo Productions pour cette soirée étonnante.
Texte : Aurélie Renault

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