
Il y a des groupes qui débarquent de nul part, chantent dans une langue dont tu ne comprends strictement rien, mais qui font l’effet d’un blizzard autant live que sur disque, font le ménage sur toute la scène actuelle, et ça tu ne t’y attendais pas. Tu sais de qui je parle bien sur: Kvelertak ! On ne revient pas sur ce coup de pied qu’ils ont foutu dans la fourmilière en 2010, non plus sur ce deuxième opus bien punk intitulé Meir et qui continuait de balancer ce maelström d’électricité en tous genres sans oublier les hymnes qui font frissonner la moustache (“Kvelertak”).
Nattersferd, ce troisième album vient de sortir chez Roadrunner Records la grosse machine. A-t-on toujours ces riffs à trois grattes et un Erlend toujours aussi gueulard ? C’est la question que tous les fans se posent. Ce groupe m’a balancé cette claque qui arrivait au bon moment lors du premier album et c’était un devoir de vous parler de cette nouvelle galette. A tous les fans de Kvelertak et les autres, n’ayez crainte, ces Norvégiens restent clairement insaisissables.
Pour la pochette de ce vol de nuit ( Nattesferd) ils ont fait appel à un nouvel artiste, décevant ainsi les fans de John Baizley qui attendaient un nouveau visuel de l’artiste, mais la chouette, totem du groupe, est bel et bien présente et regarde vers l’horizon. La collaboration avec Arik Roper présente un nouveau visage sans jouer non plus dans la complète défiguration. Des couleurs plus froides, un personnage sombre dans ces montagnes norvégiennes… Un message ? Peut-être juste que le groupe continue à avancer sur une nouvelle voie même si tout le monde attend ces titres défouloirs qui ont fait le succès du groupe….. Assez bavasser, prenons ce vol de nuit qui, vous le verrez, porte bien son titre….
La tornade punkoblackohardcoremetal est toujours vivace et “Ddendrofil For Yggdrasil” le confirme. Le titre livre ce nouvel opus mais apporte une tendance plus Black Metal qui se veut plus prédominante sur ce titre. De la double et la voix d’Erlend qui font plaisir à entendre. C’est saturé et on rentre dedans, mais on a vite parlé car Kvelertak prend plaisir à étonner dès le début. Cette hydre sous son ensemble protéiforme gère toujours autant ses multiples influences, changement de rythme, la mélodie qui prend le dessus et une touche heavy à fond qui oublie complètement l’intro du titre. On passe à autre chose mais on reste chez Kvelertak. Le groupe confirme sa tendance à vouloir un peu autre chose et laisser parler la mélodie qu’ils savent si bien composer. On commençait à le sentir sur Meir et et ça se confirme sur Nattesferd. Le visage heavy de Kvelertak fait parler de lui et va prendre le dessus avec flagrance sur les autres personnalités de cette entité. On retrouve les vieilles recettes qu’on aime tous mais à la sauce de Stavanger, les compositions et les mélodies se complexifient, se superposent dans une touche plus Rock que Black mais ce n’est pas tout.
“1985”, premier extrait qui a été dévoilé par le groupe, étonnait par sa structure et son côté heavy à la Van Halen par moments, mais la surprise est là car après le choc de l’inattendu, le titre accroche et devient un hymne à part entière. C’est une envie de mélodie très flagrante qu’on ressent au fil de titres, comme si c’était maintenant au tour de guitaristes de s’éclater. Des intros qui dépasse aisément les 2 minutes et des structures qui allient la technique et l’éclate sur des titres qui dépassent allègrement les 5 minutes. Une touche Van Halen très forte sur “1985”, et un”Nattesferd” et “Ondskapens Galakse” sur une base classic-rock mais revisitée à la sauce norvégienne. Tout en n’oubliant pas un “Heksebrann” qui révèle des surprise à chaque écoute.
Les rythmes sont, certes, plus lents mais sans être plus légers, et la mélodie prend de l’ampleur dans un côté plus mature qui ressort de certains titres sans pour autant calmer le jeu. Cette liberté propre au groupe est toujours aussi vivace. Erlend calme le jeu au niveau des cris qui s’incorporent aux compositions tel un instrument parmi d’autres, mais ressort quand-même quand le rythme et la frénésie reprennent le dessus avec le bien crust et rock n’ roll “Bronsegud”. c’est comme si Elvis pogottait avec les Ramones. Heavy, punk et rock n’roll toujours aussi musclé, ainsi soit-il. Ou bien ce bon vieux black metal avec “Berserk”. Ils font toujours ce qu’ils veulent et cet album respire toujours la liberté qu’est la leur. C’est une grande bouffée qu’on prend, différente mais toujours avec leur patte particulière.
Cet autre visage présenté par le groupe confirme son talent à continuer d’explorer ce qui fait son identité, c’est-à-dire toutes ces personnalités qui s’embrigadent et se croisent dans ce maelstrom qui ne doit pas être souvent calme… On parlait de liberté, c’est ce qui plane sur Nattesferd, ce vol de nuit se fait en toute quiétude et, sans se soucier d’où on va. Le titre qui le résume au mieux c’est tout simplement “Heksebran”, un bijou d’une douceur mélodique aux chants clairs, et c’est offert par un groupe qui nous avait habitué à de la pure colère. L’intro dure 5 minutes avant de retrouver Erlend, une évolution dans les structures musicales qui s’ajoutent sans s’empiler pour monter crescendo, tout en douceur, mais gardant cette touche qu’est celle de Kvelertak. Un travail d’orfèvre sur trois guitares et ces harmonies travaillées avec brio qui donnent un véritable relief au titre, qui finit sur une guitare acoustique. C’est la force de ce titre, un ensemble de touches personnelles et de mélodies ajoutées sur un titre qui met en avant une certaine plénitude s’amplifiant au fil des minutes. Vous avez compris, c’est le titre le plus réussi à mon humble avis. On n’aurait pas pensé ça d’eux, mais ils l’ont fait.
Au-delà du paraître, Kvelertak montre que le style est une question à laquelle ils attachent vraiment peu d’importance. Ils s’essayent ici sur d’autres terrains qu’ils avaient déjà défrichés auparavant tout en poussant le navire encore plus loin dans ces océans, certes déjà parcourus par d’autres mais pas sur le chemin qu’ils empruntent, eux. Vous l’avez compris, déjà 6 ans et Kvelertak n’a toujours pas perdu de sa superbe car ils continuent d’user de cette liberté créatrice qu’est la leur pour proposer un album, certes, riche en influences qu’il faut digérer, mais ils le font en suivant les chemins qu’ils ont envie de prendre au gré de leurs envies. Ils bousculent toujours les codes établis en allant encore là où on ne les attend même aujourd’hui installés dans le paysages. Dans un sens, c’est un peu ça le rock n’roll, mais certains l’ont oublié à ce que je constate !
Kvelertak, Nattesferd, Roadrunner Records, sorti 13 mai 2016
Texte: Anthony
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